Sixième roman du cycle de Lanmeur. Pour rappel, Lanmeur est une planète abritant une civilisation humaine qui peut voyager dans l'espace. Explorant le cosmos et constatant que des humanités vivent sur nombre de planètes, elle forme l'énorme projet de les Rassembler autour d'elle.
On quitte ici l'exploration d'humanités particulières pour rentrer dans le vif du sujet. Lanmeur voulait le Rassemblement ? Eh bien elle l'a. Sous sa direction, de plus en plus d'humanités atteignent le niveau technologique permettant le vol spatial. Et elles envoient toutes un groupe conséquent de représentants sur Lanmeur. Mais elles ne viennent pas ployer le genou et offrir des cadeaux comme à la cour de Pharaon ; non. Elles viennent revendiquer une égalité de traitement et une participation active au gouvernement de ce qu'elles estiment être un empire.
En fait le Rassemblement se passe mal. A force de montrer son mépris des « barbares », Lanmeur a rassemblé… contre elle. le ressentiment des « barbares » est immense, et Lanmeur s'inquiète.
Le tableau de fond est brossé. Lanmeur cherche des solutions. L'une d'elle envoie Persval ap Galad au contact d'un artefact inconnu qui se matérialise de manière intermittente dans le secteur spatial contrôlé par Lanmeur. Il se pourrait que cet objet offre des informations sur l'origine des humanités dispersées.
Mais ceux qui envoient Persval ont un objectif beaucoup plus ambitieux.
Format différent donc. On quitte le planet opera pour le space opera. Ce faisant, on perd l'un des intérêts primordiaux du cycle : l'exploration ethnologique d'une société humaine différente et étonnante. Enfin, pas tout à fait, il reste l'intéressante découverte du peuple de la planète Balme mais qui n'est qu'un élément de l'ensemble.
Christian Léourier aurait pu centrer son action sur l'exploration de l'artefact mystérieux et faire un roman proche de
Rendez-vous avec Rama d'
Arthur C. Clarke ou de Éon de
Greg Bear. Mais cette partie aussi est assez réduite, voire survolée. En fait – l'auteur le dit dans sa préface – il a beaucoup à dire dans ce roman : univers virtuels, théorème de Gödel, théorie du Chaos. Cela fait effectivement beaucoup, trop. Son roman est court, comme d'habitude, mais cette fois cela le dessert face à la masse d'information qu'il veut y intégrer. J'ai eu la désagréable impression que les péripéties du roman ne l'intéressaient que faiblement, que seules les révélations finales importaient (cela m'a rappelé les romans « raccords » d'
Isaac Asimov destinés à unifier toute son oeuvre).
J'ai également été un peu déçu par la psychologie et l'attitude des personnages. Que ce soit les Lanmeuriens ou les « barbares », ils ne maîtrisent absolument pas leurs émotions. Les acteurs passent de la haine à la surprise en un paragraphe ; ils sont aussi particulièrement colériques.
Un ressenti en dessous de celui des romans précédents, donc (les quatre premiers, surtout). J'espère que le suivant, apparemment très lié à celui-ci, se révélera plus palpitant.