Parfois, les mots sont des échardes alors il vaut mieux ne pas les dire. (p.43)
- Papa; si on rentrait ?
[...]
- Prune, on ne peut pas rentrer.
[...]
- Prune, je ne sais pas comment te le dire...
Alors, je dis tout ce que je peux lui dire. [...] Que oui, il me manquait, que sa foutue musqiue nous séparait toujours. Que j'avais un père à rayures. Comme un zèbre, un jour blanc et transparent sans lui, et un jour noir, bien rempli, où il était là pour moi. Et ça, je le pensais vraiment.
Tout à coup, je comprends pourquoi son vélo était chargé comme un baudet. Il porte sa vie sur son dos. Comme un escargot. Sauf que mon père n'est pas un escargot, mais un être humain.
Ils ont fini par seulement se croiser juste le temps de s'enguirlander. Et puis, ils se sont décroisés. J’avais cinq ans.
Dans ma tête, je fais l'ardoise magique. C'est un truc que j'ai pour effacer les mauvais souvenirs et vivre le présent à fond. (p.11)