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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La Lady Macbeth de Mtsenk est un petit conte terrifiant sur les effets de la passion amoureuse.
L'histoire, tout au début du récit à des accents d'Emma Bovary, une jeune femme : Katerina, épouse d'un vieux marchand s'ennuie. Profitant de son absence, elle prend un amant.
La suite du récit nous plonge dans l'univers de Lady Macbeth, d'où le titre du livre.
En effet, pour donner libre cours à sa passion amoureuse, Katerina n'hésite pas à tuer férocement, d'abord son beau père, son mari, et l'enfant héritier.
Tout un ensemble de thèmes et de motifs renvoient à la pièce de Skakespeare : crimes accomplis la nuit, animaux maléfiques, hallucinations...
La fin du roman nous entraîne avec les deux amants vers l'exil et la déportation en Sibérie.
Un récit haletant, tragique qui nous offre un bon moment de lecture.
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C'est vieux comme le monde. Un prejuge? Une excuse? Une blague? En tous cas ca a la vie longue. "Cherchez la femme". Qui n'a entendu cela? Qui ne l'a jamais dit, arborant sournoisement un sourire facetieux? Qui ne l'a jamais lu? Nombreux sont les livres qui l'utilisent ou meme ourdissent toute leur trame autour. A commencer par la Bible, ou les manigances d'Eve et du serpent qui lui siffle a l'oreille font choir Adam et lesent ainsi toute sa descendance, jusqu'a nous. A continuer par une piece qui brule les planches depuis des siecles, Macbeth, ou c'est la femme du heros qui le pousse en definitive au crime. Tellement celebre, cette piece, tellement renommee, cette femme, cette Lady Macbeth, que le russe Leskov en emprunte le nom pour titrer cette nouvelle.

La Lady Macbeth de Mtsensk, de son vrai nom Katerina Lvovna, differe beaucoup de l'ecossaise. Elle n'incite pas a tuer par ambition mais par amour. Et elle ne fait pas qu'inciter, elle prend part aux crimes, elle tue en compagnie de son amant. Elle se suicidera elle aussi a la fin, mais par depit de se voir delaissee, abandonnee et moquee par son amant et non pas bouffee de remords; qui plus est, son suicide sera aussi une vengeance, car elle entrainera avec elle dans la mort celle qui lui a ravi son amoureux. Et ce suicide prendra place pendant son periple a pied vers la Siberie, car elle a ete arretee, jugee et condamnee. Pas seulement par sa conscience ou par sa folie.

Mais laissons de cote Shakespeare et sa brumeuse Ecosse. Laissons ces comparaisons. Leskov nous parle de la Russie. Des conditions de vie des marchands des petites bourgades et de ceux qui les servent. De leurs differentes moeurs. De la justice expeditive des hauts fonctionnaires du Tsar et des moyens simples de soudoyer les petits, depuis un kopeck, une grivna (= 10 kopecks), jusqu'a plusieurs tchertverki (= 25 kopecks). Des marches forcees de condamnes jusqu'en Siberie profonde. Et des emportenents amoureux a la russe. Ah! L'ame russe! Je sais, c'est un poncif qui ne correspond surement a rien, mais tout de meme, ah! l'ame russe! Si ce n'est qu'un poncif, Leskov le manie si bien... Et si c'est plus qu'un poncif, Leskov le travaille admirablement, par courtes phrases, par petites touches rouges et noires, pour les gerber en une nouvelle tres aboutie. Ou une passion demesuree fait depasser toutes les bornes, restant aveugle et sourde aux mandements moraux, aux lois de la societe, au qu'en-dira-t-on. Ce n'est pas un hasard si le grand Dimitri Chostakovitch s'en est servi pour en faire un opera (il est vrai que le Macbeth shakespearien etait deja pris par Verdi).

L'ame russe? Leskov a modestement, et je crois bien amplement, contribue au peu ou au prou que ces mots voudraient traduire. Et il reste, apres plus de cent ans, agreable a lire. Tres. Malgre le sujet. Ou grace a lui..
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Suite à ma lecture du roman de Julian Barnesle fracas du temps – je me suis décidée à lire cette nouvelle de Nikolaï Leskov publiée en 1865. En effet, elle a été adaptée en opéra par Chostakovitch en 1934 :

https://www.youtube.com/watch?v=JiaeqaYo3lg

Il y a également eu plusieurs adaptations cinématographiques. La plus récente est ‘The Young Lady' avec Florence Pugh dans le rôle principal (Oldroy, 2016).

Katérina est mariée à un marchand. Elle n'a pas d'enfant et on lui reproche sa stérilité. Il n'est bien sûr pas envisagé que le problème vienne du mari.

« L'ennui était démesuré dans cette maison… il plongeait bien souvent la jeune femme dans une amertume allant parfois jusqu'à l'hébétement... »

Quand elle rencontre Serguéy, elle succombe à la passion et élimine froidement chaque obstacle sur sa route. Elle va commettre plusieurs meurtres qui vont la conduire à être déportée en Sibérie avec son amant. Celui-ci va alors se désintéresser d'elle pour une autre femme. Cela se terminera tragiquement.

Ce n'est pas le genre d'histoire que je préfère mais j'ai bien aimé l'écriture de Leskov. Je poursuivrai plus tard avec son roman ‘Le voyageur enchanté'.



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Cette nouvelle de 1865 de Nikolaï Leskov est une variation sur Macbeth, une des plus célèbres pièces de Shakespeare. On y retrouve le thème de l'origine du mal et celui du couple criminel. Mais si Macbeth et Lady Macbeth faisaient le mal pour assouvir leur soif de pouvoir, ce n'est pas le cas de Katerina Lvovna, l'héroïne de Leskov. Mariée à un riche et vieux marchand, le plus souvent absent pour ses affaires, la jeune femme s'ennuie à mourir dans son domaine. Elle est alors séduite par un beau valet de ferme, auquel elle cède après quelque résistance et pour lequel elle finit par éprouver la plus vive passion. Une fois ce premier pas franchi, plus rien ne l'arrête. Aidée de son compagnon, elle va alors éliminer tous les obstacles sur sa route, commettant une série de crimes, tous plus horribles les uns que les autres, et devenant ainsi, en quelque sorte, la première tueuse en série de la littérature russe !
L'écriture de la nouvelle s'inscrivait dans un contexte d'émancipation de la femme russe. Ce mouvement se voulait progressiste mais Leskov va prendre le contrepied des grandes idées de son temps. C'est parce que Katerina Lvovna a enfreint l'interdit sexuel qui pèse sur la femme russe qu'elle devient une meurtrière. Pour l'auteur, le mal trouve donc son origine dans la libération sexuelle des femmes, porte ouverte selon lui à tous les excès, au dérèglement des moeurs et au désordre social. Cette pensée conservatrice peut être rapprochée de celle de Tolstoï. Lui aussi reconnaissait la nécessité de l'émancipation des femmes, pour mettre fin à l'hypocrisie qui faisait que seule la sexualité masculine avait le droit de s'exprimer, mais il a fini par condamner toute activité sexuelle, même au prix de la survie de l'humanité !
Si l'aspect moralisateur du texte peut nous paraître aujourd'hui très daté, ce portrait d'une meurtrière n'en demeure pas moins saisissant. le parallèle avec Lady Macbeth est évident, Katerina Lvovna cause elle-même sa propre perte, mais les divergences entre les deux héroïnes sont nombreuses. Lady Macbeth ne tue personne dans la pièce de Shakespeare, elle se contente, si l'on peut dire, d'être l'instigatrice des meurtres de son mari. Katerina Lvovna, elle, tue de ses propres mains : on la voit même serrer les mains de son compagnon en train d'étrangler le cou de son innocente victime ! Et surtout, Lady Macbeth expie ses crimes dans la folie, elle se damne et le bien finit par triompher quand Macbeth meurt à son tour. Nulle trace de culpabilité chez Katerina Lvovna, pas de victoire finale du bien non plus, au contraire.
Jamais l'auteur ne cherche à expliquer le comportement de son héroïne. Rien d'ailleurs dans son attitude initiale ne pouvait laisser supposer qu'elle finirait par agir ainsi par la suite. Leskov se garde bien de toute explication à la mode naturaliste, il n'est pas Zola ! Mais il nous montre que l'existence d'individus sans moralité aucune, capables de tout pour assouvir leurs passions, qui restent insensibles aux commandements moraux ou aux lois sociales, est rendue possible quand l'interdit religieux n'a plus cours, quand les valeurs morales ne sont plus dictées par une instance supérieure. Son texte a d'autant plus de force qu'il reprend la tradition russe du conte : le contraste entre ce mode d'écriture désuet et la modernité du propos est saisissant. Un portrait glaçant mais malheureusement encore très actuel !
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Katerina Lvovna s'ennuie. Voilà six ans qu'elle a épousé un marchand du double de son âge. Elle n'avait pas le choix, elle était pauvre. Pas d'enfants issus de ce mariage sans amour, pas de loisirs, de vie sociale. Juste des journées qui s'étirent avec une lenteur folle, du vide à tenter de combler d'une façon ou d'une autre.

Un jour Katerina s'enhardit et passe sa porte d'entrée, parle à un beau commis, et voilà l'engrenage terrible qui se met en route.

Ma chronique sera fort brève car il s'agit d'un très court roman. Celui-ci met en scène une femme que la passion pousse à briser tous les tabous moraux de la bonne société.

Pas de femme fragile au programme, au contraire si au début elle s'ennuie, très vite Katerina prend les choses en mains pour satisfaire sa volupté et son amour.

Si la brièveté du roman ne permet pas une analyse très approfondie des caractères des uns et des autres, il n'en demeure pas moins que la jeune femme est un personnage très marquant. Coincée dans une vie, elle choisit certes un mauvais chemin, mais elle décide de ne plus subir.

On retrouve un peu de Thérèse Raquin en elle. L'auteur, dans ce roman, entendait dénoncer l'émancipation des femmes, pour autant, malgré le côté monstrueux des crimes commis, on ressent une compassion pour cette Katerina.

La plume de l'auteur est belle, bien travaillé entre de belles descriptions, une grande sensualité et le parler d'une population marchande, pas très éduquée.

Un roman que j'ai beaucoup aimé, et dont il me tarde de découvrir l'adaptation en film.
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Une nouvelle très bien construite et bien finie autour des thèmes de l'ennui et de la passion, le vocabulaire est précis et on entre directement dans le vif du sujet. Je l'ai lue suite au magnifique film The young lady qui en est l'adaptation à l'anglaise, version très bien réussie qu'il faut visionner pour comparer avec la version russe un peu différente.
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