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3,19

sur 140 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En plein centre du Massif central, dans une campagne délaissée, oubliée, l'incident d'une masure incendiée, et la rumeur vient réveiller les habitants et ressurgir les haines.
C'est un roman noir, qui met en scène des personnages cabossés, des taiseux, des hommes durs et des femmes qui subissent.
On y trouve l'intolérance, la peur de celui qui arrive dans ce pays et que l'on ne connait pas.
La nature est belle et froide, il y a le vent, la pluie, un pays rude. Les habitants sont à l'image de la nature.
Les personnages principaux, Louise venue vivre chez un couple de retraités, Laurentin, gendarme en fin de carrière accompagné de ses chiens, Eli, traumatisé par la perte de sa femme, et qui a mis le feu à la masure. Louise va le ramener chez le couple de retraités. Les jeunes s'ennuient et sombrent dans la délinquance. Les habitants sont aigris et ne supportent pas « l'étranger » qui arrive…..
Ce livre, c'est une ambiance, une atmosphère angoissante, une belle écriture poétique qui décrit superbement la beauté des paysages. Une certaine lenteur et en même temps un rythme soutenu.
J'ai apprécié ce livre, je ne l'ai pas lâché, lu au coin du feu. Alexandre Lenot a su me captiver par son langage en accord avec le paysage. J'attends son second roman.
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« Il était venu dans le Nord du Cantal, sur ces terres que tout le monde s'évertuait à fuir depuis au moins trois ou quatre générations, et il était aussi seul qu'il avait souhaité l'être, enfoui au bout de la vallée, pris entre des massifs noirs qui ne laissaient pas passer grand-chose. Seul avec ses épaules voûtées, sa barbe blanchissante, à l'heure de poser sa hache, de s'asseoir enfin. Seul accroupi dans la terre humide et les odeurs d'humus. Seul avec tout ce qu'il portait : la mémoire de ses combats, les douleurs de ses défaites, les cicatrices de leurs rêves. »

Ce nouveau venu dans le milieu du polar a choisi de situer son roman noir dans une province rurale qui dépérit où les taiseux ne parlent qu'aux taiseux, mais pas toujours. Avec ce gars qui erre puis qui est hébergé par Louise après avoir incendié son ancienne ferme les autochtones sont sur le qui-vive - la fragilité des relations se nourrit des rancoeurs. Eli et les autres, les quelques étrangers qui tentent de redonner de la couleur à cette communauté blafarde se sentent menacés. le venin est injecté qui, inéluctablement, fait vaciller cette communauté divisée dans une zone de turbulence qui prédit le pire.

« Elle entend le murmure du pays, tout près d'elle. Des questions ressassées des centaines de fois, au creux des jours et au soir avant de s'endormir, par ces hommes fatigués et brutaux, avides et peinés, qui sentent leur vieux monde s'embrumer peu à peu, parcouru par les vents et la mort, raviné par les pluies, isolé par des contreforts noirs, des routes trop peu nombreuses et trop difficiles à entretenir, des voies ferrées déficitaires et sans cesse menacées par des comptables dont les visages ignorent tout des morsures du vent. Un vieux monde qui leur a été légué mais que leurs doigts gourds et tordus n'arrivent plus à retenir. »

Le récit est porté par un style poétique qui surprend agréablement. Alexandre Lenot s'empare de ce territoire sauvage, se saisit de ses personnages avec une plume assurée qui ne fléchit jamais. Emporté par son onde le désastre annoncé vire au noir. Ce féroce duel révèle, sans distinction, toutes les blessures qui éclaboussent la glaise vierge, tous les espoirs envolés dans ce ciel pur, toutes les haines qui reposent désormais dans les sous-bois endormis. Un premier roman noir, rural, qui laisse augurer le meilleur pour l'avenir littéraire de son auteur.

Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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Comment écrire une critique sur ce livre ? Pas facile.
Je lui ai donné 4 étoiles, mais c'est peu par rapport à son originalité, et je ne peux pas lui en donner 5, certains détails m'ont laissée un peu sur ma faim.
Il a beau être publié dans la collection Actes noirs, ce n'est pas un polar.
La nature et les endroits reculés ont beau tenir une grande place dans l'histoire, ce n'est pas un roman de terroir....
D'un autre côté, je déteste classer les choses dans de petites cases avec des étiquettes bien nettes dessus !
L'écriture est belle, mais il y a peu de dialogues, la communication passe plutôt par les yeux, les gestes.
Un roman atypique, ça c'est certain ! Au départ, j'étais attirée par l'écriture, mais je ne suis entrée dans l'histoire elle-même qu'à partir du milieu du livre, où ça bouge un peu plus et où j'ai pu m'identifier à certaines situations (après tout, je vis pour l'instant dans un petit village où on n'aime pas le changement).
Les personnages de femmes sont prééminents, les hommes ne sont pas laissés pour compte.
Je ne sais pas quoi ajouter d'autre, honnêtement.
Pour un premier roman, il est bluffant ! Je lirai son suivant avec intérêt.
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Nous sommes dans le Massif Central, dans une petite ville aux confins de montagnes hostiles, de bois épais et de pâtures stériles. Il n'y a plus d'industrie, plus de commerces, le silence et l'ennui règnent en maitres.
Certain.e.s vivent là parce qu'ils l'ont choisi, fuyant la vie urbaine, un mariage raté ou le souvenir d'un traumatisme qui ne passe pas.
D'autres y sont né.e.s et ont été façonné.e.s par la rudesse de ces lieux où ils se trouvent coincé.e. s sans espoir d'en partir ; de toutes façons, leur méfiance envers tout ce qui ne leur ressemble pas empêchera toujours ces âmes étroites d'envisager un ailleurs meilleur.
Inutile de préciser que dans ces lieux, l'étranger est toujours un ennemi. Alors, forcément, quand un vagabond s'installe là, il rencontre certes des soutiens, peut-être même un amour, mais il trouve surtout des hommes haineux, confits dans leurs rancoeurs, avec en bouche le goût de la curée.
Côté roman noir, l'atmosphère inquiétante prend à la gorge tranquillement, par petites touches ; l'auteur nous guide habilement dans une ornière dont il est impossible de sortir et très vite il nous convainc : impossible d'imaginer que « ça va s'arranger ». Chacun des personnages porte une partie du drame sur ses épaules, larges ou frêles, on se sent parfois comme dans un western, dans les affrontements de personnes comme dans les scènes de bagarres, très cinématographiques, très réussies.
Côté rural, j'ai trouvé intéressante la description d'une région qui meurt, cette atmosphère d'abandon, loin des grands axes et des lieux d'abondance. Sûr que ce n'est pas là que s'inventent l'agriculture et la société de demain... Les territoires périphériques oubliés, la crise de l'élevage, les néo-ruraux décriés, la violence endémique, l'alcoolisme atavique, l'autorité légale ignorée, les violences faites aux femmes... Comme dans les romans de Pierre Pelot ou Alexandre Mathieu, tout y est. C'est parfois appuyé, à la limite de la caricature, les tenants d'une nouvelle ruralité joyeuse, prospère et généreuse, auront du mal à s'y retrouver !
Et quelle belle langue, économe, dépourvue d'effets ronflants, en accord avec le paysage et les drames qui s'y jouent !
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Voici une jolie découverte qu'a été pour moi “Ecorces vives”, premier ouvrage d'Alexandre Lenot paru chez Actes Sud.

Roman noir, chronique sociale, flirtant avec le #polar autant qu'avec le pur nature writing, il nous plonge en plein coeur du Massif Central, dans une région sauvage de montagnes et de forets, que la modernité semble avoir définitivement renoncé à embrasser.

De ce pays saigné par l'exode rural, rongé par la rancoeur et l'hostilité envers l'inconnu, quelques rares personnes ont cependant choisi de faire leur échappatoire. Séduites par son isolement et la beauté intacte de sa nature, elles y ont trouvé un lieu où fuir leur passé, panser leur plaies et tenter de se reconstruire. Lorsque Eli, un de ces hommes venus de loin, incendie une vieille ferme avant de disparaître, la rumeur d'un rôdeur hantant les bois naît rapidement parmi les natifs. Ils voient mis en péril un ordre séculaire, qu'ils ne reculeront devant rien pour sauvegarder.

Ce roman m'a happé. le rythme plutôt lent des premiers chapitres monte progressivement en puissance pour bientôt nous emporter et nous tenir en haleine jusqu'à un final que l'on traverse le souffle retenu. Pas question ici d'intrigue, d'enquête ou de rebondissements, mais bien d'atmosphères suggérées avec talent, par une écriture maîtrisée et des mots très justement choisis.

Presque personnage en soi, la nature est omniprésente. Certains passages nous offrent une plongée vertigineuse dans son immensité, sa majesté et son mystère, à la grâce d'évocations et de détails, bruits, odeurs, saisissants de réalisme. D'autres, au contraire, parviennent à nous faire ressentir ce vaste territoire comme un huis clos asphyxiant, dont personne ne peut échapper aux préjugés ni aux règles ancestrales.

Je vous conseille donc vivement ce roman qui, en 200 pages à peine, réussit non seulement à nous transporter mais aussi à en dire beaucoup sur les thèmes de l'exil, de la fracture sociale, du rapport à la nature et de la résilience.
Lien : https://www.over-booke.com/a..
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Quel coup de maître.
Ne cherchez pas de tueur, ne cherchez pas d'ambiance macabre ni de traître et autres indics.
Là il est question de polar social, d'ambiance, d'atmosphère, de noirceur sourde.
Le tout dépeint avec brio, le Language est limpide, les termes précis, tantôt anthropologue, tantôt guide de montagne et philosophe.

Chapeau l'artiste
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Roman noir voir très noir , très bien écrit , vocabulaire et syntaxe pointues. Peut-être trop ? Cela pourrait rebuter certains lecteurs. On ne lit pas ce livre comme un thriller ou un policier ou un roman plus léger, c𠆞st certain. L𠆚uteur va à l𠆞ssentiel .

Les personnages sont attachants.
Il mérite d’être lu :).
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Polar qui sent le sous-bois, qui fait ressentir le froid et l'humidité du Cantal, qui appelle au retour à la Nature et à son respect. Intéressant.
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