Finalement, quand on y réfléchissait bien, qu'est ce qui forçait les gens à coller leur cul dans une boîte volante ? En réalité, ils étaient désormais tellement habitués à voyager vite d'un point à l'autre du globe que les longues nuits en car ou en train relevaient désormais de l'héroïsme.
Je me souvenais que, même à l'armée, il y avait des cas désespérés, des mecs incapables de chier dans les bois alors que la plus grande partie de l'humanité n'avait même pas de papier toilette pour se torcher le cul.
Moi aussi, j’étais loin de ma Finlande, dans un pays dont je ne parlais pratiquement pas la langue. Je ne savais même pas où j’allais passer la nuit prochaine, comment retrouver du boulot et de nouveau percevoir un salaire. Les vains bonheurs de ce monde infidèle, N’enfantent rien que regrets ou dégoûts, Nous avons soif d’une joie éternelle…
Que m’importait les splendeurs du printemps toscan… J’aurais tout aussi bien pu me trouver en plein désert, sur des dunes balayées par le vent ou même sur la lune, parce que j’étais complètement perdue.
C’était étrange de parler en anglais avec David avec qui je communiquais en suédois habituellement, mais c’était, dans les circonstances actuelles, la solution la plus sage. David avait quelques notions de finnois, mais je ne l’avais appris qu’au moment où je l’avais cru mort. C’était d’ailleurs l’un des nombreux détails qu’il m’avait cachés, à l’époque, en dépit de notre intimité croissante. David s’était initié à l’espagnol sans difficulté et semblait se débrouiller en italien : la maîtrise de plusieurs langues étrangères était la condition de sa survie dans un monde qui lui réservait, inlassablement, des surprises.