« Je ne pouvais pas me retenir de penser, devant la réaction de ton mari, que ta mort correspondait bien à cette phrase répétée sans cesse les derniers mois,
Je ne répondrai plus jamais de rien. »
Avec ce nouveau
roman à une mère, partie pour le néant ou un ailleurs,
Linda Lé reprend comme beaucoup d'auteurs en cette rentrée littéraire, un thème bien connu : l'écriture à un être cher, disparu en laissant des questions, des non dits.
Ce texte semble avoir été écrit d'une seule traite : pas de temps de respiration, un cri long, déchirant parfois, de colère souvent, d'incompréhension, mais aussi d'amour.
Pas de chapitres, peu de paragraphes, une mère apostrophée sur chaque page, un père qu'elle ne peut nommer si ce n'est « ce traite de Jason » ou « ton mari ».
Cette lette de colère est d'abord l'expression d'un besoin. Pourquoi et où cette mère aimante, douce, triste, qui a élevée seule sa fille, a-t-elle disparu durant 8 mois?
Huit mois durant lesquels cette mère s'est volatilisée, "comme si elle s'était diluée dans l'air".
Huit mois durant lesquels elle a rencontré Unica qui elle aussi entendait des
voix, des
voix hurlantes, lui criant « taie toi! Tu n'as pas à traîner sur cette terre qui est faite pour les gens sains, optimistes, alors que toi tu es un cloporte ».
Tout cela a été consigné dans un petit carnet rouge. Mais ce n'est pas assez, l'auteure veut en savoir plus. Alors elle va aller voir ce père qu'elle a détesté pour lui annoncer la mort de sa mère.
Les redites sont nombreuses, le format retenu oppressant et parfois lourd mais cette lettre d'amour aborde avec délicatesse et retenue la maladie mentale, l'internement, la psychose.
Elle est cathartique et aidera l'auteure à aller sur la voie de la résilience avec elle-même et d'une certaine façon avec cette mère disparue.