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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Race Et Histoire est né d'une commande de l'UNESCO pour éditer une brochure. le style en est donc fort éloigné du style " ordinaire " de Claude Lévi-Strauss, beaucoup plus accessible à un large public, beaucoup plus général.
Ce petit livre est une sorte de mémento, de piqûre de rappel, sur ce que l'on entend par " race " quand il s'agit de l'humain et, in fine, a pour but de lutter contre le racisme planant un peu partout dans le monde.
En quelques pages et sans la moindre nécessité de forcer son talent ou de polémiquer, l'auteur démontre les incongruités de certains modes de penser et de considérer l'humain en tant que mosaïque de groupes ethniques parfaitement caractérisés et différenciés les uns par rapport aux autres, ou bien encore de considérer des groupes ethniques ou des " races " comme " pures " par opposition aux " altérées ", aux " métissées ", aux " amoindries ", aux " abâtardies ". (Je vous conseille à ce propos, si cette question vous intéresse, un autre vibrant plaidoyer anti raciste, La Malmesure de L'Homme de Stephen Jay Gould).
Les ponts historiques ou géographiques, les ressemblances ou les dissemblances que l'on tient pour structurelles d'une population par rapport à une autre ne sont bien souvent que des artéfacts, des productions hasardeuses de l'histoire, parfois fort récentes.
Il démonte une à une les béquilles de l'édifice de notre ethnocentrisme ordinaire (qui, lui, est probablement structurel chez l'humain) qui crée moult de nos préjugés absurdes ou erronés sur tel ou tel groupe ethnique.
Il aborde aussi la notion de " classification " des cultures ou des civilisations ; les unes étant qualifiées de " modernes ", les autres de " primitives " ou " archaïques ", d'autres encore de " traditionnelles ".
Les civilisations sont ce qu'elles sont, un accomplissement en soi, tout comme les individus sont ce qu'ils sont, ni mieux ni moins bien, ni plus ni moins, ni beau ni laid, ni grand ni petit par rapport à une norme qu'on serait bien en peine de fixer dans le marbre.
Un livre plus que jamais indispensable en ces temps où certains agitent les chiffons rouges de nos peurs ancestrales de l'autre.
Je n'ai mis que quatre étoiles car, bien que parfait en l'état, ce livre n'est pas, à mon sens, du niveau de densité et de richesse d'édification d'un Anthropologie Structurale par exemple. Dans mon cas, ce livre enfonçait un peu des portes ouvertes, mais je reste convaincue de son utilité pour un large public, et d'ailleurs, tout ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand chose.
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En 1952, l'Unesco a publié une série d'articles consacrés au racisme, dont « Race et histoire » fait partie.
Claude Lévi-Strauss écarte l'idée de supériorité intellectuelle d'une race humaine sur d'autres, cette absence de hiérarchisation ne pouvant scientifiquement "déjà"* pas se justifier.
Il montre aussi l'impossibilité de hiérarchiser les civilisations ou les cultures, excluant ainsi la réintroduction d'une forme de racisme indirect via la comparaison entre les groupes humains concernés. En effet, les critères mêmes d'un classement des cultures entre elles sont biaisés par l'ethnocentrisme qui caractérise nécessairement chaque individu ou chaque société (l'une des thématiques importantes du structuralisme en ethnologie tel que fondé par Lévi-Strauss).

L'auteur nous amène ici à nous interroger sur le sens de l'histoire des civilisations. Il apporte des éléments d'explication intéressants sur ce qui a permis à certaines sociétés de 'progresser' en technologie et en économie. Ainsi, la diversité culturelle et la capacité d'assimilation des différences sont des atouts.

En ce début du mois de mai 2017, un tel discours mérite d'être rappelé, contre les simplifications abusives avancées par une candidate à l'élection présidentielle qui prétend représenter le peuple en regardant le passé dans ce qu'il a de pire (mais pas pour elle, visiblement).

Malgré l'intérêt que j'y ai trouvé, la lecture de ce court essai (80 pages) a exigé de ma part un degré soutenu d'attention que je n'aurais probablement pas eu le courage de mobiliser pour un livre plus long.
Il est donc peu probable que je m'attaque un jour à « Tristes tropiques », autre ouvrage célèbre de cet auteur, que j'avais en partie découvert au lycée à travers des extraits (« Je hais les voyages et les explorateurs. Et voici que je m'apprête à raconter mes expéditions… »)...

* le mot "enfin" serait plus approprié, mais depuis 1952 les apports de la génétique ont confirmé l'unité du genre humain et le caractère secondaire des différences constatées, notamment dans les couleurs de peau
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Lu une première fois à mon initiative au lycée, cet ouvrage m'avait beaucoup remué l'esprit. Quelques 35 ans plus tard j'ai voulu savoir s'il me donnerait encore l'impression d'avoir découvert l'Amérique.
Après avoir remis en cause l'idée de race, Claude Lévi-Strauss étudie la notion de culture et en particulier celle de culture primitive. Il distingue celles qui ont précédé la société de l'observateur, celles qui lui sont éloignées par l'espace et celles qui le sont à la fois dans le temps et dans l'espace.
Il rejette l'idée d'un progrès linéaire qui ferait que ces autres cultures seraient forcément l'enfance de la civilisation la plus avancée technologiquement. Ainsi que celle qui estime que les civilisations vivant actuellement et qualifiées de primitives auraient été statiques et « sans histoire ».
A la suite une étude pose d'autres questions plus qu'elle n'explicite le texte de Levi-Strauss.
Une lecture fort intéressante mais il faut croire que j'avais bien intégré l'essentiel à la première lecture car je n'ai pas eu l'impression de découvrir quelque chose.
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Un livre qui date à présent, mais dont l'approche pour expliquer l'évolution des ethnies reste pertinente, et d'actualité! Notamment la part de matérialisme développé par l'occident et le spirituel développé par l'orient! Puis la fatale érosion de l'une par rapport à l'autre (occidentale)...
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Ce texte a été commandé par l'Unesco dans les années 1950 pour traiter de la question du "racisme". Visant à dénoncer l'ethnocentrisme comme la base de la plupart des conceptions racistes (c'est-à-dire évoquant les races), les idées de Lévi-Strauss, bien que pertinentes, sont de plus en plus controversées pour leur manque de performativité pratique (des résultats ! des résultats !). Les arguments des objecteurs disent que, étant donné que le "problème du racisme" n'a toujours pas disparu malgré les progrès effectués en matière de relativisation, alors les analyses de nature relativistes de Lévi-Strauss seraient incomplètes, en tout cas trop limitées au contexte des années 1950.

Malgré ce problème pointé sur le manque d'efficacité des analyses de Lévi-Strauss, Race et histoire est ponctué de nombreux passages pertinents, expliqués dans un langage clair, et certainement novateurs à l'époque de leur publication.


Si Race et histoire se voulait bref et concis pour répondre à la demande de l'Unesco, j'ai parfois eu l'impression de suivre le développement de raisonnements qu'un ethnologue aurait mis au point depuis longtemps et qu'il se serait enfin décidé à coucher sur papier, en faisant cependant abstraction de la majorité des étapes qui l'ont conduit à aboutir à sa réflexion. Un peu frustrant pour le lecteur.
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Écrit à une époque où l'ethnologie et l'anthropologie aimaient encore à classer et hiérarchiser les races et les cultures, où les empires se refusaient à libérer leurs colonies, ce livre est une mise au point utile et percutante, qui met à bas tout discours colonialiste. C'est donc un écrit clairement inscrit dans son temps. Mais c'est une lecture qui reste utile, en proposant des réflexions qui restent éclairantes sur, par exemple, l'évolutionnisme culturel, la notion de progrès, la collaboration entre les cultures, etc., et en montrant que des notions crues objectives sont en fait des croyances subjectives, teintées d'ethnocentrisme. Il s'agit aussi d'un bon travail de vulgarisation, avec une langue d'une grande précision et des comparaisons éclairantes.

Mais contrairement à ce qu'annonce le titre, l'essai ne m'a pas semblé apporter grand-chose à la réflexion sur l'histoire, et la distinction qu'il opère entre histoire stationnaire et cumulative me semble assez contestable, d'autant plus que Lévi-Strauss lui-même la propose avec de nombreuses réserves. C'est d'ailleurs le peu d'intérêt de Lévi-Strauss pour l'histoire que pointe l'essai de Jean Pouillon qui suit celui de Lévi-Strauss, et qui est lui aussi d'un intérêt certain, notamment dans la mesure où il montre bien l'horizon intellectuel et culturel dans lequel Lévi-Strauss conçoit l'anthropologie structurale, par des comparaisons avec la démarche linguistique, mais aussi avec la psychanalyse et la dialectique marxiste. Pouillon présente ces comparaisons comme des preuves de la valeur de sa théorie ; mais peut-être est-ce nous plutôt une raison d'être plus circonspects.

Lévi-Strauss construit sa réflexion au sujet du progrès sur une dialectique entre l'uniformisation née de la collaboration (pas forcément heureuse) entre les cultures et la diversité entre les cultures et à l'intérieur de celles-ci, nécessaire pour faire advenir le progrès. Se pose alors le problème de l'occidentalisation à l'oeuvre presque partout. Claude Lévi-Strauss évacue, me semble-t-il, un peu cavalièrement le problème, en suggérant que peuvent émerger de nouveaux modèles, et qu'il s'agit sans doute d'un phénomène temporaire. Mais soixante-dix ont passé depuis, le modèle soviétique s'est effondré, et on peut sans doute affirmer que l'occidentalisation s'est accentuée. Je suis donc resté sur ma faim à ce sujet.
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Cet essai, bien que court n'est pas des plus simple à lire, encore plus pour du Lévi-Strauss. Cela vient tout spécialement de la genèse du texte, qui est une commande de l'UNESCO (je crois) pour en faire une brochure. Pourtant il reste très intéressant d'un point de vue ethnographique et anthropologique qui permet de mettre en perspective la vision globale de la diversité culturelle humaine.
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Il est difficile pour moi de donner un avis sur ce genre d'ouvrage. Encore plus quand l'auteur est quelqu'un comme Levi-Strauss !

Pour une critique plus complexe de ce livre, je verrai dans 10 ou 15 ans. Là, mes connaissances ne sont pas suffisantes. J'avoue que j'ai un peu de mal à tout comprendre. Ce n'est pas toujours facile d'aborder les écrits d'une telle « légende ».

Quoi qu'il en soit, cet ouvrage est vraiment intéressant. Pour comprendre le racisme, il faut comprendre la culture de l'autre.

L'auteur propose ici des réflexions sur les cultures, leur place les unes vis-à-vis des autres, les évolutions possibles de ces dernières. Bien que parfois les choses soient un peu compliquées à saisir, j'avoue avoir assez apprécié les idées développées.

Je pense que mes soucis de compréhension viennent du fait que je suis encore une grosse novice dans le domaine de l'ethnologie/éthographie et dans l'anthropologie. Cependant, je pense que même avec de faibles connaissances, on peut aborder ce livre.

Je vous invite donc à le lire (il n'est vraiment pas long).

Juste au passage : il y a quelques fautes de frappe…
Lien : http://xian-moriarty.over-bl..
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Première rencontre avec l'anthropologie et Lévi-Strauss. Je découvre le structuralisme, les comparaisons entre groupe humain et modèles mathématiques, qui rendent la compréhension de l'évolution suffisamment tangible et claire pour une novice comme moi. En quelques mots, pour qu'un groupe d'humain évolue, il faut qu'il ait un certain nombre d'apport extérieur pour enrichir sa société, mais cela introduit un paradoxe : au contact de sociétés différentes, un groupe donné intègre des différences qui viennent l'enrichir, mais alors les différences sont lissées. Il faut alors créer ou trouver des différences autrepart.
Lecture enrichissante, qui m'ouvre tout un pan de la philosophie/anthropologie encore à découvrir.
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"Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie." Voila ce tout ce que l'on m'a apprit sur Lévi-Strauss au collège-lycée, cette petite citation facile à caser dans une analyse de texte ou une dissertation.

Je me suis ainsi décidé à lire cet ouvrage pour comprendre la citation dans son contexte.
Je ressors de cette lecture avec une meilleure compréhension du pourquoi ce livre a été produit dans le cadre de la lutte contre le racisme, et surtout du comment il parvient à démonter/démontrer des idées autour de la hiérarchisation des sociétés et de l'histoire des civilisations.

C'est un livre court, qu'il est bon de partager. Sans prendre pour vrai tout ce qui est dit (il s'agit de théories, de propositions, pas de vérités), l'ouvrage permet d'aller plus loin dans notre représentation de la civilisation occidentale, des sociétés passées, des sociétés "archaïques".
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