Citations sur Terremer, tome 3 : L'ultime rivage (30)
De jour comme de nuit, les radeaux dérivaient vers le sud, mais il n'y avait jamais aucun changement dans la mer, car ce qui change constamment ne change pas réellement.
Arren ne savait pas où il lui faudrait aller, ni quand, ni pourquoi. Il était déconcerté , décontenancé par ces hommes terribles, honnêtes et graves. S'il avait eu le temps de réfléchir, il n'aurait rien pu trouver à dire . Mais il n'avait pas le temps de réfléchir, et l'Archimage lui avait demandé : " Veux-tu m'accompagner ?"
"Tu vois, Arren, qu'un acte n'est pas, comme le croient les jeunes gens, pareil à un caillou qu'on ramasse et qu'on jette, qui touche son but ou le rate, et rien de plus. Quand on ramasse ce caillou, la terre est plus légère, et la main qui le prend plus lourde. Quand on le lance, le parcours des étoiles en est affecté, et quand il frappe le but ou le manque, l'univers en est changé. De chacun de nos actes dépend l'équilibre du tout. [...]"
Durant tout ce temps, Arren avait ressenti une horreur pesante, malsaine, qui grandissait en lui, le retenait d'agir, et paraissait d'évider son corps en fils minces et obsurcir son esprit. Aucun courage ne se faisait jour en lui pour résister à cette peur, seulement un sourd ressentiment contre son sort.
U. Le Guin, dans la postface :
Being an irreligious puritan and a rational mystic, I think it’s irresponsible to let a belief think for you or a chemical dream for you.
Strange roads have strange guides.
For discipline is the channel in which our acts run strong and deep; where there is no direction, the deeds of men run shallow and wander and are wasted.
Do you see, Arren, how an act is not, as young men think, like a rock that one picks up and throws, and it hits or misses, and that’s the end of it. When that rock is lifted, the earth is lighter; the hand that bears it heavier. When it is thrown, the circuits of the stars respond, and where it strikes or falls the universe is changed.
When I was young, I had to choose between the life of being and the life of doing. And I leapt at the latter like a trout to a fly. But each deed you do, each act, binds you to itself and to its consequences, and makes you act again and yet again. Then very seldom do you come upon a space, a time like this, between act and act, when you may stop and simply be. Or wonder who, after all, you are.
J'ai fait mes propres choix et j'ai accompli ce que je devais faire. Je me tiens dans la lumière du jour, face à ma propre mort. Je sais qu'il n'est qu'un seul pouvoir qui vaille que l'on possède. Et c'est le pouvoir non pas de prendre, mais d'accepter. Non pas d'avoir, mais de donner.