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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Préalable indispensable pour lecteur pressé: il s'agit d'un long roman de 800 pages , un récit épique qui se passe au Groenland à la fin du 19° siècle



Ici pas de folklore ou de descriptions touristiques, d'envolée lyrique súr la beauté des icebergs ,súr la glace éternelle, ou cette magnifique capacité d'adaptation de la population à vivre en milieu hostile

Tout est difficile, le climat ,les gens, les conditions de vie, les relations humaines , la situation politique ( la colonisation du Groenland par le Danemark)

Il s'agit d'une aventure humaine complexe, celle d'un pasteur atypique persuadé , comme bien d'autres d'avoir le bon rôle, celui d'apporter la religion et la civilisation chez ces peuplades "sauvages"

Petit à petit, tout va se dégrader, physiquement d'abord, puis spirituellement

L'idéal des Lumières, de Rousseau, se heurte à la réalité quotidienne, celle de la survie , des besoins primitifs tant alimentaires que sexuels, à la colonisation danoise avec son lit classique d'arrogance et de cruautés

Il est aussi confronté à la réalité de son propre désir.Petit à petit ,les "Dix Commandements" s'effacent, le doute s'insinue

Morgan décide de rentrer à Copenhague.Y trouvera-il la sérénité, la paix intérieure perdue pendant toutes es années au Groenland ce pays "qui prend beaucoup" .A vous de le découvrir

Un roman très abouti , un début très surprenant qui captive, un voyage initiatique , un fjord de l'Eternité qui ne s'oublie pas
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Vous ne pourrez pas dire que personne ne vous avait prévenu. Ce livre est un énorme pavé qui nécessite du temps et de la disponibilité.
Et pourquoi donc me direz vous ?
Ce n'est pas par le style qui est agréable.
Ce ne sont pas par les personnages que nous découvrons avec sympathie.
Ce ne sont pas les lieux qui bien qu'inhospitaliers, attirent notre curiosité.
Ce n'est pas l'histoire qui ne fait que refléter la vie d'un homme bien que son destin soit fort riche.
Ce ne sont pas les commentaires des chapitres avec des citations religieuses qui nous semblent parfois un peu obscures, mais il s'agit de la vie d'un pasteur alors pourquoi pas !

C'est la chronologie du récit qui m'a obligé à me poser et à effectuer des retours arrière.
De plus, les excuses ou les explications bibliques qui accompagnent les actes décrits m'ont énervées. L'époque me rend allergique à ces sentences allégoriques, quel connerie, mais quelle connerie !
On commence très très fort, nous sommes le 14 aout 1793, nous faisons connaissance avec la veuve, enfin pas pour très longtemps, car "Jésus Christ, notre seigneur, que ta grâce soit avec nous pour les siècles des siècles. Amen".
Commencer un livre par un prologue qui aurait pu s'insérer au cours de la narration. Opération réussie, nous sommes happés par le récit et on veut comprendre.
Des temps très marqués, l'apprentissage de la vie, le voyage initiatique et le récit du constat d'un certain échec. Pas très habituel comme plan car l'explication viendra petit à petit, et nous l'entrapercevrons au travers de rencontres de personnages secondaires qui bien mieux que le pasteur nous feront ressentir le décalage inéluctable entre la théorie de la foi et la réalité de la vie sous des latitudes soient disant inhospitalières.
Ballade glaçante dans une époque et un monde marqués par le colonialisme et ses dégâts collatéraux.
La dernière page du livre refermée j'ai très envie de parodier Charles Trenet, et j'espère qu'il ne m'en voudra pas :
"Longtemps, longtemps, longtemps
Après que les poètes ont disparu
Leurs livres courent encore dans les rues
La foule les lit un peu distraite
En ignorant le nom de l'auteur
Sans savoir pour qui battait son coeur
Parfois on change un mot, une phrase
Et quand on est à court d'idées
On fait la la la la la la
La la la la la lé"
On ne ressort pas indemne de cette promenade dans le fjord de l'éternité et quand on ferme les yeux, on ressent cette brume légère qui enveloppe cette vallée et on devine encore ces pierres tombales qui ont su conserver leurs secrets et leurs mystères.
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Danemark, 1782. Morten Pedersen Falck, 26 ans, quitte sa région natale, en Norvège, pour étudier la théologie à Copenhague.

Les Prophètes du fjord de l'Éternité, c'est l'histoire d'un jeune norvégien qui, à la fin du XVIIIe siècle, cherche à être libre. Admirateur des philosophes des lumières, il devient pasteur au Groenland. Un lieu éloigné de tout, que l'on ne rejoint qu'après une longue et dangereuse traversée. L'auteur, Kim Leine, dépeint des personnages complexes, sans fards, à commencer par Morten Falck. Pas de clichés : son style est réaliste, parfois cru, et les sauvages ne sont pas forcément ceux qu'on croit. Pas de tourisme non plus : si le héros du roman voyage beaucoup, il n'y a pas d'accumulation de descriptions : elles sont sobres, justes et efficaces.

L'histoire est foisonnante, pas toujours facile à lire : l'intrigue, très maîtrisée, alterne les époques, les lieux, les personnages, même si le fil rouge du livre demeure le parcours de Morten Falck. C'est à la fois un tableau implacable (et très documenté, bien que le livre soit une pure fiction) de la vie au Danemark et au Groenland à la fin du XVIIIe siècle et un plaidoyer contre l'intolérance.

Un roman historique complexe, parfois éprouvant, mais toujours fascinant.
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Parfois, le simple pouvoir évocateur d'un titre suffit. Sans connaître histoire, contexte, auteur,  sans prescripteurs amis ou professionnels, on se lance comme un grand dans l'inconnu.

Morten Perdersen Falck, jeune norvégien, part étudier la théologie à Copenhague. Devenu pasteur avec résignation, le voilà embarqué pour une longue traversée jusqu'au Groenland, dans le but d'évangéliser les autochtones et garder les colons dans le droit chemin.

Mais le vernis de la civilisation fait long feu dans ce monde d'humidité et de glace qui recouvre tout. Les vestiges de morale semblent fondre comme neige au soleil.
Racisme des colons, corruption, violence, maladies, et une sexualité rampante et poisseuse, jusqu aux viols et incestes. Un monde oublié de Dieu. Litanie des 10 commandements, méthodiquement foulés au pied.

Car cette contrée est plus forte que tout. Plus que la bonne volonté humaniste, que l argent et le pouvoir. Un pays minéral et glacé, âpre et distant, tout comme l'écriture de cette histoire édifiante d'un échec avec les meilleures intentions.

Crise existentielle pour Morten. Rousseau n est plus d aucun secours. Diminué physiquement et moralement, le pasteur constate que sa quête humaniste à tout prix est absurde.
Il faut dire que le hiatus date, Morten voulait devenir médecin mais devint pasteur afin de contenter son père. Trop cartésien et éclairé par les Lumières pour se laisser aller aux superstitions, trop intéressé par la chair pour être un pur esprit, trop pétri de contradictions pour etre un bon éclaireur d'âmes. L'idealiste finira marqué corps et âme par ces contrées froides et ténébreuses, même apres les avoir quittées.

Déprimant, dites-vous? Certes. Mais bien plus que cela, dès l introduction cinglante et vertigineuse jusqu'à l'incendie expiatoire à son terme, la trajectoire est forte, intense, parfois éprouvante. Jusqu'au bout, des bribes d'humanité subsistent chez Morten, comme un lac de cendres recelant encore quelques braises en son sein.


Sur le sujet d'une évangélisation ratée aux bords du monde, dans cette absurdité vouée à l échec, j'ai beaucoup pensé à Court Serpent (se déroulant, lui, au Moyen-Âge), qui avait le mérite de la fulgurance grâce a sa concision cruelle, alors qu'ici le récit, par sa longueur, gagne en ampleur et complexité.
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Très grand cru que ce pavé nordique que l'on m'a prêté. Auteur inconnu pour moi. Kim Leine est dano-norvégien, mais surtout un grand écrivain très apprécié en Scandinavie, et très engagé pour l'autonomie du Groenland. Morten Falck, fils de pasteur, a suivi lui-même des études de technologie, et quitte Copenhague où il n'a pas fréquenté que des enfants de choeur. Sa quête d'un certain absolu, parfois de dissolu, le mène jusqu'aux terres glacées du Groenland. Il y assez peu de romans situés dans cette région ultime, en dehors des récits de science-fiction. Nous le suivrons pendant trente ans, à partir de 1782, cela inclut 1789 et ce n'est pas un détail. Car Rousseau, Voltaire et la révolution Française sont passés par là. Et c'est peu dire que Morten Falck, pasteur, aventurier, escroc, est une figure romanesque ambigüe, complexe et passionnante.

Après les frasques de la jeunesse de Morten c'est le voyage vers le Nord, rude et fascinant. La seule amie de Morten à bord est une vache laitière, Roselil, au destin tragique. L'humour n'est pas absent dans Les prophètes du fjord de l'Eternité. Devenu homme de Dieu, très tolérant sur certains plans, et digne d'un film de Bergman auquel on ne peut pas ne pas penser un peu, Morten débarque sur l'île continent, avec la charge de convertir les autochtones. Ces derniers sont parfois récalcitrants, ayant déjà subi la loi des colons du royaume du Danemark, où il y avait déjà quelque chose de pourri un siècle plus tôt (Shakespeare ne prend plus de droits d'auteur). Les femmes, la foi, la débauche, l'alcool, l'ignorance font bon ménage, façon de parler, dans ce bout du monde glacé, où l'on se parfume à l'urine et à la graisse de phoque.

Morten Falck a une mission, mais tout est difficile en ce pays. Il y a notamment des dissidents dans une île isolée et les fragiles idéaux de Morten vont se heurter aux croyances et moeurs pour le moins différentes de ces insulaires. Différents des continentaux, pas forcément pires. Une société arctique brutale et primitive face à la colonie danoise, policée en apparence mais tout aussi dangereuse. Paraphrasant l'un des grands Bergman, je dirais que L'heure du loup n'est jamais loin. Et Morten Pedersen Falck n'exorcisera jamais complètement le sang sur ses mains.

Mais Les prophètes du fjord de l'Eternité ne se limite pas à ces questions. le roman d'aventures, secret et initiatique, est tout aussi présent dans ce bouquin magistral. Un coup de maître. Par exemple les 80 dernières pages sont consacrées au légendaire incendie de Copenhague (Morten y est alors de retour) en 1795. le souffle sur les braises en est hugolien. Rien de moins. Et ce gros livre se lit sans peine, presque feuilletonnesque, un compliment sous ma plume.

KIm Leine, né en 1961, a vécu quinze ans au Groenland, terre qu'il aime mais dont il ne cache pas les revers. Eternelle dualité qui fit de lui un écrivain majeur, mais aussi, c'est bien sûr lui qui le dit, un toxicomane qui dut regagner la métropole pour se sevrer. Les sirènes nordiques ne sont pas toutes aussi fraîches que la celle d'Andersen dans le port de Copenhague.
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Une lenteur étudiée pendant la première moitié du roman nous amène à découvrir le quotidien d'un homme et son temps. En 1782, Morten Falck étudie la théologie à Copenhague mais rêve de médecine et d'aventure. Devenu pasteur, il s'embarque pour une mission d'évangélisation des indigènes au Groenland. Les dix ans qu'il passera sur ce territoire rude auront raison de sa santé et, par moments, de sa raison. Un roman historique qui ne nous épargne aucune scène crue et dont les descriptions sont intenses et ressenties : la promiscuité malsaine lors des longues navigations, la cruelle chasse à la baleine, les moeurs décomplexées des Inuits, le grand incendie de Copenhague en 1795. le personnage principal traverse aussi au cours de sa vie des remises en question qui lui feront poser des gestes hasardeux et périlleux pour lui et les autres. Un très bon roman historique qui se savoure patiemment.
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Né en Norvège, Kim Leine a longtemps vécu au Groenland. Il vit désormais au Danemark, et écrit en danois. Son roman a reçu le prix de littérature du Conseil Nordique.
Homme des lumières, Morten Falck embrasse la carrière de pasteur sans grande conviction. Il accepte malgré tout une charge pastorale au Groenland avec l'espoir de répandre le christianisme auprès des Inuit. Mais sur place, la société profondément divisée et corrompue ainsi que ses propres pulsions vont peu à peu tiédir ses idéaux. Ni simpliste ni complaisant, le roman dépeint un univers que l'on peine à imaginer, celui du Groenland du XVIIIème siècle. Au-delà du contexte historique, on suit le parcours d'un homme que les circonstances obligent à repenser ses convictions.
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Superbe fresque historique très bien écrite. Dommage que trop de flash-backs nuisent au confort de lecture.
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Une belle et grand épopée Groenlandaise au XVIII siècle
Un roman qui nous tient en haleine de la première à la dernière page
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