Ce jour-là, il fait un temps magnifique.
La cloche de l’instituteur et les cris des enfants
annoncent le début des grandes vacances.
Zora, sous la tonnelle, brode une robe de
cancan blanche.
Un terrible grondement de tonnerre la fait
sursauter. Elle se pique. Une goutte de sang
tache son ouvrage.
Ça ne lui était jamais arrivé. Elle se lève, va
vers le puits pour nettoyer l’étoffe.
Le ciel gris devient noir. Le vent, d’une violente
bourrasque, arrache le caban de Mattéo
qu’elle avait mis à sécher sur le fil à linge.
De grosses gouttes de pluie commencent à
tomber.
Mattéo a affronté bien des orages en mer,
mais jamais si soudains, ni si violents.
La gorge de Zora se noue.
Elle lâche son ouvrage et court.
Elle dévale la rue qui mène à la plage,
escalade les dunes.
Le sable fuit sous ses pieds. Elle glisse, se
relève, glisse encore. Arrivée au sommet des
dunes, Zora voit les barques.
Elles sont là. Toutes, sauf... celle de Mattéo.