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Critique de Musa_aka_Cthulie


Je suis désolée de constater que j'en suis à ma troisième déception d'affilée avec le Bélial', ça ne peut pas continuer ainsi ! Mais voilà, Helstrid n'a rien de bien remarquable à mes yeux, au contraire. Et je comprends mieux, après l'avoir terminé, pourquoi j'ai mis des jours à lire un si petit texte.

Pourtant, à voir que le personnage principal s'appelait Vic, et qu'un de ses collègues se prénommait Pol, j'ai trouvé d'emblée que c'était un clin d'oeil marrant à Yoko Tsuno et ça m'a plutôt favorablement disposée en la faveur de Christian Léourier. Cela dit, j'ai l'impression maintenant que ce n'était pas même un léger clin d'oeil, mais une référence appuyée et lourde comme il en pullule dans cette nouvelle.

L'intrigue n'a aucun intérêt. Vic est un homme largué par sa copine sur Terre, qui part pour un monde lointain et hostile - ce qui implique 25 ans de stase pendant le voyage - afin d'oublier son chagrin d'amour. Helstrid est une planète inhabitable pour les humains, qui vivent donc dans une base protégée dont ils ne sortent pas. Ils extraient du minerai, dont ils ne connaissent que vaguement l'usage. D'ailleurs, ils n'ont pas l'air de savoir des masses de choses sur Helstrid, ou bien Léourier nous les cache soigneusement. Vic se porte volontaire pour aller ravitailler un avant-poste avec un convoi de trois camions gérés par des IA, dénommées Anne-Marie, Béatrice et Claudine (que des prénoms français des années cinquante ou soixante, c'est un peu curieux). le voyage se passe donc mal, sinon il n'y aurait pas d'histoire. Et c'est à peu près tout.

Bien que tout ça débute un peu poussivement, bien que Vic passe pas mal de temps à pleurnicher sur la femme qui l'a quitté il y a déjà un bail, on commence à s'intéresser à ce qui lui arrive lorsqu'un phénomène météorologique curieux se présente. Forcément, ça va être le noeud de l'intrigue. Oui mais non. Ensuite il y a une tempête. Ensuite il y a une panne des communications. Ensuite il y a un pont dangereux qu'on va avoir du mal à passer mais on passe quand même. Ensuite un autre pont infranchissable, un lac gelé dont la surface craque, et je vais m'arrêter là car tout ça ne va nulle part. Des phénomènes géologiques et météorologiques surgissent aussi inopinément qu'inexplicablement, mais ça n'intéresse personne : ni les IA, ni Vic, ni ses collègues, et encore moins l'auteur. Ce qui montre à quel point la planète Helstrid n'est pas du tout au centre de ses préoccupations ; il s'en contrefiche, on ne saura quasiment rien d'elle. Pourquoi avoir donné son nom à la nouvelle ? Mystère.

Puisque le voyage en terre hostile n'a rien pour accrocher, puisque les mystères de la nature sont éludés, on pourrait logiquement penser que c'est la relation humain/IA qui va être le centre d'intérêt. Non plus. Certes, Vic est protégé par une IA en particulier, Anne-Marie, mais il ne se passe pas grand-chose entre eux, sinon qu'Anne-Marie répète inlassablement qu'elle trouve toujours une solution et que Vic passe son temps à maugréer. Alors, c'est que le sujet est centré sur les IA, sur leur évolution, un truc dans le genre... Mais non, là non plus. Et la fin arrive donc avec ses gros sabots, qui sent la philosophie bon marché.

Il y a plusieurs événements ou faits qui auraient pu être développés afin que le texte prenne un sens. Cela dit, tout ça avait déjà été exploité par d'autres. L'environnement hostile, bon, on va pas faire une liste, le voyage qui se passe mal, non plus. La compagnie qui extrait du minerai d'une planète lointaine (qui aurait pu donner une critique sur le capitalisme), c'est vu dans Alien et Aliens. Les phénomènes naturels étranges, même si c'est ce qui est le plus alléchant, ça rappelle fortement les manifestations de l'océan de la planète Solaris. le coup des IA qui partagent leurs données mais peuvent connaître une expérience personnelle... c'est les Tachikoma dans l'univers de Ghost in the Shell. Et la confrontation IA/humain, avec une IA super sûre d'elle, ça vous fait penser à quoi ? À Hal et Dave dans 2001, forcément. Christian Léourier devait donc trouver sa propre voie (et faire aussi bien que les autres, si possible, avec autant de références de qualité). C'est raté.

Le tout manque un peu de crédibilité, à mon sens - les erreurs d'Anne-Marie, qui pourtant est présentée comme sachant très ben ce qu'elle fait, le fait que les humains soient incapables de sortir sur Helstrid et n'explorent rien, le manque de réserve en oxygène pour le voyage, le manque d'intérêt général pour des phénomènes très curieux, ce genre de choses. On se passerait bien également d'un certain vocable comme "noyau noétique", qui ne revêt aucun intérêt et m'a rappelé les pires moments passés en compagnie de Ian McDonald. Mais la cerise sur le gâteau, ce sont les problèmes de Léourier avec la grammaire française et notamment la concordance des temps, qui ont achevé de m'exaspérer. C'est un minimum, quand on se dit écrivain, que de respecter la concordance des temps, merde ! Et que fait l'éditeur dans tout ça ? Personne pour remarquer ça ?

Du coup, vu ce que je viens de lire, et étant donné que je ne connais rien d'autre de Léourier, je me suis demandé si ce texte inédit (dont on ne connaît pas la date d'écriture) était un écrit de jeunesse pas bien maîtrisé, ou au contraire un vague sursaut de vieil auteur fatigué.

Mais comme je ne veux pas en rester là avec le Bélial', je vais tenter La Ménagerie de papier et L'homme qui mit fin à l'histoire de Ken Liu. Je ne m'avoue pas vaincue !



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