« La vengeance est un plat qui se mange froid « ou méfiez-vous de la rancune d'une femme. Ainsi pourrait - on en une phrase résumer ce roman qui fait suite à «
Au revoir là-haut » de superbe mémoire.
Nous avions quitté Madeleine épouse in fine d'une crapule sans nom alors que son fiancé, revenu de la boucherie de 14-18, croyait pouvoir enfin l'épouser. Elle a fait le choix de l'ambition et de la fortune facile. Femme d'un banquier désormais en prison, elle prend les rênes de l'affaire mais se fait copieusement dépouiller par son homme de confiance Gustave Joubert, escroc et constructeur d'avions à réaction, toute nouvelle invention, le frère de son mari, Charles Péricourt, et apprend l'odieuse agression par son jeune amant et protégé
André Delcourt sur la personne de Paul, son propre fils, paraplégique à sept ans après s'être jeté du haut de la maison sur le catafalque de son grand-père.
Cela semble simple : il y a les méchants (Gustave, André, Charles), les gentils (Madeleine et Paul), les aides à la vengeance, complices forcés ou payés (Léonce l'amie-traitresse et son premier mari Robert, le détective-amant Dupré) et les personnages folkloriques (la gentille nurse polonaise Vladi et la cantatrice obèse et patriote Solange Gallinato).
L'histoire tricote cette vengeance sur fond de crise de 1929, de montée de l'hitlérisme, du monde glauque de la banque et de la haute finance, de la fraude fiscale massive, de la politique : bref, un tableau peu réjouissant sur lequel se détache, tour à tour fragile et triomphant le personnage du jeune Paul dans son fauteuil de paralytique, fou de musique et conquis par l'art de la truculente Solange Gallinato (poulette, en italien!). Une vraie Castafiore !
Pour ma part j'ai adoré la scène qui donnera son titre au roman : les émeutes de contribuables qui lancent la grève de l'impôt ! Une idée à creuser peut-être ?
Comme dans son précédent roman, (qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu pour comprendre celui - ci),
Pierre Lemaître nous emmène avec lui dans cette histoire à la fois très sérieuse, nourrie de faits historiques (cf les remerciements), pleine de suspens comme un polar et très drôle. On sent déjà l'idée de la porter à l'écran tant certains passages semblent montés en plans cinématographiques.
Un vrai bon moment de lecture, intelligente et plaisante.