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Huit nouvelles sur les vies et les morts de ceux que JMG le Clézio appelle les indésirables, un mot très dur qui porte tout le sens de la misère de l'exclusion, des viols, de la guerre, des espérances effondrées.

Il faut un auteur comme Le Clézio pour exprimer, par son style, et par petites touches, où viennent se mêler les beautés de la nature, de la mer, des arbres, des nuits étoilées, les souffrances variées d'enfants, d'adolescents et d'adultes à travers le monde.

La première de ces nouvelles, la plus longue, conte l'histoire d'une jeune orpheline, qui parvient malgré les douleurs qui lui sont infligées à trouver divers réconforts et un chemin d'espérance. le chant est très présent dans cette nouvelle, il intervient comme un magnifique contraste avec les duretés de l'existence de ces jeunes.

Les autres conduisent le lecteur à travers le monde, par exemple dans les égouts reliant Mexique et Etats-Unis où se faufilent des enfants en quête de petites richesses américaines.

On a aussi un "Chemin lumineux" aux abords d'un grand fleuve d'Amérique du Sud avec de très beaux portraits d'enfants qui s'accrochent à la vie et parviennent peut-être à réchapper de la maltraitance de leurs bourreaux.

La guerre est aussi présente en des lieux non nommés du Moyen-Orient avec encore des fuites, des solidarités, des détresses que JMG dépeint avec son talent capable d'une relative poésie parmi tant de noirceur.

La qualité de ces différentes nouvelles peut paraître inégale selon les attentes ou la réceptivité des lecteurs, elle témoigne toujours de la plume parfaite d'un écrivain capable de transmettre une palette d'émotions qui finissent toujours par convaincre le lecteur le plus hermétique s'il en est.
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Je retrouve Jean Marie Gustave le Clézio, dans son dernier et magnifique recueil de nouvelles.
Avers: Ceux et celles que l'écrivain sensible, précis et bon nous offre à voir en face. Ceux et celles avec qui L'auteur nous invite à partager un morceau d' existence, un long bout de chemin.
Avers: Ce volume de vies, de souffrances, de lieux, d'errances et d'aventures que Le Clézio présentait, un soir, invité aux côtés de Florence Aubenas... Florence Aubenas qui venait présenter, aussi, son dernier livre.
Je ne pouvais faire autrement que d'acquérir Avers pour me nourrir de ces
huit histoires avec Maureez, Chuche, Aminata, Renault, Abdelhak, Marwan, Yoni, la bande du collecteur numéro 74 et toutes ceux et celles rencontrés au cours d'un long voyage: La pérégrination autour d'un monde dans lequel les destins d'enfants sont trop souvent piétinés par le mal et la mort. Dans lequel, aussi, des rêves se sont transformés en cauchemars affreux et lancinants.
Ma compagne, mauricienne, va pouvoir maintenant entrer à son tour dans le livre de celui qu'elle appelle affectueusement "Tonton"... Et retrouver cette rivière Taniers (Elle m'en a montré une photo du temps où l'on y lavait le linge) qui inspira cette si belle berceuse créole dont Le Clézio, généreux, nous offre quels quelques beaux extraits.
Et voilà! La magie-Le Clézio a encore peuplée ma mémoire de nouveaux personnages, de nouvelles couleurs.... Voici le moment de quitter le port d'Avers pour cingler vers d'autres terres littéraires connues ou encore inconnues!
Mais soyez sûrs, amis babéliotes, que je retournerais visiter les îles de J.M.G. le Clézio. Promis!


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Le Clezio parle de son livre en disant qu'il a voulu rendre visibles les invisibles, ces enfants qui errent sur les routes ou dans les villes du monde entier.
A Madagascar, au Mexique ou en Irak, mais cela peut être en Amérique du sud, en Afrique et malheureusement même en France.
Seuls ou en fratrie, mis à la rue à cause de la guerre, de la famine ou de violences familiales, les enfants vont tenter de survivre.
Leurs rêves d'enfant vont souvent se muer en cauchemars.

Le Clezio trouve les mots pour que l'on n'oublie pas Maureez, Chuche, Marwan ou Chepo.
Avec le style délicat et poétique qu'on lui connaît, il dénonce cette indifférence générale à la souffrance.
La tristesse et la mélancolie de ces nouvelles nous resteront longtemps en mémoire.
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Le souffle un peu coupé, je referme Avers avec un mélange de sentiments: malaise et envoûtement, culpabilité et infinie tristesse.
Le Clézio déploie, tout au long de ces 8 nouvelles, de ces 8 destinées, sa prose mélancolique, sa poésie chantante et un brin surannée.
Certaines ont été écrites il y a vingt ou trente ans, d'autres sont contemporaines, mais peu importe, les indésirables sont de tous temps et de toutes contrées. D'ailleurs il faut souvent deviner, jouer avec Google Maps, pour s'y retrouver.
J'ai beaucoup aimé suivre dans les égouts les "petits rats de Nogalés", ces mômes des rues qui passent la frontière américano-mexicaine juste pour la journée.
On verra ainsi la misère de Rodrigues, l'île si précieuse de notre prix Nobel (2008!), la fuite éperdue d'adolescents traqués entre Pérou et Amazonie brésilienne, les conditions abominables des travailleurs marocains à l'issue des trente glorieuses, la destinée terrible des indiens du Panama fuyant les narcotrafiquants pour s'abimer dans les grandes cités colombiennes, l'errance de deux frères dans un Liban de feux et de sang.
L'auteur, comme souvent, évoque les esclaves mauriciens dans un beau texte autobiographique "La rivière Taniers".
Et puis "Fantômes dans les rue" dont le narrateur parisien est...vous en aurez la surprise, car vous lirez Avers c'est certain.
En écrivant ce petit billet d'autres images s'imposent à moi : enfants ukrainiens de Bakhmout, petits syriens du tremblement de terre tentant de rejoindre la Turquie en passant par Bab-al-Hawa, miraculés de Gaziantep...

Mais revenons à Jean Marie Gustave le Clézio, grand parmi les grands: son recueil est d'une humanité sidérante, jamais confondante ou moralisatrice, toujours implacablement mélancolique...
Difficile de passer à coté.
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Avers, c'est pour moi l'occasion de renouer avec l'univers littéraire de J.M.G. le Clézio.
Dans ce recueil de huit nouvelles, c'est toute une galerie de personnages que l'écrivain désigne comme des indésirables, face à l'injustice qu'il leur arrive. le sort qui leur est réservé convoque des univers sombres où les règles du jeu établies par la loi des plus forts condamnent par avance les plus faibles.
J.M.G. le Clézio, le temps de quelques pages, donne voix à ces indésirables, fait naître en notre coeur un sentiment de compassion et de révolte. Ce sont souvent des enfants au quatre coins de monde, - raison de plus de sentir notre coeur étranglé par l'émotion, parfois ce sont des histoires anciennes...
La guerre, la misère, la fange nauséabonde de la rue, les trafics de drogue, les terres, les forêts dépouillées de ceux qui y vivaient depuis des siècles, des millénaires...
Avers, c'est un recueil de huit nouvelles, dont celle éponyme qui raconte l'histoire de la jeune Maureez Samson la petite Mauricienne dont je fais la connaissance au bord de cette baie de l'Océan Indien, dont le père a disparu en mer alors qu'il était parti à la pêche avec sa frêle barque. Alors, elle va connaître l'enfer des autres, mais le bonheur parfois aussi comme un rai de lumière traversant des volets mal fermés, battant dans le vent...
Ces nouvelles comme des fables de la vie, ce sont des textes vibrant d'humanité, irrigués par ces voix multiples qui nous appellent à mieux les regarder dans un instant fugace.
J'ai entendu leurs mots, leurs respirations, leurs battements de coeur comme des battements d'ailes, j'ai été cueilli par ce souffle inouï qui nous empêche de les oublier.
J.M.G. le Clézio nous invite à prendre le pas dans le parcours de personnages en marge, souvent « invisibles », de Paris à l'Île Maurice, en passant par l'Amérique latine ou le Moyen-Orient, c'est une traversée du monde sur des rivages à la fois beaux et hostiles.
Non, je n'oublierai pas les voix de Maureez, de Chuche et de Juanico, de Juan, de Mano, d'Aminata, deYoni et Népono, de Chepo. Ce sont des prénoms qui me sont devenus familiers à force de les côtoyer dans leurs existences abîmées.
Je n'oublierai ni leurs voix, ni leurs silhouettes fragiles éprises d'azur et de liberté, rasant l'asphalte des rues pour éviter les balles perdues, blottis dans des fossés, se cachant de la violence des hommes qu'ils soient policiers ou bandits, - là-bas c'est parfois à peu près la même chose -, oubliés, déshérités, affligés par les outrances et le désordre du monde, la part de bonheur qu'ils revendiquent paraît pourtant si infime...
Ils sont nés tout simplement du mauvais côté de la rue.
Dans cette douleur âpre de la réalité, il n'y a jamais aucun pathos et rien n'est forcément désespéré. Une joie mélancolique se tient en embuscade, le chant d'une berceuse, la magie d'une forêt ancestrale, le regard d'un vieillard bienveillant, un rire à gorge déployée, l'amour peut-être aussi... J.M.G. le Clézio sait nous débusquer ces instants fragiles épris de lumière dans la gangue des ténèbres. « Est-ce que ce qui est perdu est perdu à jamais ? »
J.M.G. le Clézio donne voix aussi aux peuples minoritaires, en voie d'extinction, rappelant que la mondialisation participe à blesser encore un peu plus cette humanité sacrifiée, mais la mondialisation n'est-ce pas aussi le fait des hommes, ceux des plus forts sur les plus faibles ?
Dans une écriture qui semble toujours simple en apparence, J.M.G. le Clézio ne se contente pas d'écrire des histoires, il les porte en son coeur, il nous les délivre dans une colère mutique qui invite à une révolte non négociable en nous.
Les gamins de la rue, les enfants esclaves, les enfants de la guerre, ceux qui grandiront trop vite, porteront des armes presque aussi lourdes qu'eux...
Ce sont parfois des silhouettes fantomatiques qui traversent les pages, bercées par les chants du monde, celles des paysans chassés de leurs terres, de leurs forêts ancestrales, par les narcotrafiquants...
Brusquement ces histoires prennent une portée universelle et je ne peux que me laisser emporter alors dans cet écho ineffable qui a continué de se prolonger longtemps après ma lecture...
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POIGNANT
Ce bouquin m'a vraiment mis le moral en berne. A ne pas lire si vous déprimez un peu.
Au travers de 8 nouvelles, Le Clezio nous raconte les invisibles ceux qu'on ne veut pas, ceux qu'on ne veut même pas voir.
Les enfants, les enfants de la guerre, les enfants de la pauvreté, les enfants du désamour. des enfants qui luttent pour leur survie par des moyens dérisoires et qui sont très rarement aidés par des adultes.
Des adultes qui ont tout perdu, amour, travail, famille et qui se retrouvent à la rue, en marge de cette société qu'ils ont si bien connue.
Des Indiens d'amazone, peuplades primitives aux mains des narcos et autre.

Le Clezio nous offre une plongée dans les inframondes, et on en ressort le souffle coupé... et pas indemnes. Chaque récit vous prend par les tripes. Tant de misère, tant de douleur, et tant d'impuissance aussi.
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JMG le Clézio, on le sait, est un écrivain qui dans ses livres, a toujours pris le parti des invisibles, les laissés pour compte de la société, ceux que l'on ne voit pas ou ceux que l'on ne veut pas voir.
Dans les huit histoires de son recueil "Avers : Des nouvelles des indésirables", il met une nouvelle fois en avant ces femmes et ces hommes que la société trouve souvent gênants, ceux que le pouvoir rejette car improductifs et inutiles. Ceux qui font tâche en somme...

Ils s'appellent Maureez, Chuche, Juan, Aminata, Renault, Abdelhak, Marwan, Mehdi, Yaya , Yoni et Népono. Ils sont d'ici et de partout.
Des foyers de l'île Rodrigue, des rues de France, des déserts du Moyen -Orient, des camps de coca du Pérou, des bidonvilles du Mexique ou des forêts panaméennes.
Ce sont des ados maltraités, des enfants-esclaves, des clodos, des émigrés, des domestiques, des enfants perdus, des déracinés et des exilés.
Ils fuient la violence de leur foyer ils fuient les soldats et les trafiquants, ils fuient la violence sociale de notre époque, ils fuient la misère de leur pays, ils fuient la guerre. Ils fuient un monde qui ne veut pas d'eux. Et ils cherchent leur voix.

Qui d'autre que JMG le Clézio, grand voyageur qui connaît bien chacune des régions citées, pour nous parler de la solitude et de l'abandon de ces gens qu'il a si souvent rencontrés ? Comme dans chacun de ses récits, nous retrouvons le thème de l'exil, de l'errance et chacun de ses mots est nourri par de multiples cultures en voie d'extinction. Un réalisme triste à mourir transcendé par la beauté des mots. Comme dans tous ses recueils, JMG le Clézio nous émeut par la poésie de son écriture fondamentale, et réaffirme la valeur inestimable de chaque être, particulièrement des plus déshérités d'entre eux.
C'est du le Clézio. Les esprits chagrins diront qu'ils n'y trouvent rien de nouveau. Pour ma part, c'est une chance. L'auteur reste fidèle à lui-même et à ses valeurs humanistes, qui on peut le dire, ont bien besoin d'être criées aujourd'hui.
Coup de coeur spécial pour le très beau texte sur la belle et tragique histoire de Renault ainsi que pour le dernier récit sur le désastre causé par les narcos.
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JMG le Clézio a dit qu'en écrivant ce livre, "son objectif avait été de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l'injustice de ce qui arrive à ses personnages". L'exercice me semble bien réussi. Les héros de ces huit nouvelles sont le plus souvent des enfants, principales victimes des deuils précoces, des guerres, des rapts, ou encore des déplacements imposées à leurs parents. Ses "personnages" sont aussi des gens plus âgés, ceux qu'on ne voit pas tant ils sont discrets ou effacés, également ceux qui restent "au bord du chemin" dans les villes sans âme mangées par le bruit, la vitesse et l'indifférence. Il oppose à cela la présence de quelques êtres lumineux rencontrés par hasard, mais surtout un monde, quasi disparu aujourd'hui, où le temps n'a pas le même sens, où la vie ne se joue pas sur les mêmes valeurs, où l'être humain n'a pas perdu son lien originel avec la nature.
Au fil de ces pages qui emportent le lecteur aux quatre coins du monde, l'auteur distille, en même temps que l'émotion,, le plaisir de se lover dans de longues phrases mélancoliques, à la fois fluides et cadencées, nourries par des mots dont la poésie, la sensualité et la musicalité pourraient se prêter aisément à une lecture à voix haute.
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Des gamins pauvres d'une baie Malgache,
Les enfants esclaves du Pérou,
Les gamins des rues de Nogales qui passent aux Etats-Unis par les égouts et qu'on appelle les rats,
Les orphelins oubliés de la guerre du Liban, Les inconnus assis dans la rue ou sur les quais du métro,
Tous sont des indésirables, ils sont nombreux mais on ne "veut" pas les voir. Ils dérangent et n'ont pas de place.
Et pourquoi les nantis ont tous les droits ?
J'ai entendu, il y a peu, une belle phrase, " on n'est ni mieux ni moins bien que les autres".
Le Clézio prend sa plume pour écrire de magnifiques nouvelles. Dans un style très beau, avec les mots justes. Il passe encore par la littérature pour dénoncer l'indifférence à la souffrance : un prix Nobel lumineux aux service des invisibles.
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JMGLC nous propose successivement huit nouvelles ayant un point commun, le parcours et la survie difficiles de gens jugés indésirables là où ils sont ou la où ils vont. Ces textes distincts ne permettent pas un résumé global de leur contenu, c'est le principe de la nouvelle, et il faudrait les examiner un à un pour mieux les apprécier, mais la fibre humaniste et sensible de l'auteur rehaussée par les qualités littéraires qu'on lui connaît rend précieuse la lecture de l'ensemble.
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