Voilà un bon moment que je ne m'étais pas replongé dans une fresque familiale et j'ai plutôt apprécié ce voyage coréano-japonais !
J'avais déjà lu et vu plusieurs documentaires sur ce pan de l'histoire coréenne et japonaise alors j'étais encore plus curieuse d'en apprendre un peu plus grâce à ce roman.
Malheureusement, de ce coté-là,
Min Jin Lee ne s'est pas appesanti préférant narrer en filigrane
L Histoire à travers la vie et la descendance de Sunja.
La première partie du roman m'a beaucoup plu car on a découvert Sunja, enfant, vivant les dernières années de sa vie sur le sol coréen avec autant de naiveté et de bonheur que peut être l'enfance. Puis c'est à travers ses yeux que l'on voit arriver la domination japonaise puis l'exil quasiment forcé car se retrouvant enceinte après avoir succombé aux sirènes de l'amour d'Hansu, elle n'aura d'autre choix que de fuir au Japon avec un homme providence qui lui assura une sécurité aussi petite que possible !
Et c'est ainsi que l'on découvre les bidonvilles coréens aux portes des grandes villes japonaises et qui de part leur misère ont fini par avoir, malgré eux, une réputation infondée et injuste.
Mais pas seulement car si les coréens riches peuvent s'assurer une place plus charitable; grâce à leurs connections avec les hautes sphères japonaises, il y aussi ces japonais laissés pour compte qui vivent tout de même à leur coté.
Et en cela, le roman est très riche d'informations sur les conditions de vie de ces exilés qui tout le long de leur vie n'auront jamais eu la possibilité ni de rentrer en Corée (car entre mort prématurée, misère et mépris de la classe aisée restée là-bas ne tolérant pas leur double nationalité le retour est impossible) ni d'être accepté comme partie intégrante des citoyens japonais car jugés comme des exilés sans possibilité d'ascension pour peu que les connections familiales ou relationnelles ne le leur permettent pas...
Et en cela, le roman devient universel car pour peu que l'on soit immigré dans un pays ou que l'on soit enfant ayant double ou triple appartenance, "l'identité" est une chose totalement abstraite et arbitraire pour peu que l'on soit assigné à être ceci ou cela juste parce que l'on vient de telle ou telle famille, que l'on a telles ou telles origines....
Universel et toujours d'actualité malheureusement !
Dans les autres chapitres, Sunja n'est plus au 1er plan et laisse la place à celles de ces fils dont on suit l'enfance, l'adolescence puis l'âge adulte pour clore avec celle des petits-enfants.
Ce parti pris de changer les protagonistes en se focalisant sur la descendance est en soi plutôt intéressante car cela permet aussi de changer de mentalité, de vision sur le monde. Car si Sunja est une coréenne déracinée; ses enfants grandissent au Japon et vont donc soit s'intégrer soit au contraire se rebeller contre ce pays inhospitalier.
Et c'est encore plus édifiant avec la vision du petit-fils qui lui n'a pas connu la guerre et part même étudié aux Etats-Unis mais qui malgré tout, porte en lui des bagages qui ont leur importance quant à ses choix de vie.
Mais là où l'épopée de Sunja était captivante et prenante, celle de ses descendants semblent plus superflues, moins emballées. Les réflexions sur leur double appartenance, sur leur choix intellectuel ou leur volonté d'exister restent intéressantes mais j'ai eu moins d'intérêt à les suivre.
Et je pense que d'avoir mis de coté Sunja et Hansu, ne leur donnant que des rôles mineurs durant ces chapitres a crée une sorte de décalage dans le rythme du roman.
Mais
Pachinko reste assurément un livre riche, très fort et il a le mérite de mettre en lumière ce rapport très complexe qui existe encore aujourd'hui entre le pays des matins calmes et celui du soleil levant !