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3,08

sur 192 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel livre étrange que ce Protocole gouvernante ! Une jeune fille se fait engagée comme gouvernante pour s'occuper d'Elena, petite-fille de 4 ans. Jusque-là, tout est normal… Sauf que la normalité, ne fait pas partie de l'équation…

On ne sait pas grand-chose de la période pendant laquelle se déroule l'intrigue, et c'est ce qui lui confère un air dystopique. Pour autant, je ne suis pas certaine que ce genre puisse s'appliquer à ce livre. Par contre c'est sans conteste un thriller, assez étrange, qui conduit à une certaine fascination.

Une fascination, non pas par l'intrigue en elle-même, mais par la plume de l'auteur et la narration qu'il a mise en place. le trait de génie, tient à peu de choses mais va donner toute son ampleur à cette intrigue. L'auteur fait le choix d'un lecteur spectateur de ce qui se déroule entre les lignes. En effet, il ne s'adresse pas à nous, mais bien à cette gouvernante, dont on ne sait pas grand-chose. D'une voix lancinante, qui confine à la berceuse, aux litanies, débitées par une voix qui s'immisce en nous… Une voix qui devient notre pensée… Cette voix est la ligne directrice de cette gouvernante. Cette voix, se matérialise sous forme de protocole qu'elle lit, comme un guide, comme un phare dans la tempête qui pourrait se réveiller, si elle déviait de sa route.

Il règne une sensation désagréable d'un drame imminent, une sensation qui colle à la peau, sans que l'auteur n'use de subterfuge. Tout ce fait d'une manière lente, latente, et on attend que l'explosion arrive. On attend le drame. La trame narrative a un effet hypnotique sur nous, alors même que rien de précis ne se passe.

Le rôle de la gouvernante n'est ni facile, ni clairement défini, on le découvre au fil du protocole, la réussite de sa mission réside dans la scrupuleuse application du livret, qu'elle ne quitte jamais même lors d'éventuels déplacements.

Jour après jour, l'étau se resserre sur chacun des membres de cette famille. Tout est calculé, prévu et millimétré. le protocole, doit réussir, puisque la voix-off, propose même des solutions alternatives en anticipant chaque geste, chaque réflexion…

L'auteur ne fournit aucune explication, restant dans le vague, volontairement, pour laisser le lecteur trouver la direction qu'il souhaite prendre. Beaucoup de questions, restent néanmoins en suspens, notamment aucune indication sur le cerveau de ce protocole, mais surtout, sur ce complot qui touche de nombreux autres foyers.

Les genres se confondent allègrement, puisque le thriller côtoie la dystopie, mais on pourrait aussi y déceler une certaine étude sur nos comportements, métro, boulot, dodo… Chaque geste est calculé, chaque pas est pondéré… On est donc facilement manipulable. Une allégorie très intéressante, si on ose la voir sur nos vies et la manipulation dont on fait l'objet, sans jamais chercher à regarder de plus près si les fondations ne sont pas en train de s'écrouler… A l'image du sol qui se gondole et qui prend l'eau, car notre gouvernante, verse de l'eau tous les soirs, dans un simple petit interstice. Une faille et tout dérape, pourtant on reste aveugle…

Je ne sais pas ce que ce livre me laissera comme souvenir, mais je sais en tout cas qu'il ne m'a pas laissé indifférente et qu'une certaine réflexion pointe le bout de son nez dans cet univers où tout semble aseptisé mais qui va basculer…

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D'emblée le vouvoiement intervient, attelé au futur simple. le ton est injonctif. La voix est off. Elle s'adresse à la gouvernante, nouvellement nommée chez une famille bien sous tout rapport d'une banlieue pavillonnaire paisible et cossue. Cette dernière prend ses fonctions et semble devoir suivre à la lettre, le protocole écrit par un certain Lewis, sur un carnet dont elle ne devra jamais se séparer… Elle aura en charge la gestion de la maisonnée et s'occupera particulièrement de la petite Elena, quatre ans.
Au commencement, la singularité de la construction narrative déstabilise le lecteur mais très vite, ce « vous » pénètre en lui. Il devient spectateur du drame qui est en train de se nouer. Il lit le protocole en même temps que la gouvernante, et entre ainsi dans une troublante complicité. Car ce qui se trame est nébuleux et d'une lenteur calculée. La tension narrative monte crescendo. Au fur et à mesure, la gouvernante s'insinue dans la vie familiale, se rend indispensable, devient la confidente de la femme, la maîtresse de l'homme, lit toujours le même livre à Elena – Contes de la forêt -, on l'invite au restaurant, la consulte sur d'éventuels placements bancaires… Chaque jour, sans qu'on la voie la gouvernante verse de l'eau dans un interstice du plancher de l'entrée. Chaque jour, il se gondole davantage, et doucement elle prend l'ascendant sur les membres de la famille. On assiste, impuissant à la manipulation – ou plutôt à la double manipulation -, car la gouvernante ne fait qu'obéir, tel un pantin, aux ordres de Lewis. Qui infuse, on l'apprend assez tard, le protocole à la ville entière. L'entreprise n'est pas isolée, mais d'une grande ampleur…
Thriller, dystopie, roman social, difficile de mettre ce livre dans une case. Et en le refermant, la sensation d'oppression s'estompe péniblement. Les vies étriquées, les esprits étroits, à l'image de ces maisons identiques, serrées, alignés, les prévisibilités des gens, la petite mécanique d'un bonheur fictif amènent à la réflexion.
Un premier roman très réussi. Saisissant, déroutant et intelligent.
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Livre étonnant, on est loin des clichés habituels de nos lectures : famille, amour, divorce, mal être, écologie, policier policé, thriller plus sanguinolent les uns des autres ...... . Ici un simple mode d'emploi lu, un protocole que suit à la lettre la gouvernante nounou arrivée dans une famille bourgeoise d'une petite ville sympathique . On avance avec elle dans les descriptions de la mise en place d'une destruction programmée par un groupe de motards aussi mystérieux qu'étrange.
La fin du roman ne donne pas la solution à nos questions récurrentes tout le long du roman, qui sont ces gens ? pourquoi font-ils cela ? mais laisse une ouverture pour qu'on réfléchisse à nos vies programmées comme "un protocole citoyen" ce qui déplait ou désarçonne le lecteur qui aime les happy-end ou fin solutionnée.
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Dans une société qui semble dystopique mais guère éloignée de la notre, l'histoire du Protocole est contée par un narrateur qui dicte un scénario très bien orchestré, à une jeune femme. Tout a été analysé, cadencé, et pour que sa mission soit menée à bien, il faut qu'elle en suive fidèlement chaque mot et chaque tempo. le rythme est important, essentiel. Celui qui guide ses pas et qui nous invite à les suivre emploie le « vous ». Par ce pronom, il nous associe encore plus à elle… « Vous irez sonner chez eux un mercredi. Au mois de mai. Vous serez bien habillée, avec ce qu'il faut de sérieux dans votre manière d'être peignée. Vous ressentirez un léger picotement dans le bout des doigts. Il vous faudra tourner la tête et projeter votre regard sur le voisinage pour recouvrer votre calme. Ce qui finira par survenir, à la vue des pelouses bien tondues et du soleil qui dessine les contours de chaque chose… ».
La jeune femme suit à la lettre chacune de ses anticipations et lui voue une admiration et une confiance absolue. Dès les premières lignes, on comprend qu'elle a une mission à accomplir et qu'elle n'est qu'un pion sur l'échiquier. Mais le mystère est total.

Elle se présente pour le poste de gouvernante dans une famille aisée pour s'occuper de leur deuxième enfant, une petite fille de cinq ans qui se nomme Elena. le mari et la femme trop pris par leur travail, ont sollicité ses services pour gérer également le quotidien de la maison. Dans une ambiance aseptisée et très conventionnelle, elle est considérée comme un androïde. Elle suit des rituels, doit se faire très discrète, parler quand on lui demande de parler et se tenir à l'écart ; aucune fantaisie. Cette distance prévue par le protocole est une manigance car au fil des jours, son comportement doit changer. Sans trop de hardiesse, elle doit gagner la confiance du couple et créer une complicité. Habilement, une toile se tisse.

Le narrateur pare au moindre détail, même pour les situations qui s'accompagnent d'un « si ». le souffle s'accélère et l'angoisse monte crescendo. Des connivences avec la femme qui s'extériorise de plus en plus, oubliant ses névroses, et qui la convie à regarder une série télévisée avec elle, instaurant ainsi une familiarité anticonformiste… jusqu'à une entente charnelle avec le mari, le protocole mène la jeune fille au terme de ce qu'il doit se passer.

Sur un ton faussement monotone, l'intrigue captivante devient envoûtante lorsqu'on comprend que la jeune femme n'est pas seule à agir et que d'autres personnes larvées un peu partout n'attendent que le signal final pour se manifester. On parle alors de chaos.
L'auteur nous livre une fiction très originale qui glace le sang. Son univers nous rappelle un peu celui de « La servante écarlate » et les temps anarchiques des révolutions. Dystopie, thriller, conte terroriste, il est un futur que nous n'aimerions pas connaître. Nous refermons le roman, songeur…
Un livre surprenant à recommander !
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Ce roman, c'est l'histoire d'un minuscule grain de sable qu'on va ajouter à d'autres minuscules grains de sable, et d'un bel agencement qui va finir pas complètement dérailler... Toutes ces vies parfaites en apparence mais qui vont peu à peu se fissurer... Jusqu'où ?...

Certains passages feront forcément écho à la situation que nous vivons, et j'aurai presque aimé que l'auteur aille à peine plus loin dans l'effondrement et la déstabilisation qu'il imagine... Mais franchement, ça reste un roman très habile au marquant.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Je ne connait pas le style du Protocole des Sages de Sion (qui est un faux).

Je ne sais pas si ce protocole que j'avais entre les mains était un vrai (ou un roman ?).

Mais j'ai aimé découvrir comment cette toute nouvelle gouvernante qui n'a pas grand chose à faire dans la maison à part s'occuper de la petite Elena qu'elle envoie beaucoup dans sa chambre, comment cette gouvernante va commencer par se faire aimer des parents, puis détruire peu à peu leur douce tranquillité.

J'ai aimé le ton du récit à la deuxième personne du pluriel : vous ferez ceci, vous ferez cela ou peut-être pas.

Je me suis demandée pourquoi le chiffre 1 des premiers chapitres était à l'envers !

Je ne peux pas dire que j'ai aimé cette révolution qui brûle tut sur son passage, mais je n'ai pas été étonné de la conclusion de l'auteur : le monde poursuit inexorablement sa course folle, et aucun plan ni protocole ne pourra rien y changer.

Qui plus est, l'auteur pose également une question intéressante : nos vies sont-elles déjà écrites jusqu'au bout ?

L'image que je retiendrai :

Celle du voisin hyper vigilant mais qui ne peut rien arrêter.
Lien : https://alexmotamots.fr/prot..
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Si l'on vous remet entre les mains le « protocole gouvernante », vous saurez ce que vous devez faire. le pourquoi, le pour qui, importe peu, normalement, vous savez, vous avez été formés pour cela dès votre enfance, dans l'ombre, parce que vous êtes différents, parce que vous réfléchissez. Si vous ne comprenez finalement toujours pas le but de cet ouvrage, ouvrez vos esprits. En effet, toutes les clés ne vous seront pas donnés, à vous de les déduire. Pour ce qui est du reste, tout est écrit, vous n'avez qu'à respecter le protocole et tout se passera bien. Vous n'êtes pas seul ! Partout dans le pays, d'autres le découvrent en même temps que vous. L'union et la lecture feront votre force !

Je ne peux guère vous en dire sans risquer de trop vous dévoiler l'intrigue de cet ouvrage. Partez du principe que le narrateur, en utilisant la seconde personne du singulier, s'adresse à vous, particulièrement. Sinon, vous passerez à côté de ce remarquable roman pré-dystopique.

Si d'habitude je n'apprécie pas du tout ce type de narration, ici, je m'en suis délecté ! L'auteur le maîtrise à la perfection !

Si vous avez aimé « La servante écarlate », foncez. Si vous n'êtes pas habitué à ce type de littérature, où tout n'est pas explicite, par contre, vous risquez d'avoir un peu plus de mal.

J'ai lu dans plusieurs critiques qu'il n'y avait pas vraiment de fin, ni de but mais je ne suis pas d'accord. Pour moi, toutes les clés sont là, il suffit de rassembler les nombreux indices.

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Un récit à la seconde personne du pluriel. Un vouvoiement perpétuel. Singularité que je n'avais encore jamais eu le plaisir de croiser lors d'une lecture. C'est déroutant au début, mais on s'y fait. On suit les instructions, on se place à travers la rétine de cette gouvernante recevant ordres d'une entité qui peu à peu prend l'allure d'une personne. Des instructions au début légitimes pour son rôle, et qui peu à peu s'enlisent dans de curieuses demandes.

De l'histoire, il est difficile d'en parler sans révéler la trame principale. Je me contenterais de ceci ; le récit parvient à nous entraîner dans une frénésie de lecture, à vouloir découvrir la nouvelle instruction. Il est difficile de s'arrêter, d'oser poser le livre. Par ailleurs, les descriptions, les recommandations offrent l'impression de lire un script. Il y a tout un aspect cinématographique, également dans les descriptions. Un quelque chose de très visuel. Sorte d'apocalypse esthétique.

Lieu, et temporalité sont absents de ce roman. Un fait déroutant pour certains, mais une absence qui ne m'a pas encombrée à la lecture. J'avoue n'en avoir fait la réflexion qu'à la fin.

Un premier roman étonnant, qui surprendra, ne pourra susciter de demi-mesure émotionnelle. L'un de mes premiers coups de coeur de cette rentrée littéraire.
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J'ai beaucoup aimé ce livre et la façon singulière dont il est écrit. J'ai passé un très bon moment :)
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Surprenant et très bon premier roman. Une écriture au futur, qui narre le protocole suivi par une gouvernante dont le destin perturbant se précise à chaque page; une écriture très visuelle, filmique, qui ne laisse aucun détail au hasard. Prenant.
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