5.
Terremer, tome 3 : L'ultime rivage
Ursula K. Le Guin
3.93★
(267)
Je considère "L'Ultime rivage" comme le meilleur des trois romans de Terremer que j'ai lus pour l'instant.
Une digression pour commencer: J'ai découvert l'univers de Terremer par le film du Studio Ghibli, "Les Contes de Terremer". Celui-ci, réalisé par Goro Miyazaki, le fils du grand Hayao Miyazaki, est " librement inspirée des premier, troisième et quatrième livres du cycle de Terremer, de Ursula K. Le Guin : le Sorcier de Terremer, L'Ultime Rivage et Tehanu" (Wikipedia). Je me demande bien pourquoi, car non seulement ce roman est bien meilleur que le film, mais rien que le voyage dans la Contrée Aride (comme est nommé le monde des morts) aurait donné l'occasion d'une scène d'animation d'anthologie. Or, point de Contrée Aride dans le film.
Les dragons sont également sous-exploités dans le dessin animé, alors que dans "L'Ultime rivage", on apprend à mieux les connaître. Ce ne sont pas que des animaux, ils possèdent un langage. Ce ne sont pas que des créatures maléfiques et perverses comme on peut rencontrer dans les contes de fées, certaines mythologies occidentales, l'univers de Tolkien ou même tels que ceux dépeints dans "Le Sorcier de Terremer". On en découvre deux qui sont devenus les amis de Ged, sans pour autant être comme Fuchur (Falcor) dans "L'Histoire sans fin". On a plutôt l'impression d'êtres supérieurs, par-delà le Bien et le Mal, qui verraient les humains comme des insectes, mais capables de collaborer avec des mages d'exception pour sauvegarder l'Équilibre.
Le roman offre également deux images de l'humanité. D'abord, lors du passage des personnages à Horteville, on est confronté à une humanité détestable composée d'escrocs, de vendeurs de hazia (une drogue qui réduit les consommateurs à l'état de morts-vivants) et de pirates esclavagistes. Les habitants de Lorbanerie ne sont pas tellement plaisants non plus, mais pourraient à la rigueur être excusés par leur désespoir et leur perte de joie de vivre.
Au contraire, les Enfants de la Haute Mer, peuple nomade vivant sur des radeaux au beau milieu de la mer occidentale, pourraient éventuellement commencer à faire germer en nous l'idée qu'il ne faudrait éventuellement pas totalement désespérer de l'humanité.
Cette fois-ci Ged, devenu Archimage, voyage en compagnie du prince Arren d'Enlade. On voit évoluer ce dernier, adolescent au début du roman, jusqu'à ce qu'il devienne un homme et le nouveau roi de l'Archipel. Il passe souvent de l'élan chevaleresque qui le fait d'abord se mettre au service de Ged, puis qui l'aide à aller dans la Contrée Aride et en revenir; à des périodes de doute et de désespoir. Ces changements d'humeur semblent cependant plus logiques et compréhensibles que le comportement de Tenar dans "Les Tombeaux d'Atuan".
Certes, je ne sais pas encore ce que réserve le prochain roman, "Tehanu", mais je pense que si vous ne devez lire qu'un seul livre du Cycle de Terremer, c'est celui-ci.