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Claire Hédon (Autre)
EAN : 9782356879714
223 pages
Editions Le Bord de l'Eau (15/09/2023)
3/5   1 notes
Résumé :
Récit d’une combattante pour la dignité

À dix-huit ans à peine, au milieu des années 1970, dans la France des « laissés-pour-compte », Martine est partagée entre l’envie de se battre pour avoir droit au bonheur qu’on lui refuse depuis toujours, et celle, lancinante, de tout laisser tomber, lassée de cette vie de galère. Jusqu’à ce qu’une rencontre inattendue fasse basculer sa vie.

Cinquante ans plus tard, Martine Le Corre raconte avec p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La publication de ce livre est essentielle, à l'heure où de plus en plus de personnes ont des difficultés pour subsister au quotidien, dans des habitats décents, en se nourrissant suffisamment, et où le gouvernement envisage de demander une contrepartie à la perception du RSA?
On comprend en lisant ce récit du parcours de l'autrice et des actions d'ATD Quart Monde, que les mesures prises pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sont vouées à l'échec si elles ne sont pas élaborées avec ceux et celles qui sont concernées, les plus pauvres.
Comme le dit Claire Hédon – actuellement défenseure des droits et présidente d'ATD Quart Monde de 2015 à 2020 – dans sa préface : comment quelqu'un qui ne le vit pas peut-il savoir ce que c'est que de vivre avec le RSA ? ou ce que c'est de s'entendre dire dans une salle d'attente que le médecin ne reçoit pas de personnes relevant de la CMU (couverture maladie universelle) ?
Martine le Corre, dans ce récit à la fois aisé à lire et profondément émouvant et questionnant montre comment la rencontre avec le père Joseph Wresinski a permis que la volonté de se battre pour et avec les siens l'a emporté sur le découragement devant les difficultés extrêmes.
Ce chemin d'engagement l'a conduite a des responsabilités toujours plus larges, y compris au niveau international, dans "le Mouvement ».
Et nous qui découvrons son combat pour la dignité, sommes mis en mouvement aussi, tant chaque page montre comment, même à notre insu, nous sommes pris dans des « idées reçues »*
Un des moyens de réflexion et d'action d'ATD est l'animation d'universités populaires.
Les « recherches-actions » donnent lieu à des publications**.
« Pour que la qualité de cette action ne se perde pas, il nous faut régulièrement vérifier avec qui nous sommes dans nos Universités populaires. Les plus pauvres sont-ils là ? Restons-nous un groupe ouvert à d'autres très pauvres ? Les militants restent-ils majoritaires dans ces temps ? » Un exemple montre l'importance de ce travail et la manière de le mener : il aura fallu à cet homme qui a préparé l'université populaire durant des années, cinq ans pour prendre la parole : un temps nécessaire que Martine le Corre n'a pas cherché à précipiter. "J'ai réussi parce qu'on ne m'a pas forcé" dit-il.
Ce respect des singularités du chemin de chacun ne va pas sans interventions parfois un peu "rudes" : rappel des règles, des valeurs, de ce pourquoi on est là. Martine le Corre raconte comment, à plusieurs reprises, elle a été bousculée, remise en question, en "mouvement", par Joseph Wresinski et aussi comment elle-même a, par exemple, rappelé les règles du jeu à une jeune qui venait pour la première fois à l'UP. Dans tous les cas avec succès car il ne s'agit nullement de jugements, de propos qui pourraient être ressentis comme humiliants, mais d'un appel au potentiel de la personne, à sa dignité.
C'est cela le coeur du combat : que chacun-e se sente digne et soit traité-e comme un être digne.
La manière dont on considère les plus pauvres est un « baromètre » de l'état des droits humains dans une société. « Nous n'avons jamais vécu en démocratie dès le moment où nous laissons vivre à côté de nous des hommes détruits par la très grande pauvreté », déclarait Michel Serres. Des femmes et des hommes, dirions-nous aujourd'hui, mais sa déclaration est plus vraie que jamais.
Le seul chemin pour éviter cette destruction, c'est la sortie de l'isolement, la force trouvée d'être écouté, respecté dans sa dignité, de « participer pour construire un monde plus juste ».
Vous l'aurez compris, ce combat n'est autre qu'un combat pour que soit prise pleinement en compte la Déclaration universelle des droits de l'homme. Si le fondateur était un prêtre, les valeurs qui soutiennent son action peuvent être partagées par tous ceux et toutes celles qui considèrent que
"Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont
doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un
esprit de fraternité" article 1 de la DUDH.
« Les miens sont ma force ».
Lisez ce récit, vous en sortirez changé-es, même si vous avez déjà un peu réfléchi à ces questions, même si vous connaissez un peu ATD Quart Monde.

* Les éditions ATD Quart Monde ont publié en 2013 En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté.
** Par exemple, le croisement des savoirs et des pratiques. Quand des personnes en situation de pauvreté, des universitaires et des professionnels pensent et se forment ensemble. Éditions Quart monde, éditions de l'Atelier 2009

Entretien avec Martine le Corre :
https://www.atd-quartmonde.org/lancement-du-livre-de-martine-le-corre-les-miens-sont-ma-force/



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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il y a en effet des mots qui vous honorent, vous grandissent, vous élèvent : « capable », « intelligent(e) », « intéressant(e) », « créatif(ve) », « sociable »… Et il y en a d’autres qui vous réduisent, vous anéantissent, vous détruisent, comme « cassos », « inadapté(e) », « asocial (e) », « racaille », « bon(ne) à rien ». Et c’est avec ces derniers que personnellement, je me suis forgée, comme tous ceux de mon entourage. Nous avons vécu la relégation, l’humiliation, les séparations, les expulsions, la mise à l’écart, le jugement, le rejet, la honte, le mépris… Tous ces mots, chacun de ces mots ont eu des effets sur nos vies et notre histoire commune. Je me suis pliée au jugement des autres, j’ai fini par intérioriser ces mots, par croire que ma vie ne valait pas grand-chose. Et je n’avais pas les mots pour dire l’injustice, les mots pour dénoncer, les mots pour me défendre.

Je me suis bien rattrapée depuis, il est vrai, mais à partir seulement du moment où j’ai rencontré le Mouvement. C’est à partir de ce moment-là que j’ai osé, parlé, écouté, dénoncé, revendiqué, exprimé, contrôlé mes propos, réfléchi, appris à croire que je n’étais pas nulle et que mon milieu était porteur de valeurs. J’ai appris avec le Mouvement à découvrir notre intelligence commune, notre solidarité, notre sagesse. Voilà de nouveaux mots qui ont pris sens en moi, et j’ai découvert que ces mots pouvaient aussi se transformer en action.

(extrait figurant sur le site de l'éditeur)
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