Ainsi, pendant ces mois d’été, telle fut ma seule et secrète escapade. Je me fourvoyais dans des promesses que je pensais accessibles, mais qui étaient en vérité, aussi inutiles qu’un arbre au milieu d’un océan. Certains soirs, je ne faisais que passer en coup de vent, simplement pour l’apercevoir et je ne voyais d’elle qu’une ombre éphémère, de son dessin qu’une esquisse, mais de cette brève apparition, naissait l’espérance d’un lendemain irrésistible. Je redevenais alors l’enfant impatient des nuits de Noël avant que le sommeil ne s’impose à mes paupières, et parfois, comme une offrande déposée au pied d’une cheminée, les mots de Camus montaient à mes lèvres...
Là, nous regardions la nuit tomber. Et à cette heure où l’ombre qui descend des montagnes sur cette terre splendide apporte une détente au cœur de l’homme le plus endurci, je savais qu’il y aurait eu de la douceur à s’abandonner à ce soir si surprenant et si grandiose... comme un interdit sur la beauté du monde.