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Citations sur Le directeur de nuit (31)

The pallor of his eyes caught you by surprise. You expected more challenge from him, heavier shadows.
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Aucun bluff ne ressemble à un autre, hormis un élément commun : la complicité entre le bluffeur et le bluffé, le mystérieux point de rencontre entre deux motivations divergentes. Pour le hors-la-loi, cela peut être le besoin inconscient de revenir dans le droit chemin. Pour le criminel solitaire, un désir secret de rallier un groupe, n'importe lequel, du moment qu'il peut être membre. Pour le play-boy sur le retour mâtiné d'escroc qu'était Bradshaw - du moins le tisserand du Yorkshire l'espérait-il tout en regardant son adversaire lire, tourner les pages, revenir en arrière, prendre un autre dossier et poursuivre sa lecture - ce fut la quête habituelle d'un traitement exclusif à tout prix, d'un compromis en béton, d'une revanche contre ceux qui réussissaient mieux que lui, qui en firent la victime consentante du bluff de Burr.
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"L'autre chose que vous vouliez me dire, Ed, c'est motus et bouche cousue, reprit-il. Parce que, si je parle, quelqu'un va me saquer et me supprimer ma retraite. Et si je parle jusqu'au bout, quelqu'un se sentira peut-être obligé malgré lui de me faire exploser la cervelle. Je comprends tout ça, Ed. J'ai appris les règles. Vous pourriez me rendre un service ?"
Prescott n'avait pas l'habitude d'écouter sans interrompre, et il n'avait jamais rendu un service à sens unique. Mais il savait ce qu'était la colère...
"_ Je ferai tout ce que je peux pour vous, Joe, répondit-il élégamment.
_ Ne changez pas, Ed. L'Amérique a besoin de gens comme vous. Ne laissez pas tomber vos amis haut placés ni vos contacts avec l'Agence, ni le joli poste de directrice qu'a votre femme dans certaines compagnies douteuses. Continuez à arranger nos affaires. Le citoyen honnête en sait déjà trop, Ed. Toute information supplémentaire nuirait sérieusement à sa santé. C'est comme la télé : cinq secondes sur n'importe quel sujet, c'est déjà trop, pour les gens. Ils doivent être standardisés, Ed, pas déstabilisés. Et vous êtes l'homme qui peut faire ça pour nous."
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"Détendez-vous, Ed. Ne vous fatiguez pas. L'opération Bernicle est morte. Langley l'a liquidée. Vous n'êtes que le croque-mort. Je le comprends parfaitement. L'opération Amiral vit toujours, mais je ne suis pas habilité Amiral. Et à mon avis, vous l'êtes. Vous voulez me baiser, Ed ? Alors écoutez, c'est pas ma première fois, pas la peine de m'inviter à dîner avant. Je me suis fait baiser tant de fois et de tellement de façons que je suis devenu expert. Cette fois-ci, c'est Langley et des Anglais ripoux, plus quelques Colombiens. La dernière fois, c'était Langley et d'autres ripoux, peut-être des Brésiliens, mais non, suis-je bête, des Cubains qui nous avaient rendu service dans des temps difficiles. La fois d'avant encore, c'était Langley et des Vénézuéliens richissimes, mais il me semble aussi qu'il y avait des Israéliens dans le coup... à vrai dire, j'ai un peu oublié, et les dossiers se sont perdus. Et je crois qu'il y avait aussi une opération Tir groupé, mais je n'étais pas habilité Tir groupé."
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Ils sont trente à manger de la poule au riz et à boire du Coca-Cola. Des bougies fichées dans des bocaux, et non dans des chandeliers Paul de Lamarie, éclairent les convives tout autour de la table. On dirait que le XXème siècle a déchargé sa benne à ordures de guerriers au rebut et de causes perdues dans un camp appelé Fabergé : des vétérans américains écoeurés d'abord par la guerre, puis par la paix ; des Spetsnaz russes, entraînés à protéger un pays qui a disparu pendant qu'ils avaient le dos tourné ; des Français reprochant toujours à De Gaulle d'avoir abandonné l'Afrique du Nord ; un Israélien qui n'a connu que la guerre et un Suisse qui n'a connu que la paix ; des Anglais en quête de gloire militaire parce que leur génération a été privée de ce plaisir (si seulement on avait eu un Vietnam, nous aussi !), un ramassis d'Allemands introspectifs, déchirés entre la culpabilité de la guerre et son panache. Et le colonel Emmanuel qui, selon Tabby, a participé à toutes les sales guerres, de Cuba au Salvador en passant par le Guatemala et le Nicaragua, entre autres, pour plaire aux Yanquis détestés...
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Quelquefois on est témoin de son propre échec, pensait Strelski. Il adorait le tennis et ce qu'il préférait c'était les gros plans sur les joueurs en train de boire du coca entre les jeux : on voyait le visage du vainqueur se préparant à vaincre et celui du perdant se préparer à perdre. Et les perdants avaient la même expression que lui en ce moment. Ils lâchaient tous leurs coups et se démenaient comme des diables mais, au bout du compte, le score reste le score, et à l'aube de cette nouvelle journée, celui de Strelski n'était pas bon du tout. On sentait arriver le jeu, set et match...
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On arrête l'opération, décida-t-il. On met Jonathan en sécurité, on lui refait le visage, on lui donne un nouveau nom, on ferme les volets et on rentre à la maison. Et on passe sa vie à se demander lequel des six bateaux actuellement affrétés par Ironbrand transportait la gigantesque cargaison d'armes.
Et où s'est fait l'échange de marchandises ?
Et comment des centaines, voire des milliers de livres en obligations en disparu dans les poches des complets bien taillés de leurs porteurs anonymes?
Et comment des dizaines de tonnes de cocaïne raffinée premier choix au prix de gros se sont discrètement évaporées entre la côte ouest de la Colombie et la zone franche de Colon, pour refaire astucieusement surface par petites quantités, jamais trop à la fois, dans les tristes rues de l'Europe des Balkans ?
Et Joe Strelski, Pat Flynn, Amato et leur équipe ? Toute cette énergie dépensée ? Pour rien ? On abandonne tout ça ?...
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...leur(s) épouse(s), au visage modelé comme il ne l'avait jamais été, au ventre tiré, aux fesses tirées, et aux yeux tirés brillant d'un éclat artificiel. Mais aucune chirurgie au monde ne pourrait débarrasser ces femmes d'une lenteur de gestes imposée par l'âge quand elles entraient dans le petit bain de la piscine, s'agrippant à l'échelle de peur de faire craquer leur peau et de se voir telles qu'elles craignaient d'être avant de plonger dans la clinique du Dr Marti.
"Mon Dieu, Thomas ! murmure Jed en aparté à Jonathan d'une voix étranglée, alors qu'une comtesse autrichienne aux cheveux bleutés regagne la terre ferme, tout essoufflée, en barbotant comme un petit chien. Quel âge peut-elle donc avoir ?
_ Ca dépend de quelle partie du corps on parle. En moyenne, je dirais environ dix-sept ans." L'adorable rire de Jed résonne - son vrai rire, libre, dynamique -, tandis qu'une fois encore elle le caresse du regard.
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"Comment ça va ?" demande Burr.
Bonne question, se dit Jonathan. Comment je vais ? Je vis dans la peur, je suis obsédé par une cavalière avec un QI de 55 par beau temps, je me raccroche à la vie par le bout des ongles vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ce qui, si ma mémoire est bonne, correspond exactement à ce que vous m'aviez promis.
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Elle venait vers lui maintenant. Elle sourit tout le temps, songea-t-il inquiet. On dirait une pub à la télé. Elle a peur qu'on éteigne le poste si elle ne sourit plus. C'est une comédienne en quête d'un metteur en scène...
Il retint son souffle quand elle arriva près du lit. Elle se pencha vers lui et posa une sorte de bande adhésive froide sur son front.
"Faut lui laisser le temps de chauffer", fit-elle avec un sourire encore plus large. Puis elle s'assit sur le lit en attendant, sa jupette de tennis entrouverte, ses jambes nues négligemment croisées, son mollet rebondi reposant sur l'autre tibia, la peau uniformément bronzée.
"C'est pour contrôler la température, expliqua-t-elle du ton théâtral d'une grande maîtresse de maison... Thomas, vous êtes un véritable mystère. Toutes vos affaires étaient là-dedans ? Dans ce petit sac ?
_ Oui.
_ Vos affaires au complet ?
_ Oui." Descends de mon lit ou viens dedans ! Ne reste pas à moitié nue ! Pour qui me prends-tu ?
"Mon Dieu, vous en avez de la chance ! disait-elle du ton d'une princesse royale, cette fois. Pourquoi ne pouvons-nous pas vivre comme ça ? Quand on prend le Beechcraft pour aller passer un week-end à Miami, on a du mal à tout caser dans la cale."
Pauvre cocotte, songea-t-il.
Elle dit des répliques toutes faites, remarqua-t-il tristement. Pas des mots. Des répliques. Des versions différentes suivant le personnage qu'elle veut incarner.
"Dans ce cas, pourquoi ne pas prendre votre gros yacht ?" suggéra-t-il malicieusement.
Mais il comprit avec agacement qu'elle n'avait pas l'habitude d'être taquinée. Peut-être en est-il ainsi de toutes les jolies femmes ?
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