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Citations sur Le Chercheur d'or (174)

J'ouvre les yeux, et je vois la mer. Ce n'est pas la mer d'émeraude que je voyais autrefois, dans les lagons, ni l'eau noire devant l'estuaire de la rivière du Tamarin. C'est la mer comme je ne l'avais jamais vue encore, libre, sauvage, d'un bleu qui donne le vertige, la mer qui soulève la coque du navire, lentement, vague après vague, tachée d'écume, parcourue d'étincelles.
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Elle se lève, elle prend la liane où sont accrochés les poissons, son harpon, et elle part, elle marche vite le long du ruisseau, dans la pluie qui faiblit. Je vois sa silhouette souple bondir de pierre en pierre, pareille à un cabri, puis elle s'efface au milieu des fourrés. Tout cela s'est passé si vite que j'ai du mal à croire que je n'ai pas imaginé cette apparition, cette jeune fille sauvage et belle qui m'a sauvé la vie. Le silence m'enivre. La pluie a cessé tout à fait, et le soleil brille avec force dans le ciel bleu. A la lumière, les montagnes paraissent plus hautes, inacessibles. En vain je scrute les pentes des montagnes, du côté du mont Limon. La jeune fille a disparu, elle s'est confondue avec les murailles de pierre noire. Où vit-elle, dans quel village de manafs? Je pense à son nom étrange, un nom indien, dont elle a fait résonner les deux syllabes, un nom qui me trouble. Enfin, je redescends en courant vers mon campement, en bas de la vallée, sous le vieux tamarinier.
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La mer est une route lisse pour trouver les mystères, l'inconnu. L'or est dans la lumière, autour de moi, caché sous le miroir de la mer. Je pense à ce qui m'attend, à l'autre bout de ce voyage, comme une terre où je serais déjà allée autrefois, et que j'aurais perdue. Le navire glisse sur le miroir de la mémoire. Mais saurai-je comprendre, quand j'arriverai? Ici, sur le pont du Zeta qui avance doucement dans la lumière alanguie du crépuscule, la pensée de l'avenir me donne le vertige. Je ferme les yeux pour ne plus voir l'éblouissement du ciel, le mur sans faille de la mer.
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Le silence est plus fort que les bruits, il les avale, et tout se vide et s'anéantit autour de nous. Nous restons immobiles sur la varangue. Je grelotte dans mes habits mouillés. Nos voix, quand nous parlons, résonnent étrangement dans le lointain, et nos paroles disparaissent aussitôt.
Puis vient sur la vallée le bruit de l'ouragan, comme un troupeau qui court à travers les plantations et les broussailles, et j'entends aussi le bruit de la mer, terriblement proche. Nous restons figés sur la varangue, et je sens la nausée dans ma gorge, parce que je comprends que l'ouragan n'est pas fini. Nous étions dans l'oeil du cyclone, là où tout est calme et silencieux.
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C'est ce silence, qui entre en nous au plus profond de notre corps, ce silence de menace et de mort que je ne pourrai pas oublier. Il n'y a pas d'oiseaux dans les arbres, pas d'insectes, pas même le bruit du vent dans les aiguilles des filaos. Le silence est plus fort que les bruits, il les avale, et tout se vide et s'anéantit autour de nous. Nous restons immobiles sur la varangue. Je grelotte dans mes habits mouillés. Nos voix, quand nous parlons, résonnent étrangement dans le lointain, et nos paroles disparaissent aussitôt.
Puis vient sur la vallée le bruit de l'ouragan, comme un troupeau qui court à travers les plantations et les brousailles, et j'entends aussi le bruit de la mer, terriblement proche. Nous restons figés sur la varangue, et je sens la nausée dans ma gorge, parce que je comprends que l'ouragan n'est pas fini. Nous étions dans l'oeil du cyclone, là où tout est calme et silencieux. Maintenant j'entends le vent qui vient de la mer, qui vient du sud, et de plus en plus fort le corps du grand animal furieux qui brise tout sur son passage.
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Le vent tourbillonne et m'enivre, et je sens le goût salé des embruns quand la vague couvre l'étrave.
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Il fait nuit à présent, j'entends jusqu'au fond de moi le bruit vivant de la mer qui arrive.
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Une nuit, je me réveille au centre de la vallée, je sens sur moi le souffle de la mer. Sur mon visage, dans mes yeux, il y a encore la tache éblouissante du soleil. C'est une nuit de lune noire, comme disait mon père autrefois. Les étoiles emplissent le ciel, et je les contemple, pris par cette folie.
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J'écris sans me presser, le mieux que je peux, pour faire durer le temps où résonne la voix de Mam dans le silence de feuille blanche, dans l'attente aussi du moment où elle me dira, avec un petit signe de tête, comme si c'était la première fois qu'elle le remarquait :
"Tu as une jolie écriture."
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Que dit-elle? Je ne sais plus. Le sens de ses paroles a disparu, comme les cris des oiseaux et la rumeur du vent de la mer. Seule reste la musique, douce, légère presque insaisissable, unie à la lumière sur le feuillage des arbres, à l'ombre de la varangue, au parfum du soir.
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