Loin, très loin de tout

Puis nous sommes revenus vers les dunes pour rallumer le feu car il commençait à faire froid, et nous avons laissé de côté les problèmes, les histoires de parents et de voiture, d'ambition et de réussite. Nous avons parlé de la vie. Et nous avons décrété qu'il était inutile de s'interroger sur la signification de la vie car la vie n'est pas une réponse, la vie est la question et nous sommes, chacun d'entre nous, la réponse. Et la mer était là, à dix mètres, qui se rapprochait, il y avait juste au-dessus le ciel et dans le ciel le soleil qui se couchait. Il faisait froid et ce fut le grand moment de ma vie.

Un mot encore au sujet de l'humour sérieux : ce n'est pas si simple que l'on pourrait le croire. Les femmes d'un certain âge disent parfois des choses incroyablement drôles et les messieurs, en vieillissant, deviennent souvent d'un ennui mortel.

Je réalise aujourd'hui que son besoin de moi était aussi impérieux que celui que j'avais d'elle.

- Moi, je suis un singe, dis-je. Qui essaie de faire l'homme.
- Tu le fais bien. Mieux que personne. (p.95)

J'avais décidé que j'étais amoureux de Natalie. Je n'étais pas tombé amoureux d'elle : je vous prie de noter que je n'ai pas dis ça. J'avais décidé que j'étais amoureux d'elle.

- Je ne sais pas quoi faire, lui dis-je. Tu comprends, je suis censé continuer à vivre pendant toutes ces années à venir et je ne sais pas comment.
- Tu veux dire plutôt que tu ne sais pas pourquoi ?
- Sans doute. (p.94)

Si mes efforts n'aboutissaient pas à faire de moi un type normal, ils réussiraient au moins à en produire une honnête imitation pendant une bonne cinquantaine d'années. (p.76)

Si je ne pouvais pas quitter la route par inadvertance et me tuer, eh bien, je continuerais de vivre. L'une et l'autre tentatives s'étaient révélées tout aussi dérisoires. (p.76)

Elle avait ramassé quelques galets mais ils étaient, pour la plupart, de ceux qui sont si beaux lorsqu'ils sont mouillés et qui perdent tout éclat une fois secs. (p.67)

Nous avons décrété qu'il était inutile de s'interroger sur la signification de la vie car la vie n'est pas une réponse, la vie est la question et nous sommes, chacun d'entre nous, la réponse. (p.52)