AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,75

sur 6 notes
5
2 avis
4
1 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bréchéliant est une fable où l'auteur s'est aventuré vers le mythe originel, la forêt du secret, l'eau de la légende vive. Car l' » amour de loin » des troubadours ou de Lancelot du Lac est une habile métaphore, non seulement de la lecture, ce périple immobile, mais de la nature même du désir, qui est toujours un au-delà, toujours sur l'autre rive, de l'autre côté de la glace, dans une attente qui signe conjointement l'exacerbation et l'abolition du temps. À l'image de l'errance infinie du Chevalier, ou de la veille interminable de la Dame de la plus haute tour, dont nous trouvons dans ces pages une nouvelle incarnation émouvante.
L'intrigue de Bréchéliant est aux antipodes d'une histoire qui se conterait – et se compterait – en quelques mots. La trame, nous le disions, est tout entière dans le décor même de la chronique, dans les bornes milliaires de la vie quotidienne aux jours lointains d'Excalibur et de la dormition du roi Arthur. Paradoxalement, l'atmosphère fait songer à l'un des récits les plus contemporains de Julien Gracq, Un balcon en forêt (1958), pendant la « drôle de guerre ». Dans l'incertitude et l'indécision qui marquèrent le préambule de la Seconde Guerre mondiale. On observe (on s'observe) et on attend. Comme l'oreille musicale guette le retour du leit-motiv. le blockhaus – nouvelle métamorphose du château fort – est l'armure et le belvédère. le havre aussi, où les yeux et le coeur couvent leurs songes, caressent leurs évasions. La durée prend une autre substance, comme un tapis de feuilles qui s'épaissit jour après jour. Et comme une lande s'abandonne au regard, sommeilleuse.
Dans Bréchéliant, le lecteur retrouvera toute la densité littéraire, et la diversité d'Annick le Scoëzec Masson. Dans une langue tantôt rêveuse et chatoyante, tantôt terrienne et savoureuse, toujours allusive à ce point de fuite du temps et de l'espace qui est le champ de notre mémoire et le terreau de nos désirs – dont l'origine remonte à l'étoile, justement, le sidus, la constellation sidérante. Écoutons la conteuse nous convier à l'assemblée des elfes, dans la clairière des géants d'écorce et de mousse, autour du feu de joie qui renaît chaque nuit. Écoutons la nostalgie et le vouloir, le passé et le futur qui trouvent leur lieu de rendez-vous, aurait dit Carlos Fuentes, dans la « consécration de l'instant, scellée par la fable des origines ». Oui, pour toujours et à jamais, il était une fois...
Commenter  J’apprécie          200
Ce roman est comme une tapisserie de haute lice dont la chaîne serait l'histoire de la dame, recluse dans la tour d'un château breton depuis le départ de son seigneur aux Croisades, avec, pour seules compagnes, sa lectrice, Ariane, qui l'initie à la poésie occitane et à l'amour courtois, et sa belle-soeur, confidente, amie et complice d'un terrible secret qui l'empêche de trouver le repos de l'âme et rend vain les élans mystiques qui occupent son esprit tourmenté. La seconde partie du cadre est, bien sûr, occupée par l'arrivée d'un étrange naufragé qui rompt un équilibre précaire, accélère et dénoue le drame déjà en germe dans le huis clos de la première partie.
Quant à la trame de cette tapisserie à laquelle je me plais de comparer Bréchéliant, elle serait composée d'une multitude de références culturelles et littéraires, d'allusions aux usages et traditions de Bretagne, de légendes et de poèmes qui tiennent du monde celte aussi bien que de la lointaine Occitanie. L'ensemble donne un entrelacs de fils, merveilleusement servi par une langue fine et ciselée qui a su créer une atmosphère de mystère et de langueur et suggère le passage des saisons et la profondeur de la terre de Brocéliande, avec ses êtres énigmatiques, ses secrets maléfiques et la rumeur infinie de l'océan en toile de fond.
En outre, comme une tapisserie a besoin d'être admirée à plusieurs reprises et vue de loin et de près pour pouvoir être appréhendée dans toute sa richesse, ce roman gagne à être lu plusieurs fois, la première lecture vous entraîne dans un monde étrange et déroutant de mélancolie, d'inquiétude, et de cruauté, les suivantes éclairent certaines énigmes, répondent au fur et à mesure aux questions posées par le déroulement du drame et permettent de méditer sur quelques sujets choisi, tel celui de « l'amour de loin » au coeur des échanges entre la dame et sa lectrice.
Bref un beau roman, un petit bijou à garder précieusement.
Commenter  J’apprécie          180


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3205 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}