Les relations entre les parents et les auteurs ne cessent d'alimenter les différentes chroniques, parfois pour le pire et souvent pour le meilleur. Cette rentrée d'hiver littéraire 2020 n'échappe pas à la règle avec plusieurs ouvrages dauteurs qui ne cessent d'écrire sur leurs parents, souvent en transcendant ce genre assez éculé.
Après Rachid Benzine et
Régis Jauffret , la grande romancière
Linda Lê prend également la plume en ce début d'année pour adresser une longue missive, presque un monologue obsédant qui tire vers le soliloque, à sa mère qui vient de décéder.
Avec «
Je ne répondrai plus jamais de rien »
Linda Lê est d'ailleurs plus proche de Jauffret que de Benzine en tant de réinventer une nouvelle vie et de broder les trous de la vie de cette mère qui ne lui a pas tout dit.
Surtout, cette mère qui a souffert d'un "mari" - le père de la narratrice mais que cette dernière refuse de nommer ainsi- qui a préféré
fuir et les laisser tous les deux.
A la recherche de sa vérité,
Linda Lê lance un cri du coeur pour refuser ce que cette mère meurtrie et résignée a accepté cette situation et cette absence si prégnante d'un père qui n'aura pas rempli sa mission première.
L'auteure a des sentiments ambivalents pour sa mère dans cet éloge funèbre qui pourrait virer au réglement de compte mais qui , grâce à la plume délicate et inventive de
Linda Lê possède une grâce et une indéniable poésie lancinante.
Passé et présent se rejoignent en un seul élan pour tenter de résoudre post mortem les malentendus et les incompréhensions du vivant. Un texte court et acéré qui laissera peu de répit au lecteur ravi de voir la parole se délier et le langage prendre une forme aussi radieuse, malgré la colère et l'amertume, parfois..
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