AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le directeur de nuit (31)

Burr parlait de justice. "Quand je gouvernerai le monde,... j'organiserai le procès de Nuremberg, acte deux. Je ramasserai tous les trafiquants d'armes, tous les scientifiques de merde, et tous ces beaux parleurs de marchands qui forcent toujours plus la main aux tarés parce que ça fait marcher les affaires, et puis tous les politiques menteurs, les juristes, les comptables, les banquiers, et je les mettrai tous dans le box des accusés pour qu'ils défendent leur peau. Et vous savez ce qu'ils diront ? "Si nous, on ne l'avait pas fait ça aurait été quelqu'un d'autre." Et vous savez ce que je répondrai ? "Oh, je vois. Si vous n'aviez pas violé la fille, c'est un autre qui l'aurait fait, et c'est comme ça que vous justifiez le viol. Notez, greffier." Puis je les passerai tous au napalm. Floutch !
Commenter  J’apprécie          101
La partie de l'opération qui concernait Jonathan, d'abord appelée Troyen, fut rapidement rebaptisée Bernicle, car, si certains membres de l'équipe mixte ignoraient presque tout du cheval en bois d'Homère, tous savaient en revanche que Troyen était une des marques de préservatifs les plus connues aux Etats-Unis. Mais Bernicle convenait parfaitement. Une bernicle s'accroche aux rochers contre vents et marées.
Commenter  J’apprécie          90
Vous connaissez l'adage. Deux personnes peuvent garder un secret pourvu que l'une des deux soit morte. Nous sommes au Caire. Un secret est ce que tout le monde sait sauf vous.
Commenter  J’apprécie          80
Même pour cette époque de l'année, la neige était impressionnante. D'énormes tourbillons balayaient l'avant-cour illuminée de l'hôtel, telles des vagues frangées d'écume lors d'une tempête. Les chasseurs, prévenus de l'arrivée d'un hôte de marque, scrutaient la tourmente dans l'expectative. Roper ne va jamais y arriver, se dit Jonathan. Même si l'avion a eu l'autorisation de décoller, il n'aura jamais pu atterrir par ce temps. Herr Kaspar a dû faire erreur.
Mais Herr Kaspar, le chef concierge, n'avait jamais fait d'erreur de sa vie. Quand il murmurait "arrivée imminente" dans l'interphone, seul un optimiste congénital pouvait s'imaginer que l'avion du client avait été dérouté. Et puis, pourquoi Herr Kaspar aurait-il été à son poste à cette heure-là sinon pour attendre un gros client ? Il fut un temps, avait dit Frau Loring à Jonathan, où Herr Kaspar vous aurait estropié pour deux francs et étranglé pour cinq. Mais la vieillesse, ça vous change un homme. Maintenant, seul l'espoir de gagner beaucoup pouvait arracher Herr Kaspar aux joies vespérales de la télévision.
Commenter  J’apprécie          70
Aucun bluff ne ressemble à un autre, hormis un élément commun : la complicité entre le bluffeur et le bluffé, le mystérieux point de rencontre entre deux motivations divergentes. Pour le hors-la-loi, cela peut être le besoin inconscient de revenir dans le droit chemin. Pour le criminel solitaire, un désir secret de rallier un groupe, n'importe lequel, du moment qu'il peut être membre. Pour le play-boy sur le retour mâtiné d'escroc qu'était Bradshaw - du moins le tisserand du Yorkshire l'espérait-il tout en regardant son adversaire lire, tourner les pages, revenir en arrière, prendre un autre dossier et poursuivre sa lecture - ce fut la quête habituelle d'un traitement exclusif à tout prix, d'un compromis en béton, d'une revanche contre ceux qui réussissaient mieux que lui, qui en firent la victime consentante du bluff de Burr.
Commenter  J’apprécie          60
Dès qu'il avait vu le nom de Roper, à 17 h 30, Jonathan s'était retrouvé au Caire.
Il l'avait souvent aperçue mais ne lui avait jamais parlé : une beauté langoureuse de quarante ans, élégante et distante, aux cheveux bruns et à la taille élancée. Il l'avait remarquée lorsqu'elle faisait le tour des boutiques du Néfertiti ou lorsqu'un chauffeur musclé l'aidait à monter dans une Rolls-Royce bordeaux. Quand elle flânait dans le hall, le chauffeur devenait garde du corps, toujours sur ses talons, les mains croisées devant les couilles. Quand elle prenait une menthe frappée au restaurant Le Pavillon, ses lunettes noires repoussées dans les cheveux, son journal français à bout de bras, le chauffeur sirotait un soda à la table voisine. Le personnel l'appelait "Madame Sophie" et Mme Sophie appartenait à Freddie Hamid, et Freddie était le petit dernier de ces odieux frères Hamid, qui à eux trois, possédaient une bonne partie du Caire, y compris l'hôtel Reine Néfertiti. Le plus remarquable exploit de Freddie, à l'âge de vingt-cinq ans, était d'avoir perdu un demi-million de dollars au baccara en dix minutes.
Commenter  J’apprécie          60
Un soir enneigé de janvier 1991, l'Anglais Jonathan Pyne, directeur de nuit au Meister Palace de Zurich, quitta son bureau, derrière la réception et, en proie à des sentiments jusqu'alors inconnus de lui, se posta dans le hall, prêt à accueillir en grande pompe un hôte de marque tardif.
La guerre du Golfe venait de commencer. Toute la journée les nouvelles des bombardements alliés, discrètement relayées par le personnel, avaient semé la consternation à la bourse de Zurich.
Les réservations dans les hôtels, toujours pu nombreuses en janvier, étaient tombées à un niveau de temps de crise.
Une fois de plus dans sa longue histoire, la Suisse se trouvait en état de siège.
Commenter  J’apprécie          60
...leur(s) épouse(s), au visage modelé comme il ne l'avait jamais été, au ventre tiré, aux fesses tirées, et aux yeux tirés brillant d'un éclat artificiel. Mais aucune chirurgie au monde ne pourrait débarrasser ces femmes d'une lenteur de gestes imposée par l'âge quand elles entraient dans le petit bain de la piscine, s'agrippant à l'échelle de peur de faire craquer leur peau et de se voir telles qu'elles craignaient d'être avant de plonger dans la clinique du Dr Marti.
"Mon Dieu, Thomas ! murmure Jed en aparté à Jonathan d'une voix étranglée, alors qu'une comtesse autrichienne aux cheveux bleutés regagne la terre ferme, tout essoufflée, en barbotant comme un petit chien. Quel âge peut-elle donc avoir ?
_ Ca dépend de quelle partie du corps on parle. En moyenne, je dirais environ dix-sept ans." L'adorable rire de Jed résonne - son vrai rire, libre, dynamique -, tandis qu'une fois encore elle le caresse du regard.
Commenter  J’apprécie          50
"On n'est plus à l'époque où l'on bourrait les valises de coupures de cent dollars. Où les passeurs, le ventre plein de préservatifs lubrifiés, finissaient dans la salle des rayons X. Où de petits avions bravaient les forces de l'ordre pour traverser le golfe du Mexique. Ce que M. Roper et ses collègues leur proposaient, c'était l'expédition de leur produit, de porte à porte et sans risque, sur les nouveaux marchés d'Europe centrale et orientale.
_ De la came ! éclata Strelski, incapable de supporter plus longtemps les circonlocutions d'Apostoll. Le produit de tes clients, c'est de la came, Michael ! Roper échange des armes contre cette putain de cocaïne raffinée, traitée, quasi pure, et au prix de gros ! Contre des montagnes de cette merde ! Il va l'expédier en Europe, la jeter sur le marché, empoisonner des gosses, bousiller des vies, et empocher des mégamillions ! C'est ça ?"
Commenter  J’apprécie          50
"_ Monsieur, selon moi il n'y a pas trente-six méthodes, répondit Strelski avec le sourire respectueux d'un élève attentif. Soit on fait de la collecte et du traitement d'informations, soit on fait de la répression. La collecte, c'est une histoire sans fin : on recrute l'ennemi pour attraper l'ennemi suivant, puis on recrute cet ennemi-là pour attraper le suivant, ad infinitum. La répression, c'est ce que nous pensons faire avec M. Roper. Quelqu'un qui se dérobe à la justice, d'après moi, on l'attrape, on le juge selon les lois sur le trafic d'armes international, et on l'emprisonne. Si on se borne à exploiter les renseignements, à la fin, on se demande qui exploite qui : les criminels, le public, ou la justice."
Commenter  J’apprécie          50






    Lecteurs (284) Voir plus



    Quiz Voir plus

    L'espion qui venait du froid

    "L'espion qui venait du froid" est un roman d'espionnage signé...

    Frederick Forsyth
    Jack Higgins
    Graham Greene
    John le Carré

    10 questions
    79 lecteurs ont répondu
    Thème : L'espion qui venait du froid de John Le CarréCréer un quiz sur ce livre

    {* *}