J'ai longtemps hésité entre mettre à cette BD 5 étoiles ("je m'en souviendrai longtemps") et une seule ("pas pu la finir"). Cela m'attriste d'écrire cela, mais je n'ai effectivement pas pu la finir : après l'avoir laissée dormir au pied de mon lit pendant des semaines, je l'ai feuilletée pour voir la fin puis je l'ai rangée. Et pourtant, c'est un livre qui m'a marquée avec tellement de force qu'il m'a carrément empêchée de dormir.
47 cordes raconte l'histoire d'un jeune musicien, harpiste, qui arrive dans une nouvelle ville pour y rejoindre sa soeur et jouer dans son orchestre. Il fait alors la connaissance d'une étrange créature, une femme capable de changer d'apparence à volonté (pas forcément femme d'ailleurs mais c'est la forme qu'elle préfère). Dans le monde étrange de cette métamorphe règne le luxe, la facilité, le stupre et le cynisme. Avec ses semblables, elle manipule aisément les humains pour vivre exactement la vie qu'elle veut. Seuls les chats semblent voir clair dans son jeu...
La protagoniste métamorphe m'a fait traverser la vallée de l'étrange : ce malaise qu'on éprouve face à une créature qui est presque humaine mais pas tout à fait. Ou alors je suis un chat ! En tout cas, j'ai ressenti la même chose que la petite chatte (qui se fait écraser par une voiture à cause de ça, au passage).
L'absence d'émotions du héros, l'étrangeté de ses acolytes en rajoutent et je n'ai pas du tout accroché à l'arc secondaire qui se déroule au sein de l'orchestre. Quant à l'histoire qui se noue entre les deux protagonistes, mêlée de mensonge, de domination sexuelle, d'épreuves, d'humiliation et de diverses sortes de violences mentales, elle m'a mise à terre (et pourtant j'en ai écrit de bien belles aussi sur le sujet).
Jusqu'à ce que je décide de refermer cette boîte de pandore et retourne à d'autres occupations.