Avant de perdre connaissance, elle s'était demandé combien de femmes à travers l'Histoire avaient fini leur vie avec la même vision : l'homme qu'elles avaient épousé, penché sur elles, le visage déformé, en train de les étrangler.
Cette zone résidentielle était une prison pour femmes sans barreaux, les femmes y étaient retenues par leur amour et leur devoir envers leurs enfants.
(Actes Sud, p.131)
La corpulence de Malte rendait la moto minuscule, comme Godzilla chevauchant un poney.
Avant de perdre connaissance, elle s'était demandée combien de femmes à travers l'histoire avaient fini leur vie avec la même vision : l'homme qu'elles avaient épousé, penché sur elles, le visage déformé, en train de les étrangler.
Elle avait promis de l'aimer pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort les sépare - et elle avait l'intention de tenir cette promesse.
Aimer ensemble quelqu'un, c'est comme s'aimer, avait-elle l'habitude de se dire.
Tommy ronflait bruyamment. Ingrid posa ses pieds nus sur le parquet, rajusta sa chemise de nuit et se leva. À pas lents, elle quitta la chambre et descendit au rez-de-chaussée. Elle prit le manteau de Tommy, la trousse à couture et s’enferma aux toilettes. Elle se dépêcha de défaire les points qu’elle avait cousus le soir précédent et glissa la main dans la doublure. Elle en sortit le dictaphone, son voyant était vert. Il continuait d’enregistrer. Elle l’arrêta, vérifia qu’il était éteint et soupira.
Ingrid refoula l’envie d’écouter tout de suite son contenu. Elle commença par recoudre le tissu, sortir des toilettes et raccrocher le manteau.
Elle glissa le dictaphone dans la poche de son blouson et alla boire un verre d’eau à la cuisine. Dans quelques heures, Tommy allait participer au journal télévisé du matin, et Lovisa serait partie jouer chez une copine. Alors, elle aurait le temps d’écouter l’enregistrement. Elle avait peine à se retenir.
Même avec une brillante intelligence, toute mauvaise action n'est réussie parfaitement. Le crime parfait n'existe pas.
Avant de perdre connaissance, elle s'était demandé combien de femmes à travers l'histoire avaient fini leur vie avec la même vision : l'homme qu'elles avaient épousé, penché sur elles, le visage déformé, en train de les étrangler. [...] Elle s'était promis de ne pas être une de ces femmes.
Ingrid Stein
Les couteaux luisaient , alignés parmi la vaisselle propre. Elle enfila ses gants fins , en choisit un grand fin, bien aiguisé, qu'elle soupesa. Elle en avait assez entendu. Elle regagna s'escalier et commença à monter....Quelque part dans la maison une porte s'ouvrit.
"Putain, sale chienne , tu ne veux pas obéir, hein ?"
Ingrid s'accroupit en haut des marches et s'immobilisa . L'homme se dirigeait vers elle, elle ne l'avait pas encore vu. Tandis qu'elle attendait , la colère monta en elle. Les pas approchaient. Il venait vers elle, il n'était plus qu'à un mètre quand In grid se jeta sur lui. Au dernier moment, il avait dû l'entendre, car il se tourna sur lui-même, leva le bras, et elle sentit quelque chose lui cingler la joue.
Mais il était trop tard. Elle avait déjà plongé le couteau dans son ventre..
Il haleta , la fixa sans comprendre.Sa bouche était ouverte , laissait échapper un gargouillis . Elle retira le couteau et frappa encore. Et encore.
Il s'effondra. Ingrid se figea , regarda le corps sans vie.
Elle entendit de faibles gémissements. Ils ne venaient pas de l'homme, mais de la pièce fermée.
" Il est mort dit-elle à travers la porte. Ça va ?"
Silence.
Ingrid répéta sa question .
" Ça va aller" répondit l'autre femme.
In grid aurait voulut entrer, la serrer contre elle , la consoler, lui dire que pour elle aussi, l'enfer était fini.