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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Lu dans le cadre du Challenge Nobel.

Considéré comme le chef-d'oeuvre de Laxness, prix Nobel en 1955, La cloche d'Islande est aussi un monument de la littérature islandaise.
L'Islande est un Etat indépendant depuis 1944 seulement, après des siècles de domination danoise. Mais l'Islande a d'abord été libre, depuis sa découverte au 8ème siècle. Elle peut se targuer d'avoir fondé l'Althing, le premier parlement d'Europe, en 930 ap. JC, sur le site de Thingvellir. Il s'agissait à l'époque d'une assemblée annuelle des chefs de clan locaux, qui décidait des lois et rendait la justice.
Il est beaucoup question de justice et de Thingvellir dans le roman de Laxness. Ecrit aux environs de 1945, au moment où se décidait l'indépendance du pays, il se déroule au début du 18ème siècle. A cette époque, le Danemark s'est octroyé une sorte d'exclusivité sur les produits islandais. En fait d'exclusivité, il s'agit surtout d'un pillage organisé des ressources du pays (poisson, graisse de baleine,…), et de l'interdiction faite aux Islandais de commercer avec tout marchand qui ne serait pas Danois. Bref, c'est la métropole qui exploite sans vergogne sa colonie, sans même lui laisser de quoi subsister. L'Islande est dans une misère noire, famines et épidémies se succèdent. On coupe des mains pour un bout de corde volée : « Le junker suivit Ture Narvesen jusqu'à la soue à porcs. On gardait là les bêtes qui, seules de toutes les créatures, vivaient dans le bien-être et l'honneur en Islande […] Parfois, par miséricorde, les croquants obtenaient la permission de contempler ces bêtes merveilleuses à travers un grillage et ils en avaient la nausée, d'autant que ces animaux, par leur couleur, ressemblaient à des hommes nus, avec une chair de gens riches, et de plus, vous regardaient avec des yeux raisonnables de pauvres ».

C'est dans ce contexte que l'auteur nous narre les aventures et mésaventures de Jon Hreggvidsson, fermier misérable et voleur, qui aurait tué le bourreau du roi. Témoignages et accusations farfelus, procès sans queue ni tête, c'est ainsi que commence un imbroglio pseudo-juridique comme seules les sagas islandaises peuvent en produire. Parce que cette banale affaire criminelle aura en réalité des répercussions politiques pendant 20 ans, jusqu'à envisager la vente du pays à l'Empire germanique.
Mis à part le burlesque et tragi-comique Jon Hreggvidsson, deux autres personnages jouent un rôle principal dans cette épopée : Snaefrid, jeune femme surnommée la Vierge claire, ou Soleil d'Islande, fille du gouverneur qui a condamné à mort le bandit Jon Hreggvidsson. Elle est la maîtresse plus ou moins avouée d'Arnas Arnaeus, Islandais mais envoyé par le roi du Danemark pour récolter à travers le pays tous les écrits relatant les mythes et légendes anciens. Ces deux-là vont se perdre pendant des années dans les jeux troubles de la politique, dans la séduction et la manipulation, la première pour restaurer la réputation bafouée de son père, l'autre dans le but de soulager son peuple du joug danois.

C'est un peu compliqué à suivre, écrit dans un style désuet, presque médiéval (et on sait justement que la langue islandaise a peu évolué depuis ses origines), avec des dialogues parfois trop elliptiques pour qu'un non-initié comme moi s'y retrouve. On comprend pourtant très bien que Laxness veut montrer que les Islandais sont un peuple fier, irréductible, imprégné d'une tradition littéraire remontant au-delà de bien des dynasties continentales. Avec humour et ironie, il décrit aussi ses compatriotes comme bigots, ou braillards, ivrognes, ignares et, s'il n'est pas tendre avec certains simulacres de justice locale, il est autrement féroce quand il s'agit de brocarder les Danois.
Malgré les nombreuses références à la géographie locale, ce roman n'est pas qu'une histoire d'Islandais écrite par un Islandais pour les Islandais (ou les Danois). Laxness a voulu montrer au reste du monde que son pays existe et qu'il mérite le respect, notamment parce qu'il est l'un des berceaux du parlementarisme, et parce qu'il a su préserver une tradition littéraire presque millénaire.
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