Je souscris quasi pleinement aux commentaires positifs émis avant moi.
Que d'oxygène dans ces pages ! J'en ai lu chaque chapitre avec le même bonheur, et suis heureuse que les auteurs n'aient pas oublié de mentionner la triste spécificité française du rejet de ses langues régionales, qui a sa part dans les raisons qu'on peut avoir d'être atterré. Je lisais l'autre jour sur la page d'un éditeur québecois venu s'installer en Belgique (Kennes), qu'il avait d'abord voulu s'installer en France, mais que devant la condescendance du milieu éditorial français face à leur parler spécifique, ils avaient choisi la Belgique, dont le français, lui aussi différent de celui de France, vit très bien avec ses spécificités, et donc ne se rit pas de celles des autres.
Tant que le français de France aura cette suffisance, il sera difficile de faire bouger les lignes.
Néanmoins, ce que j'ai trouvé appréciable, c'est que tout en tirant des sonnettes d'alarme sur la muséification de la langue, et malgré des exemples parfois "à bondir" (comme le fait, incroyable, qu'il n'y ait pas un seul linguiste à l'Académie, ce qui peut expliquer entre autre l'inadaptation de certaines de ses créations, comme l'incongru "mél" avec son accent aigu ingérable puisque d'office, et sauf accent régional, nous prononçons naturellement les monosyllabe en e avec un e ouvert : quel, bel, tel, elle...,) ce livret, s'il est polémique, n'est jamais "revanchard". Il ne s'agit pas pour les auteurs de jeter la pierre, mais plutôt de discuter et de proposer, d'où les fins de chapitres en "Et si ?...".
J'attends un prochain tract sur cette fois les règles de grammaire, où là, il y aurait beaucoup à revoir aussi, pour en finir avec des diktats , en particulier de ponctuation ('jamais de virgule avant ceci, toujours une virgule après cela..."); diktats qui étaient sans doute justifiés par la diction des siècles passés, ou même celle, assez théâtrale, du milieu du XXè siècle (écoutons
Orane Demazis dans les films de
Pagnol !), mais ne correspond plus à ce qu'on a parfois besoin d'exprimer.
Donc vivement un prochain opuscule de nos linguistes atterrés, qui en tout cas avec celui-ci nous confirment qu'on peut aimer la langue française, prendre un vrai plaisir à la parler et à l'écrire, et la respecter, tout en l'employant dans sa modernité, qui est le signe qu'elle est vivante et non pas statufiée.