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Citations sur Le Fauteuil hanté (27)

Mais entendons-nous bien : quand nous disons que ces morts ne sont point naturelles, nous ne voulons point faire allusion à quelque puissance occulte qui, en dehors des lois naturelles connues, aurait frappé ! Nous laissons ces balivernes aux petites dames du club des « Pneumatiques », et nous venons catégoriquement dire à M. le procureur de la République : « Il y a un assassin là-dessous, trouvez-le ! »
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- C'est un vilain moment à passer...
- Sans doute, mais on dit que c'est un homme qui n'a peur de rien!...
- A-t-il des enfants?
- Non!... Et il est veuf!
- Tant mieux!
- Et puis, il faut espérer tout de même qu'il n'en mourra pas!... Mais dépêchons-nous!...
En entendant ces propos funèbres, M. Gaspard Lalouette - honnête homme, marchand de tableaux et d'antiquités, établi depuis dix ans rue Lafitte, et qui se promenait ce jour-là quai Voltaire, examinant les devantures des marchands de vieilles gravures et de bric-à-brac - leva la tête...
Dans le même moment, il était légèrement bousculé sur l'étroit trottoir par un groupe de trois jeunes gens, coiffés du béret d'étudiant, qui venaient de déboucher de l'angle de la rue Bonaparte, et qui, toujours causant, ne prit point le temps de la moindre excuse.
M. Gaspard Lalouette, de peur de s'attirer une méchante querelle, garda pour lui la mauvaise humeur qu'il ressentait de cette incivilité, et pensa que les jeunes gens couraient assister à quelque duel dont ils redoutaient tout haut l'issue fatale.
Et il se reprit à considérer attentivement un coffret fleurdelisé qui avait la prétention de dater de Saint-Louis et d'avoir peut-être contenu le psautier de Madame Blanche de Castille. C'est alors que, derrière-lui, une voix dit :
- Quoi qu'on puisse penser, c'est un homme vraiment brave!
Et une autre répondit :
- On dit qu'il a fait trois fois le tour du monde!... Mais, en vérité, j'aime mieux être à ma place qu'à la sienne. Pourvu que nous n'arrivions pas en retard!
M. Lalouette se retourna. Deux vieillards passaient, se dirigeant vers l'Institut, en pressant le pas.
" Eh quoi! pensa M. Lalouette, les vieillards seraient-ils subitement devenus aussi fous que les jeunes gens? (M. Lalouette avait dans les quarante-cinq ans, environ, l'âge où l'on n'est ni jeune ni vieux...) En voici deux qui m'ont l'air de courir au même fâcheux rendez-vous que mes étudiants de tout à l'heure!"
L'esprit ainsi préoccupé, M. Gaspard Lalouette s'était rapproché du tournant de la rue Mazarine et peut-être se serait-il engagé dans cette voie tortueuse si quatre messieurs qu'à leur redingote, chapeau haut de forme, et serviette de maroquin sous le bras, on reconnaissait pour des professeurs, ne s'étaient trouvés tout à coup en face de lui, criant et gesticulant :
- Vous ne me ferez pas croire tout de même qu'il a fait son testament!
- S'il ne l'a pas fait, il a eu tort!
- On raconte qu'il a vu plus d'une fois la mort de près...
- Quand ses amis sont venus pour le dissuader de son dessein, il les a mis à la porte!
- Mais au dernier moment, il va peut-être se raviser?...
- Le prenez-vous pour un lâche?
- Tenez... le voilà... le voilà!
Et les quatre professeurs se prirent à courir, traversant la rue, le quai, et obliquant, sur leur droite, du côté du pont des Arts.
M. Gaspard Lalouette, sans hésiter, lâcha tous ses bric-à-brac. Il n'avait plus qu'une curiosité, celle de connaître l'homme qui allait risquer sa vie dans des conditions et pour des raisons qu'il ignorait encore, mais que le hasard lui avait fait entrevoir particulièrement héroïques.
(...)
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Les trente-neuf !
L'Immortalité avait diminué d'Un.
Et cela avait suffi pour la rendre à tout jamais ridicule.
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Une grande nappe toute blanche des neiges récentes s'étendaient à ses pieds, et l'homme, avec son son manteau dont la marche agitait les ailes, paraissait là-dessus comme un grand oiseau noir.
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La Babette hurla : « On l’assassine !... Au secours !... » Et elle bondit vers l’âtre, y saisit un tisonnier et se rua hors de la cuisine, traversant la voûte, escaladant les degrés qui conduisaient au premier étage. M. Hippolyte Patard avait murmuré : « Mon Dieu !... » Et il était resté là, brisé par l’horreur de la situation, cependant que dans la rue la ritournelle maudite, l’air banal, historique et terrible prolongeait tranquillement son rythme complice de quelque nouveau forfait… musique du diable qui avait toujours empêché d’entendre les cris de ceux que l’on égorge… et qui arrivait maintenant toute seule, couvrant tout autre bruit, jusqu’aux oreilles bourdonnantes de M. Hippolyte Patard… jusqu’à son cœur glacé. Il put croire qu’il allait s’évanouir.
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A l’ordinaire, le grand Loustalot n’entendait rien de ce qui se passait autour de lui, et chacun avait soin de le laisser à ses sublimes cogitations d’où pouvait naitre quelque découverte nouvelle destinée à transformer les conditions ordinaires de la vie humaine.
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L'auteur de ce cruel ouvrage renonce à donner une idée de la cohue sans nom qui suivit ce coup de théâtre.
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si cet homme a surpris, comme il le prétend, le secret de Toth, il est plus fort que vous et moi, je vous prie de le croire, et si j'avais eu le malheure de m'en faire un ennemi, j'aimerais mieux rencontrer sur mon chemin, la nuit, une troupe de bandits armés, qu'en pleine lumière cet homme, les mains nues! Le vieil égyptologue avait prononcé ces derniers mots avec tant de force et de conviction, qu'ils ne manquèrent point de faire sensation.
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Le lendemain de ce jour néfaste, M. le secrétaire perpétuel Hippolyte Patard pénétra sous la voûte de l’Institut sur le coup d’une heure. Le concierge était sur le seuil de sa loge. Il tendit son courrier à M. le secrétaire perpétuel et lui dit :
« Vous voilà bien en avance aujourd’hui, monsieur le secrétaire perpétuel, personne n’est encore arrivé. »
M. Hippolyte Patard prit son courrier, qui était assez volumineux, des mains du concierge, et se disposa à continuerson chemin, sans dire un mot au digne homme. Celui-ci s’en étonna.
«M. le secrétaire perpétuel a l’air préoccupé. Du reste, tout le monde est bouleversé ici, après une pareille histoire ! »
Mais M. Hippolyte Patard ne se détourna même pas. Le concierge eut le tort d’ajouter :
« Est-ce que M. le secrétaire perpétuel a lu ce matin l’article de L’Époque sur le Fauteuil hanté ? »
M. Hippolyte Patard avait cette particularité d’être tantôt un petit vieillard frais et rose, aimable et souriant, accueillant, bienveillant, charmant, que tout le monde à l’Académie appelait « mon bon ami » excepté les domestiques bien entendu, bien qu’il fût plein de prévenance pour eux, leur demandant alors des nouvelles de leur santé; et tantôt, M. Hippolyte Patard était un petit vieillard tout sec, jaune comme un citron, nerveux, fâcheux, bilieux. Ses meilleurs amis appelaient alors M. Hippolyte Patard : « M. le secrétaire perpétuel », gros comme le bras, et les domestiques n’en menaient pas large. M. Hippolyte Patard aimait tant l’Académie qu’il s’était mis ainsi en deux pour la servir, l’aimer et la défendre. Les jours fastes, qui étaient ceux des grands triomphes académiques, il les marquait du Patard rose, et les jours néfastes qui étaient ceux où quelque affreux plumitif avait osé manquer de respect à la divine institution, il les marquait du Patard citron.
Le concierge, évidemment, n’avait pas remarqué, ce jour-là, à quelle couleur de Patard il avait affaire, car il se fût évité la réplique cinglante de M. le secrétaire perpétuel. En entendant parler du Fauteuil hanté, M. Patard s’était retourné d’un bloc.
« Mêlez-vous de ce qui vous regarde, fit-il ; je ne sais pas s’il y a un fauteuil hanté ! Mais je sais qu’il y a une loge ici qui ne désemplit pas de journalistes ! A bon entendeur, salut ! »
Et il fit demi-tour, laissant le concierge foudroyé.
Si M. le secrétaire perpétuel avait lu l’article sur le Fauteuil hanté ! Mais il ne lisait plus que cet article-là dans les journaux, depuis des semaines ! Et après la mort foudroyante de Maxime d’Aulnay, suivant de si près à la mort non moins foudroyante de Jehan Mortimar, il n’était pas probable, avant longtemps, qu’on se désintéressât dans la presse d’un sujet aussi passionnant !
Et cependant, quel était l’esprit sensé (M.Hippolyte Patard s’arrêta pour se le demander encore)...quel était l’esprit sensé qui eût osé voir, dans ces deux décès, autre chose qu’une infiniment regrettable coïncidence ? Jehan Mortimar était mort d’une congestion cérébrale, cela était bien naturel. Et Maxime d’Aulnay, impressionné par la fin tragique de son prédécesseur, et aussi par la solennité de la cérémonie, et enfin par les fâcheux pronostics dont quelques méchants garnements de lettres avaient accompagné son élection, était mort de la rupture d’un anévrisme. Et cela n’était pas moins naturel. […]
« Qu’ya-t-il donc de plus naturel, se fit-il à lui-même, que la rupture d’un anévrisme ? C’est une chose qui peut arriver à tout le monde que de mourir de la rupture d’un anévrisme, même en lisant un discours à l’Académie française !... »
Il ajouta :
« Il suffit pour cela d’être académicien ! »
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Et puis, il faut espérer tout de même qu'il n'en mourra pas !... Mais dépêchons-nous !... En entendant ces propos funèbres, M. Gaspard Lalouette - honnête homme, marchand de tableaux et d'antiquités, établi depuis dix ans rue Laffitte, et qui se promenait ce jour-là quai Voltaire, examinant les devantures des marchands de vieilles gravures et de bric-à-brac - leva la tête...
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