Je m'attendais à lire un western féminin. C'est tout à fait autre chose. On a affaire à un roman féministe genré. le mythe de l'Ouest revisité à travers une grille de lecture militante.
le roman commence bien. Il se présente sous la forme d'un récit à trois voix reconstitué à partir de carnets intimes devenus des penny dreadfuls - récits à un penny - retrouvés dans une brocante, des archives sonores de la bibliothèque du Congrès ou des coupures de journaux. Les sources se chevauchent mais ce matériau composite (fictif) n'est pas un obstacle à la fluidité du texte.
Un gang de femmes a sévi entre 1873 et 1877 dans le Colorado. Á sa tête deux amies,
Margaret, une duchesse anglaise veuve spoliée par un riche propriétaire et Hattie, une esclave noire libérée au caractère bien trempé. Elles sont rejointes la dernière année par
Grace, une enquêtrice Pinkerton - sorte d'ancêtre privé du FBI - qui souhaite confondre cette clique. Atteinte du syndrome de Stockholm elle finit par se rallier à la cause.
Institutrice ou putain ? Point d'autre salut pour une femme seule en ces temps-là. S'en prendre à ceux qui l'ont dépossédée sera le moteur de
Margaret devenue Garret. L'équipe étoffée d'autres exclues de la société, va mener des hold-up d'où la violence est bannie. Elles vont devenir des
Robin des
Bois aidant la veuve et l'orphelin.
Si le gang peut continuer à vivre en toute impunité c'est aussi parce qu'il est composé de femmes, réalité totalement inconcevable à cette époque.
On suit sans déplaisir ces péripéties pendant un temps, celui de la présentation des situations, sorte de documentaire vivant. Par soif de reconnaissance Garet ne peut pas s'arrêter là. Il faut prouver que des femmes sont à la manoeuvre. le texte devient verbeux et moralisateur. Tout est dit et souligné à gros traits. Il ne reste aucune place à l'émotion. Les dernières scènes rocambolesques s'étirent. le grand raout final se transforme en explosion de violence et remet le récit sur les voies du western classique pour le faire dérailler de plus belle l'instant d'après en multipliant les sorties du placard. En toile de fond les luttes des femmes et du référendum pour leur droit de vote qui méritait probablement meilleur traitement.
Oublier le Wild
West et ses cowboys d'Hollywood est un parti pris louable. Mettre en avant le rôle des femmes, ainsi que celui des noirs, est plus encore méritoire. Relire l'histoire au prisme du genre en sortant la grosse artillerie ne m'a pas vraiment convaincue.
Je remercie Babelio et
Le Cherche Midi pour l'envoi du roman dans le cadre de l'opération
Masse critique.