Hors d'un champ d'opération, je suis timide. Je suis capable de l'immobiliser d'une main, de lui péter la colonne vertébrale d'un seul mouvement,je peux lui faire avouer ce que je veux, mais j'ai du mal à lui parler en la regardant dans les yeux.
J'ai passé ma journée dans la roue de ceux de devant, je ne sais même pas si on a longé le Mont-saint-Michel ou traversé le viaduc de Millau...
Ce qui me frappe d’abord, ce sont les gens qui nous encouragent. Ils sont partout. J’ai l’impression que mon cerveau se divise en deux : une moitié pour l’enquête, une moitié pour la course. J’aurais dû faire trois quarts pour l’enquête et accepter d’être minable en course, mais c’était plus fort que moi. Je ne crois pas que le voleur ou l’acheteur soit un coureur. Alors je me concentre sur les membres des staffs, les accompagnateurs, la presse et les représentants des sponsors.
Le Tour de France est un vrai cauchemar à filtrer : la foule partout, des gosses, des vieux, tous les pays, une nouvelle ville tous les jours, du mouvement, les médias, du bordel… Autant traquer un grillon dans une invasion de sauterelles. Ils ne savent ni où, ni comment le contact se fera, mais ils sont persuadés que c’est leur dernière chance de récupérer le bijou avant qu’il ne soit vendu en pièces détachées. Pour eux, la seule solution serait d’avoir un homme dans la course.
Le prologue est un contre-la-montre. J'arrive 133e sur 198. Je ne suis pas près de toucher la peluche...