- Vous savez visiblement des choses que j'ignore sur mon père… Si vous et votre sœur étiez ses patientes, comment se fait-il que je ne trouve aucune trace de votre dossier ?
- Parce qu'il n'en a pas créé.
- Mon père a toujours été très à cheval sur les procédures. Pourquoi aurait-il fait une chose pareille ?
- Peut-être parce qu'il avait du cœur…
Grégoire était de plus en plus intrigué par les propos de cette adolescente. Qu'est-ce que sa sœur et elle avaient bien pu confier à son père ?
J’ai toujours été fascinée par ces petites gourmandises. Comment peut-on prendre autant de plaisir à passer des heures à préparer des gâteaux qui seront dévorés en quelques minutes, ça me dépasse !
La vie d’un médecin généraliste débutant laissait peu de place pour une quelconque histoire d’amour : entre les journées passées au cabinet et ses quelques gardes dans l’année, sans compter ses responsabilités vis-à-vis de son frère, une vie de couple n’était pour l’instant pas envisageable pour lui.
Il était médecin, cela signifiait que la théorie et les stages en tant que novice étaient derrière lui, à présent il était un professionnel, un soignant auquel des personnes allaient confier leur santé.
Cela ne servait à rien de ressasser tous ces souvenirs. Les choses étaient ce qu’elles étaient, on ne pouvait pas revenir en arrière.
J’ai adoré chaque seconde, chaque minute et chaque heure passées à tes côtés, ton corps serré contre le mien. Seulement deux jours, oui, mais ils étaient sans conteste les plus beaux qu’il m’ait été donné de vivre.
Alors, n’aie aucun regret non plus, Nawel. N’en veux pas à la vie de nous avoir séparés, car c’est elle qui a permis notre rencontre. Nous aurions pu faire connaissance à une autre époque, dans une autre vie, dans d’autres circonstances, notre histoire n’aurait pas eu la même saveur.
Pour avancer, il faut aller vers l’avenir et le tien est plein de promesses, j’en suis persuadé. Pour ta sécurité et celle de Lamia, il vaut mieux que tu ne me contactes pas… ce sera aussi plus facile pour nous deux…
« Nawel…
C’est le prénom de la femme que j’aime.
Je sais bien que ces trois petits mots qui ont fait mon bonheur lorsque tu me les as dits pour la première fois t’auraient rendue heureuse si je les avais prononcés. Mais voilà, je suis un imbécile et je ne l’ai pas fait. Pourquoi ? Parce qu’on ne dit pas à une femme qui va vous quitter qu’on l’aime… Parce que c’est trop dur, parce que cela ne la fera pas rester si elle doit vraiment partir… Et c’est ce que tu as fait, Nawel. Tu es partie… Je ne t’en veux pas, tu n’avais pas le choix.
On savait que ça devait arriver, on… on a accepté d’avoir cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes pour vivre notre histoire.
Il savait que les minutes qui allaient suivre seraient difficiles à vivre, mais il était au pied du mur, il ne disposait d’aucune alternative, Nawel et Lamia devaient fuir, encore une fois. Une partie de son cœur lui serait arrachée et serait emmenée loin, très loin de lui. Il ne reverrait peut-être plus jamais cette jeune femme pétillante qui était entrée dans sa vie, l’avait chamboulée et en repartirait aussi vite qu’elle y était arrivée.