Comment dire… si on pouvait mettre plus que 5/5, je le ferais… ce livre est juste une pure merveille.
C'est l'histoire de Sahasrara, enfant aux grands pouvoirs recueilli par les Nains au royaume Denbas dans un contexte assez chaotique, peu après ce qu'ils appellent la Division. Saha est formé dans l'idée d'être le dernier héritier de Fafnir, le Dragon du Feu, et plus globalement le dernier héritier de la magie, qui a été reléguée aux oubliettes lors de la Division.
Mais Saha est aussi le descendant d'une race honnie, c'est un Dollan, et son visage, qui porte leur marque, est si monstrueux qu'il doit le dissimuler par un puissant sortilège, et que Saha lui-même ne peut même pas le regarder dans un miroir sans le briser…
Un jour, le royaume Denhaut demande aux Nains de leur offrir leur trésor, ce puissant mage, dernier héritier du grand Fafnir, en échange de leur liberté. Bien contents de se débarrasser de cet être étrange et disgracieux, ils ne se font pas prier, et Saha se trouve projeté dans le monde des Hommes, chez ses semblables, mais pas tout à fait… Persuadé qu'il est l'objet honteux d'une supercherie et qu'il ne mérite pas la place qu'on lui octroie, Saha s'adapte tout de même, se dissimulant toujours sous son capuchon et son sortilège, et met ses pouvoirs au service du royaume Denhaut, avec loyauté et succès. Il y fera notamment la rencontre de Galièn, semi-elfe séduisant et au caractère implacable, contraire exact de Sara, personnalité dont la douceur cache de grands tourments et qui se croit monstrueux. Mais ils finiront par se rendre compte qu'ils ne sont pas si différents que ça…
Je n'en dis pas plus sur l'histoire !
Du point de vue écriture, c'est juste un régal. La plume de
Syveline Lemaire est pleine de douceur, de fluidité, de poésie, et en même temps d'une précision redoutable, au point qu'on se sent entrer dans le moindre paysage, qu'on peut toucher chaque objet, effleurer chaque visage, chaque étoffe, ressentir chaque émotion, cerner chaque personnage au premier regard. L'oeil glisse sur les lignes, ligne après ligne, page après page, sans aucun obstacle, sauf celui du temps qui passe et du livre qu'il faut refermer parce quand même, il faut dormir un peu et aller au boulot !
Du point de vue histoire, là c'est une question de goûts, mais personnellement je l'ai trouvée superbe, prenante, intéressante, sans aucun couac. Les événements se suivent dans une logique pas forcément évidente sur le moment, mais qui le devient au moment venu. Et on ne s'ennuie jamais.
Venons-en aux personnages. Chaque personnage a sa place, son rôle à jouer, sa personnalité propre, ses qualités et ses défauts. Saha, malgré sa supériorité évidente (sauf pour lui), est un personnage qu'on aborde facilement, auquel on s'attache sans aucune hésitation. Puissant mais faible, fort mais fragile, inflexible mais doux, sûr de ce qu'il a à faire mais doutant de ses propres capacités et de sa légitimité, il est l'humilité incarnée, et sait pourtant se rendre indispensable, sans même s'en rendre compte… Galièn, sous ses airs durs, est lui aussi un être plein d'humanité, d'une intelligence vive et d'une loyauté à toute épreuve. Pour les autres personnages… à vous de vous faire votre idée !
Tout dans ce livre m'a plu, je n'y ai trouvé aucune fausse note. À moins que la suite, à paraître en décembre 2011, soit encore meilleure, celui-ci mérite amplement la place de coup de coeur de l'année. Vraiment, je suis sur le cul.