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Critique de LesProsesdumonde


"Le coeur est fatigué, le coeur est rafraîchi par le chagrin."

En 1964, Violette Leduc fait paraître La Bâtarde, premier tome autobiographique qui seront au nombre de trois — s'ajoute en 1970 La Folie en tête et en 1973, publié de manière posthume, La Chasse à l'amour.

Trois titres caractéristiques de la vie de l'auteure : obligée de vivre avec ce statut de bâtarde qui lui colle à la peau ; atteinte d'hallucinations vers la fin de sa vie, sa santé mentale était pour le moins fragile ; éternelle insatisfaite, Leduc souhaitait vivre un amour vrai, intense, durable. Malheureusement ça n'a pas été le cas.

La Bâtarde paraît à une époque où l'auteure est encore largement méconnue malgré les diverses tentatives de Simone de Beauvoir— c'est grâce à elle si en 1947, Leduc fait paraître son premier roman, L'Asphyxie — qui décide alors d'en écrire la préface.
Et quelle préface ! tout en grandiloquence, en éloges pour une écrivain sensible et malheureuse.

La Bâtarde reprend et synthétise d'une certaine façon les histoires racontées dans ses premiers romans : L'Asphyxie, L'Affamée, Ravages tout en ajoutant une dimension véridique à l'entreprise.

La Bâtarde est un ovni, oscillant entre autobiographie dans son sens traditionnel et journal de bord parfois. On se perd dans les temporalités, dans les adresses aux personnages ou au lecteur. Parfois elle divague et va écrire quelques pages qui, quand on regarde dans la totalité, représentent des sortes d'îlots, de petits éléments indépendants des autres.

Quand m'embrasseras-tu jusqu'à ce que je demande grâce ? J'embrasse tes phrases, j'embrasse tes mots, je promène mes lèvres sur ton papier à lettres. Quand seras-tu dans mes bras ?

La Bâtarde est un texte foisonnant et complexe où l'auteure nous perd parfois, où on a souvent reproché l'aspect précieux de l'écriture de Violette.
Pourtant, il a failli remporter le Goncourt de cette année-là (décerné à Georges Conchon pour L'État sauvage) et il lui a permis de connaître la renommée.

Violette Leduc est rapidement retombée dans l'oubli, comme si son écriture tenait de l'éphémérité, comme si elle n'était pas assez talentueuse pour avoir droit à la postérité.
Mais ça c'était avant, avant que les courants féministes s'en emparent et en face un symbole.
Je ne suis pas certaine que Leduc aurait accepté d'être utilisée comme exemple, je ne suis pas certaine non plus qu'elle mérite uniquement d'être connue comme une des premières femmes ayant écrit sur son homosexualité — qui relève plutôt de la bisexualité puisqu'elle a aimé autant d'hommes que de femmes.


Mon avis est en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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