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Citations sur Tristes Tropiques (205)

Dans quelques centaines d'années, en ce même lieu, un autre voyageur, aussi désespéré que moi, pleurera la disparition de ce que j'aurais pu voir et qui m'a échappé. Victime d'une double infirmité, tout ce que j'aperçois me blesse, et je me reproche sans relâche de ne pas regarder assez.
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«  Le savant n’est pas l’homme qui fournit les vraies réponses ,c’est celui qui pose les vraies questions » ….
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Dans la savane obscure, les feux de campement brillent. Autour du foyer, seule protection contre le froid qui descend, derrière le frêle paravent de palmes et de branchages hâtivement planté dans le sol du côté d'où on redoute le vent ou la pluie ; auprès des hottes emplies des pauvres objets qui constituent toute une richesse terrestre ; couchés à même la terre qui s'étend alentour, hantée par d'autres bandes également hostiles et craintive, les époux, étroitement enlacés, se perçoivent comme étant l'un pour l'autre le soutien, le réconfort, l'unique secours contre les difficultés quotidiennes et la mélancolie rêveuse qui, de temps à autre, envahit l'âme nambikwara. Le visiteur qui, pour la première fois, campe dans la brousse avec les Indiens, se sent pris d'angoisse et de pitié devant ce spectacle de cette humanité si totalement démunie ; écrasée, semble-t-il, contre le sol d'une terre hostile par quelque implacable cataclysme ; nue, grelottante auprès des feux vacillants. Il circule à tâtons parmi les broussailles, évitant de heurter une main, un bras, un torse, dont on devine les chauds reflets à la lueur des feux. Mais cette misère est animée de chuchotements et de rires. Les couples s'étreignent comme dans la nostalgie d'une unité perdue; les caresses ne s'interrompent pas au passage de l'étranger. On devine chez tous une immense gentillesse, une profonde insouciance, une naïve et charmante satisfaction animale, et, rassemblant ses sentiments divers, quelque chose comme l'expression la plus émouvante et la plus véridique de la tendresse humaine. p345
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"Chaque homme, écrit Chateaubriand, porte en lui un monde composé de tout ce qu'il a vu et aimé, et où il rentre sans cesse, alors même qu'il parcourt et semble habiter un monde étranger."
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Les mendiants : «  Mais c’est évident, cela crève les yeux, ne suis-je pas là, à mendier devant toi, ayant de ce seul fait , sur toi, une créance ? A quoi penses-tu donc ? Où as-tu la tête ? »
L’acceptation d’une situation de fait est si totale qu’elle parvient à dissoudre l’élément de supplication. Il n’y a plus que la constatation d’un état objectif, d’un rapport naturel de lui à moi, dont l’aumône devait découler avec la même nécessité que celle unissant , dans le monde physique, les causes et les effets.

j’aurai donc du succès avec le blanc et le noir. Le jaune et le rouge forment souvent pour eux
une seule catégorie linguistique en raison des variations de la teinture d’urucu qui, selon la
qualité des graines et leur état de maturité, oscille entre le vermillon et le jaune-orangé ; le
rouge garde pourtant l’avantage, par son chromatisme intense que certaines graines et
plumes ont rendu familier. Quant au bleu et vert, ces couleurs froides se trouvent surtout
illustrées à l’état naturel par des végétaux périssables, double raison qui explique
l’indifférence indigène … »
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Pour les villes européennes, le passage des siècles constitue une promotion, pour les américaines, celui des années est une déchéance. Car elles ne sont pas seulement fraîchement construites : elles sont construites pour se renouveler avec la même rapidité qu'elles furent bâties, c'est-à-dire mal.
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Si les Celtes ont emprunté certains de leurs mythes à cette civilisation sub-arctique, dont nous ne connaissons presque rien, on comprendrait comment il se fait que le cycle du Graal présente avec les mythes des Indiens des forêts de l'Amérique du nord une parenté plus grande qu'avec n'importe quel autre système mythologique. Et ce n'est pas non plus un hasard si les Lapons dressent toujours des tentes coniques identiques à celles de ces derniers.
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Lorsque les hommes commencent à se sentir à l'étroit dans leurs espaces géographique, social et mental, une solution simple risque de les séduire: celle qui consiste à refuser la qualité humaine à une partie de l'espèce. Pour quelques dizaines d'années, les autres retrouveront les coudées franches. Ensuite il faudra procéder à une nouvelle expulsion. Dans cette lumière, les évènements dont l'Europe a été depuis vingt ans le théâtre, résumant un siècle au cours duquel son chiffre de population a doublé, ne peuvent plus m'apparaître comme le résultat de l'aberration d'un peuple, d'une doctrine ou d'un groupe d'hommes. J'y vois plutôt un signe annonciateur d'une évolution vers le monde fini, dont l'Asie du Sud a fait l'expérience un millénaire ou deux avant nous et dont, à moins de grandes décisions, nous ne parviendrons peut-être pas à nous affranchir. Car cette dévalorisation systématique de l'homme par l'homme se répand, et ce serait trop d'hypocrisie et d'inconscience que d'écarter le problème par l'excuse d'une contamination momentanée.
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J’aperçois un péril plus grave encore à confondre le progrès de la connaissance avec la complexité croissante des constructions de l'esprit.
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Quant aux créations de l'esprit humain, leur sens n'existe que par rapport à lui, et elle se confondront au désordre dès qu'il aura disparu,
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