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EAN : 9782266038164
347 pages
Pocket (01/06/1990)
3.98/5   85 notes
Résumé :
"La Pensée sauvage" et non "la pensée des sauvages". Car ce livre s'écarte de l'ethnologie traditionnelle en prenant pour thème un attribut universel de l'esprit humain : la pensée à l'état sauvage qui est présente dans tout homme - contemporain ou ancien, proche ou lointain - tant qu'elle n'a pas été cultivée et domestiquée à des fins de rendement.

Même dans les sociétés sans écriture, cette pensée ressemble singulièrement à celle qui nous est famili... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Lévy-Strauss tente de cerner les système de signes de sociétés primitives par l'opposition des signes entre eux. Il en dégage la permanence de la quête de la connaissance qui n'est pas antinomique avec la pensée scientifique mais la contient plutôt. En ce sens, il s'oppose dans le dernier chapitre à Sartre.
Le texte est dépaysant par les mythes, croyances, coutumes, interprétations sociales qu'il nous permet d'entrevoir.
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Composé dans le même élan que "Le Totémisme aujourd'hui" en 1962, Claude Lévi-Strauss poursuit son étude des sociétés dites primitives, à travers une analyse, comme son titre l'indique, de la pensée sauvage. Comme pour celle de la civilisation occidentale, elle a pour moteur (je risque d'énoncer un contre-sens,  car j'avoue ne pas être très sûr parfois de bien comprendre les analyses de CLS) le besoin qu'ont les hommes  d'ordonner le réel en le nommant et le classant pour lui donner un sens. Et à la différence de la rationalité scientifique de l'Occident, la pensée sauvage se construit sur une logique du "bricolage".
Lévi-Strauss parvient à comprendre les logiques des classifications des sociétés primitives, irrationnelles en apparence, par un décloisonnement des disciplines. le point de vue de l'ethnologue ne peut se passer de celui du géographe, de l'historien, du linguiste, du climatologue, du botaniste ou du zoologue.
Malgré l'habileté de l'auteur à éveiller l'intérêt par l'emploi réussi de belles analogies: l'image des joueurs de carte ou de la croissance d'un arbre pour illustrer les principes évolutifs d'une structure par exemple, cette étude reste difficile à comprendre pour un néophyte (j'ai vécu de grands moments de solitude sur de nombreux passages, me rendant compte de mon incapacité à maîtriser sérieusement ma langue maternelle...)


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Il est dur pour moi de critiqué un monument de la pensée structuraliste comme Claude Lévi-Strauss.
Il dépeint ici les différentes façon d'accéder à la pensée primitive, ou surtout des personnes que l'on a taxé de primitif car ils ne répondaient pas aux même codes de l'intelligentsia...
Il nous permet donc ici d'accéder aux systèmes de pensées de peuples ayant une vision de la nature/culture différente de l'occident européen.
Je pense qu'il est absolument nécessaire de lire un livre aussi ancestral que celui-ci avant d'approfondir cette ambivalence nature-culture en lisant par exemple Philippe Descola, entre autres.
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1962. " Au lieu, donc, d'opposer magie et science, il vaudrait mieux les mettre en parallèle, comme deux modes de connaissance, inégaux quant aux résultats théoriques et pratiques, [...] mais non par le genre d'opération mentale qu'elles supposent toutes deux. " Considérant des classifications totémiques et d'autres aspects de cultures orales, C. Lévi-Strauss déplace la frontière épistémologique qui sépare les savoirs scientifiques des croyances populaires. La différence n'est pas d'ordre intellectuel, mais sensible : science théoricienne d'un côté, science du concret de l'autre.
Lien : https://www.scienceshumaines..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
« D’ailleurs, une forme d’activité subsiste parmi nous qui, sur le plan technique, permet assez bien de concevoir ce que, sur le plan de la spéculation, put être une science que nous préférons appeler « première » plutôt que primitive : c’est celle communément désignée par le terme de bricolage. (…) La comparaison vaut d’être approfondie, car elle fait mieux accéder aux rapports réels entre les deux types de connaissance scientifique (sciences du concret ; sciences exactes et naturelles) que nous avons distingués. Le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâches diversifiées ; mais, à la différence de l’ingénieur, il ne subordonne pas chacune d’elles à l’obtention de matières premières et d’outils conçus et procurés à la mesure de son projet : son univers instrumental est clos, et la règle de son jeu est toujours de s’arranger avec les « moyens du bord », c'est-à-dire un ensemble à chaque instant fini d’outils et de matériaux, hétéroclites au surplus, parce que la composition de l’ensemble n’est pas en rapport avec le projet du moment, ni d’ailleurs avec aucun projet particulier, mais est le résultat contingent de toutes les occasions qui se sont présentées de renouveler ou d’enrichir le stock, ou de l’entretenir avec les résidus de constructions et de destructions antérieures. »
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Les produits naturels utilisés par ls peuples sibériens à des fins médicinales illustrent, par leur définition précise et la valeur spécifique qu'on leur prête, le soin, l'ingéniosité, l'attention au détail, le souci des distictins, qu'ont dû mettre en oeuvre les observateurs et les théoriciens dans les sociétés de ce type : araignées et vers blancs avalés (Itelène et Iakoute, stérilité) ; graisse de scarabée noir (Ossète, hydrophobie) ; cafard écrasé, fiel de poule (Russes de Sourgout, abcès et hernie) ; vers rouges macérés (Iakoute, rhumatisme) ; fiel de brochet (Bouriate, maladies d'yeux) ; loche, écrevisse avalées vivantes (Russes de Sibérie, épilepsie et toutes maladies) ; attouchement avec un bec de pic, du sang de pic, insufflation nasale de poudre de pic momifié, oeuf gobé de l'oiseau koukcha (Iakoute, contre maux de dents, écrouelles, maladies de chevaux, et turbeculose, respectivement) ; sang de perdrix, sueur de cheval (Oïrote, hernies et verrues) ; bouillon de pigeon (Bouriate, toux) ; poudre de pattes broyées de l'oiseau tilégous (Kazak, morsures de chien enragé) ; chauve-souris desséchée pendue au cou (Russes de l'Altaï, fièvre) ; instillation d'eau provenant d'un glaçon suspendu au nid de l'oiseau remiz (Oïrotes, maladies des yeux).
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Quand nous commettons l'erreur de croire le sauvage exclusivement gouverné par ses besoins organiques ou économiques, nous ne prenons pas garde qu'il nous adresse le même reproche, et qu'à lui son propre désir de savoir paraît mieux équilibré que le nôtre.
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Comme dans les langues de métier, la prolifération conceptuelle correspond à une attention plus soutenue envers les propriétés du réel, à un intérêt mieux en éveil pour les distinctions qu'on peut y introduire. Cet appétit de connaissance objective constitue un des aspects les plus négligés de la pensée de ceux que nous nommons "primitifs". S'il est rarement dirigé vers des réalités du même niveau que celles auxquelles s'attache la science moderne, il implique des démarches intellectuelles et des méthodes d'observatiions comparables. Dans les deux cas, l'univers est objet de pensée, au moins autant que moyen de satisfaire des besoins
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Il suffit donc que l'histoire s'éloigne de nous dans la durée, ou que nous nous éloignions d'elle par la pensée, pour qu'elle cesse d'être intériorisable et perde son intelligibilité, illusion qui s'attache à une intériorité provisoire. Mais qu'on ne nous fasse pas dire que l'homme peut ou doit se dégager de cette intériorité provisoire. Il n'est pas en son pouvoir de le faire, et la sagesse consiste pour lui à se regarder la vivre, tout en sachant (mais dans un autre registre) que ce qu'il vît si complètement et intensément est un mythe, qui apparaîtra tel aux hommes d'un siècle prochain, , qui lui apparaîtra tel à lui-même, peut-être, d'ici quelques années, et qui, aux hommes d'un prochain millénaire, n'apparaîtra plus du tout.
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Lukas Bärfuss présente "Le carton de mon père – Réflexions sur l'héritage", en librairie dès le 2 février 2024.
À la mort de son père, il y a vingt-cinq ans, Lukas Bärfuss refuse l'héritage, constitué essentiellement de dettes. Il ne garde qu'un carton, rempli d'une triste paperasse. Quand, à la faveur d'un grand rangement, il l'ouvre et passe en revue ce qu'il contient, c'est toute son enfance précaire qui défile. À la lumière de la Bible, Darwin, Claude Lévi-Strauss ou Martine Segalen, l'écrivain décortique les notions de famille et d'origine, ces obsessions dangereuses de notre civilisation. Il en profite pour évoquer les "biens jacents", ces biens sans propriétaires que sont les océans, les animaux sauvages, et surtout les déchets. Dans cet essai qui est sans doute son livre le plus personnel, Lukas Bärfuss démontre une fois encore son esprit critique acéré.
https://editionszoe.ch/livre/le-carton-de-mon-pere
Réalisation: Fran· Gremaud Tournage réalisé dans les locaux de la HKB Berne Avec le soutien de Pro Helvetia
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>Psychologie>Psychologie différentielle et génétique>Ethnopsychologie et psychologie des peuples (12)
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