Cette anthologie donne une idée des trésors de la plus grande poésie jamais écrite, et l'éternel regret de ne pas pouvoir la lire et l'entendre dans sa langue originale.
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Voici venu le zéphyr, la plaine est un paradis,
avril a dans les jardins mis un tapis de brocart.
Musc et girofle se mêlent à la senteur des jacinthes,
et la brise porte au vin un message de la rose.
Les eaux bleuissent pareilles au miroir que l'on polit,
l'odeur du santal s'épand rafraîchie avec du vin.
La tourterelle sous l'orme, le merle sur l'églantier,
le pinson dans le jasmin entonnent leurs mélodies.
Le mont s'est fait d'émeraude et constellé de corail :
le prestidigitateur reste ébahi devant lui.
La nue venue du désert, telle la robe des moines,
porte en son centre l'éclair comme une croix de corail.
L'antilope se promène, dresse la tête et s'élance
tantôt vers les monts tantôt vers la plaine et les vergers.
Patience, me dit-on, la patience portera ses fruits :
elle les portera sans doute dans une seconde vie,
Car j'ai passé ma vie entière à patienter
et pour en récolter les fruits il m'en faudrait une autre.
Gallimard, 1964.
La rose est un bonheur que nous envoie le Paradis ;
le présent d'une rose est le don le plus généreux.
O toi qui te défais de tes roses pour de l'argent,
à quel bien plus précieux prétends-tu donc, marchand de roses ?
La rose à deux couleurs
Regarde bien la rose à deux couleurs :
c'est une perle sous la cornaline
Ou deux amants dans leur retraite
visage sur visage.