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EAN : 9782070399239
416 pages
Gallimard (11/06/2009)
4.11/5   22 notes
Résumé :
Névrosés préfreudiens comme chez Dostoïevski ou neurasthéniques de villes d'eau comme dans Tchékhov, les personnages du roman russe sont pour la plupart des civilisés, des êtres urbains liés à l'Occident. Leskov, lui, a mis en pratique le conseil qu'il donnait aux jeunes écrivains de " quitter Pétersbourg et d'aller travailler en Sibérie et dans les steppes méridionales ". Il nous parle des errants, des marchands, des peintres d'icônes, des " Vieux-Croyants ", des T... >Voir plus
Que lire après Lady Macbeth au village - L'Ange scellé et autres nouvellesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La littérature russe du XVIIIe siècle, ou encore plus ancienne, est un monde étrange qu'il ne faut pas trop chercher à comprendre, selon moi. Et Nicolas Leskov en est le parfait exemple, au même tire que Mikhail Lermontov. Deux grands auteurs emblématiques d'une écriture autrefois louangé, aujourd'hui plus rare. Narration éclatée, passant d'une personne à une autre (témoin ou participant, peu importe), péripéties et rebondissements multiples, mêmes les plus improbables. On pense avoir saisi l'intrigue et voilà que l'auteur nous entraine dans une autre direction, de façon totalement imprévue. N'essayez pas d'appliquer votre logique occidentale (et votre compréhension habituelle de la construction d'un roman). C'est un peu déconcertant au début mais on s'y fait rapidement.

Ce recueil contient quelques nouvelles, voici un bref résumé des trois principales :
Lady McBeth au village (parfois aussi intitulé « Lady McBeth du district ») assassine son vieux mari détestable avec l'aide de son amant. Mais, éventuellement, le crime est découvert et la folie s'empare de l'héroïne, un peu comme son modèle dans la pièce de Shakespeare. Passionnée jusqu'à la névrose ! Dans tous les cas, des émotions à l'état brut, comme l'aimaient jadis les Russes. Et peut-être encore aujourd'hui, qu'en sais-je ?

L'ange scellé raconte l'odyssée parcourue par deux villageois croyant pour retrouver un maitre capable repeindre le visage d'une icône sacrée à la manière d'autrefois. C'est rare, un tel peintre, on n'en trouvait plus beaucoup même à cette époque. le chemin sera long et parsemé d'embûches…

Le vagabond enchanté nous emmène dans les voyages extraordinaires d'Ivan Sévérianovitch. Comme dans plusieurs de ses romans, Leskov commence par un échange entre pèlerins sur le lac Ladoga. C'est l'occasion de raconter l'histoire exceptionnelle d'un des moines de Balaam, le fameux vagabond épnyme. de serf à militaire, en passant par dresseur de chevaux, victime des Tziganes, prisonnier des Tatars, compagnon de juifs, etc. Bref, vous aurez compris : tout y passe. Bien souvent, Ivan Sévérianovitch est son pire ennemi, il se met lui-même dans des positions difficiles, au point de croire que le diable le tente trop et qu'il doit faire pénitence dans un monastère.

Toutes ses péripéties vécues par les différents personnages de ces nouvelles sont l'occasion pour l'auteur d'aborder de grands thèmes comme la religion et la justice. Il ne présente pas des idées novatrices ni révolutionnaires, non, mais il soulève des questions que beaucoup de personnes devaient se poser dans ce grand pays. Et c'est justement de ce grand pays qu'il s'agit ici. Dans toutes ces histoires, on s'attarde peu aux grands centres qui commencent à prendre de l'importance dans la Russie du XVIIIe siècle. Plutôt, Leskov nous propose une esquisse des steppes de Sibérie, des contrées rurales et profondes. Celle des paysans, des militaires en garnison à la frontière, des commerçants locaux, des Tatars indomptés. Bref, du monde russe par excellence, celui de ses origines, pas celui européanisé. Et sa plume évocatrice le permet via des descriptions utiles mais surtout à travers des personnages typés (et leurs actions et leurs niveaux de langue). J'avais vraiment l'impression d'y être ou, du moins, je pouvais facilement me l'imaginer.
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Ce livre est un recueil de quatre nouvelles de Nicolas Leskov, le plus russe des écrivains russes, selon ses congénères. La première nouvelle intitulée Lady Macbeth au village est, comme ce titre l'évoque à propos, une histoire assez sordide - tirée de faits réels - d'un amour passionnel conduisant à la perpétration de trois assassinats atroces. le récit suivant, l'Ange scellé conte les mésaventures d'une icône vénérée par un groupe de vieux-croyants, qui est une sorte de secte de confession orthodoxe. le Vagabond enchanté est, de part sa longueur, l'oeuvre la plus importante des quatre (la moitié du présent volume); elle narre les pérégrinations d'un géant, bon, naïf et simple d'esprit, qui est devenu moine. Enfin le Chasse-diable est un très court récit, illustrant le goût du peuple russe pour la chute dans la débauche, propice au relèvement par une contrition proportionnée.

Ce volume met bien en lumière l'âme russe, passionnée, et qui est à l'image de se pays gigantesque et rude. On lit dans le Vagabond enchanté de très belles pages sur la vie des tartares dans les steppes, leur amour dévorant pour les chevaux et leur moeurs assez barbares. Dans l'Ange scellé on trouve, entre autre, une belle évocation de l'art de l'iconographie. Mais c'est encore Lady Macbeth au village, avec son personnage de femme toute à sa passion, qui ne recule devant aucune turpitude pour assouvir son désir viscéral d'amour, qui a le plus emporté mon suffrage.

Un recueil pour les inconditionnels de la littérature russe et du folklore slave.
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Plus de 6000 lecteurs pour Les frères Karamazov, un chef-d'oeuvre certes mais particulièrement ardu, et seulement 45 qui ont lu Lady Macbeth de Leskov, également un chef d'oeuvre et très facile à lire, ça laisse songeur. Leskov est certainement un des plus sous-cotés des auteurs russes du XIXè, écrasés qu'ils sont tous par le duo Tolstoi-Dostoievski dans le grand public du lectorat (dont Babelio est un peu le reflet). Alors n'hésitez plus et faites vous plaisir, lancez vous dans ce récit et la lecture d'autres ouvrages (au premier rang desquels Gens d'Eglise qui est dans la compilation de la pléiade) vous paraitra tout de suite une nécessité.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
— Et il vous était absolument impossible de leur fausser compagnie ?
— Oh ! si mes pieds étaient restés dans leur état normal, pour sûr, je n’aurais pas fait long feu là-bas,
— Qu’est-ce que vous avez donc eu aux pieds ?
— Ils y mirent des crins de cheval après ma première tentative d’évasion.
— Comment cela ?… Excusez-nous, s’il vous plaît, mais nous ne comprenons pas du tout ce que vous nous dites.
— C’est un procédé des plus en usage chez eux : quand ils ont pris quelqu’un en affection et qu’ils veulent le retenir dans leur steppe, si cet homme se déplaît là ou cherche à s’enfuir, ils en usent de la sorte avec lui pour qu’il ne s’en aille pas. Cela m’arriva à moi-même : un jour j’essayai de filer, mais je me perdis en route et ils me reprirent. « Tu sais, Ivan, me dirent-ils alors, il faut que tu sois notre ami, et, pour que tu ne nous quittes plus, voici le meilleur moyen : nous allons te fourrer quelques crins de cheval dans la plante des pieds ». Ainsi firent-ils et ils m’estropièrent à un tel point que je fus dès lors obligé de marcher à quatre pattes.
— Dites-nous, s’il vous plaît, comment ils pratiquent cette affreuse opération.
— Très simplement : dix individus me renversèrent sur le sol et me dirent : « Crie, Ivan, crie fort quand nous commencerons à couper : cela te soulagera ». Ensuite ils s’assirent sur moi et en moins d’une minute l’un d’eux, — un maître chirurgien ! — me dépouilla le dessous des pieds. Sur la chair vive il sema des crins de cheval coupés en petits morceaux, puis il rabattit la peau sur les plaies et la recousit avec une aiguille. Pendant les premiers jours qui suivirent l’opération, les Tatares eurent soin de me garrotter les mains : ils avaient peur que je n’envenimasse mes blessures pour en faire sortir les crins avec le pus ; mais, quand la cicatrisation fut complète, ils m’ôtèrent
mes liens. « À présent, bonne santé, Ivan, me dirent-ils, à présent tu es tout à fait notre ami et tu ne nous quitteras plus jamais. »
J’essayai alors de me lever, mais je retombai lourdement sur le sol : ces petits morceaux de crin qu’on m’avait introduits dans la plante des pieds, entre cuir et chair, me causaient une douleur atroce ; c’étaient autant d’aiguillons dont les piqûres non seulement ne me permettaient pas de faire un pas, mais me rendaient même impossible la position verticale. Jamais de ma vie je n’avais pleuré, mais en ce moment je ne pus me contenir.

(Le Vagabond enchanté)
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L'important pour celui qui entreprend un voyage c'est d'avoir un bon compagnon : avec un homme intelligent et bon on supporte plus aisément et la faim et le froid.
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- L'esprit, monsieur, répond Louka, n'est pas toujours d'accord avec l'intelligence. [...]
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