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Critique de dourvach


Beauté de la langue sans pareille de Halldor LAXNESS. Humour et poésie. Art du conteur tragique et amusé. Attention perpétuelle au réel. Amour de ses personnages. Animisme en chaque coin de chaumière, chaque nuage de brume passant sur un marécage...

Né en 1902 près Rejkjavik (Islande, bien sûr...) ; premier roman publié à 17 ans ; écrivain modeste et épique, tout de même... un petit Homère de l'île aux volcans et aux geysers, si l'on veut... Il a reçu le Prix Nobel de littérature en 1955. Son oeuvre la plus célèbre est le roman (en trois parties) "La Cloche d'Islande".

Il disparut en 1998, dans l'appauvrissement progressif d'une maladie dévastatrice (dite "d'Alzheimer"), lui, le conteur à la mémoire simenonienne sans pareille...

"Gens indépendants", donc. 1934-1935.

Poésie de la pluie.
Poésie de ces vies des gens frustres, éleveurs livrés à la solitude... solidaires, tout de même... Pauvres et solitaires à crever.
Poésie de ces brebis qu'on entend bêler dans les prairies marécageuses. Poésie des sorcières enterrées sous les pierres, sous les mamelons oubliés... Poésie des femmes qui entendent mugir le vent quand la nuit tombe sur les couvertures de chaumes.

C'est magnifique. C'est "long" mais jamais lassant...

Rendre hommage encore à la beauté d'une transition poétique vers le français inventée par le grand Régis BOYER... Comme "Les Oiseaux" de Tarjei VESAAS, "Gens indépendants" d'Halldor LAXNESS est magnifiquement traduit... Et l'on ne remerciera jamais cet homme-là, universitaire enseignant les langues nordiques, au goût toujours si sûr, ce passeur entre nos mondes repus et "ces mondes-là" enfouis... si heureusement "inactuels"... évidemment bien loin de l'insignifiance du "NON-littéraire le plus agressif" qui nous semble aujourd'hui de tempérament hégémonique.

Ici, jamais un cliché, jamais une de ces expressions toutes faites peuplant aujourd'hui tant de bouquins pitoyablement écrits, toujours "sous la pression amicale" (chronométrée) de l'éditeur, peuplés de clichetons —évidemment par "simple" et pure feignasserie...

C'est que ce type-là (tout comme son traducteur) était d'une exigence qu'on n'imagine plus... Allons, assumons, assumons ici notre "C'était mieux avant !" favori...

La langue s' y invente, s'y déploie — et touche juste — à chaque phrase...

"Savoir" psychologique intuitif sur l'humain et empathie naturelle, comme venue "des profondeurs" (On pense d'ailleurs à ce qu'en ont dit Sigmund Freud puis Gustav Jung : les "motivations secrètes" des personnages se révèlent, s'épanouissent au fil du récit telles des algues dans l'océan... ).

Quatre parties : "Colonisateur de l'Islande"/ "Libre de dettes" / Temps difficiles" / "Années de prospérité".

Proche de l'art romanesque (sobrement lyrique et enchanteur) de Knut HAMSUN, le Norvégien...

Mais aujourd'hui, QUI se souvient de Halldor LAXNESS ? (... et plutôt pas de David F., le chouchou de ces dames...). Garantissons que lui n'avait nul besoin de se torturer les méninges avant de faire (si besogneusement) son malin en intitulant son premier roman "Le potentiel érotique de ma femme"... Un autre monde, sûrement, existait en son île-aux-Sagas ! Loin d'un triste hexagone se rêvant toujours Nombril du Monde "littéraire"... [Ach, gross Riggolaâddd !!! :-)]
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