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Citations sur Sacrifices (158)

Lorsqu’il le découvre, Camille est tellement saisi qu’il manque la commande, s’y reprend à deux fois, stoppe, revient en arrière : il ne la reconnaît même pas. Rien de commun entre Anne, son teint lumineux, ses yeux rieurs, et ce visage baigné de sang, boursouflé, aux yeux vides, qui semble avoir déjà doublé de volume et perdu ses formes.
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Au début du braquage, l’homme qui reste près d’Anne a jeté de rapides coups d’œil vers elle mais comme elle ne bougeait plus, toute son attention s’est concentrée sur la surveillance des alentours. Il ne s’en occupe plus, il lui tourne le dos et ne s’aperçoit même pas qu’une rigole de sang a atteint son talon droit.
Anne, elle, sort à peine d’un cauchemar et cherche à donner du sens à ce qui se passe autour d’elle. Lorsqu’elle relève la tête, la caméra capte très brièvement son visage. C’est déchirant.
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C’est à compter de cet instant que l’organisation du braquage est prise en défaut. À partir du moment où, sur les images, on voit Anne bouger. C’est infinitésimal, ça ressemble à un geste réflexe. Camille a d’abord douté, pas certain d’avoir bien vu, mais oui, pas de doute, Anne bouge… Elle remue la tête, la tourne de droite à gauche, très lentement. Camille connaît ce geste, à certains moments de la journée, quand elle veut se détendre, elle fait jouer ses cervicales et les muscles du cou, elle parle du « sterno-cléido-mastoïdien », Camille ne savait même pas que ça existait. Évidemment, cette fois le mouvement n’a ni l’amplitude ni la quiétude du geste de relaxation. Anne est allongée sur le côté, la jambe droite repliée, son genou touche sa poitrine, la jambe gauche est étendue, son buste est tourné de travers, on dirait qu’elle est en train de se retourner sur elle-même, sa jupe, largement retroussée, exhibe son slip blanc. Le sang coule abondamment de son visage.
Elle n’est pas allongée, elle a été jetée là.
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Le braquage est très bien organisé, il dure moins de quatre minutes. L’heure a été bien choisie, l’arrivée par les toilettes bien réfléchie, les rôles sont répartis de manière très professionnelle : tandis que le premier homme rafle les bijoux des vitrines, le second, près de la porte, campé sur ses jambes, solide et décidé, surveille la boutique d’un côté, la galerie de l’autre.
Une caméra vidéo, située à l’intérieur du magasin, montrera le premier braqueur ouvrant les vitrines, les tiroirs et raflant la mise. Une seconde caméra couvre l’entrée de la joaillerie et une petite partie de la galerie marchande. C’est sur les images de celle-ci que l’on voit Anne allongée dans le passage.
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À constater la brutalité de ces hommes, on se demande vraiment si des prières, même ferventes, constituent une solution pratique. Peu importe, pendant les prières, on ne traîne pas, on ouvre toutes les vitrines et on vide le contenu dans de grands sacs en toile.
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La propriétaire de la joaillerie, elle, s’étrangle en découvrant le corps inanimé d’Anne tiré sur le sol par un pied, la jupe remontée jusqu’à la taille, et laissant derrière elle une large traînée de sang. Elle tente de prononcer un mot qui reste bloqué quelque part. Le plus grand des deux hommes s’est posté à l’entrée de la boutique, il surveille les abords, le plus petit s’est précipité sur elle, le canon de son arme devant lui. Il le lui rentre brutalement dans le ventre, à hauteur de l’abdomen. Elle retient tout juste une nausée. Il ne prononce pas un mot, ce n’est pas nécessaire, elle est déjà en pilotage automatique. Elle déverrouille maladroitement le système de sécurité, cherche les clés des vitrines mais elle ne les a pas toutes sur elle, elle doit se rendre dans l’arrière-boutique, c’est en faisant le premier pas qu’elle se rend compte qu’elle a pissé sous elle. Elle offre tout le trousseau d’une main tremblante. Elle ne le dira jamais dans aucune déposition mais à ce moment elle murmure à l’homme : « Ne me tuez pas… » Elle échangerait la Terre entière contre vingt secondes d’existence. Disant cela, sans qu’on le lui commande, elle se couche au sol, les mains sur la nuque, on l’entendra marmonner fiévreusement des paroles, ce sont des prières.
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Anne part en arrière, tente de s’agripper à quelque chose mais ne rencontre rien. Le coup a été si soudain et si violent qu’elle a l’impression que sa tête s’est détachée du reste du corps. Elle est projetée plus d’un mètre derrière elle, l’arrière de son crâne heurte la porte, elle écarte les bras et s’effondre au sol.
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Un des types, le plus petit, pousse un grognement, c’est peut-être un cri. Anne le regarde, il est ébahi. Elle tourne ensuite la tête vers l’autre. Il est plus grand, avec un visage dur, rectangulaire. La scène ne dure que quelques secondes mais les trois personnages restent muets, fixes, aussi stupéfaits les uns que les autres, tout le monde est pris de court. Les deux hommes remontent précipitamment leur cagoule. Le plus grand lève son arme, se tourne à demi, et comme s’il tenait une hache et s’apprêtait à abattre un chêne, il frappe Anne en plein visage avec la crosse de son fusil.
De toutes ses forces.
Lui explose littéralement la tête. Il pousse même un han qui vient du ventre, comme les tennismen quand ils tapent dans une balle.
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Anne parcourt les trente mètres qui la séparent des toilettes, elle pousse la porte et se trouve face aux deux hommes.
Ils sont entrés par l’issue de secours qui donne sur la rue Damiani et se dirigent vers l’intérieur de la galerie.
À une seconde près… Oui, c’est ridicule, mais c’est une évidence : si Anne était entrée cinq secondes plus tard, ils auraient déjà remonté leurs cagoules et tout aurait été bien différent.
Sauf que ça se passe ainsi : Anne entre, tout le monde est surpris et se fige.
Elle regarde tour à tour les deux hommes, surprise par leur présence, leur tenue et surtout leurs combinaisons noires.
Et leurs armes. Des fusils à pompe. Même quand on ne connaît rien aux armes, c’est très impressionnant.
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Elle pourrait revenir à la brasserie mais retrouver le serveur est une perspective assez décourageante. Elle s’apprête néanmoins à s’y résoudre lorsqu’elle aperçoit, devant elle, un panneau indiquant des toilettes publiques, ce qui n’est pas si fréquent dans ce genre de lieu. C’est un espace situé juste après la pâtisserie Cardon et la joaillerie Desfossés.
C’est à partir de ce moment que les choses s’accélèrent.
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