(Billet écrit en juin 2011)
C'est avec beaucoup de retard que je me plonge dans le dernier roman de
Justine Levy,
Mauvaise Fille, sorti il y bientôt deux ans.
L'auteure continue d'explorer la veine autofictionelle et revient sur l'agonie de sa mère, et sur sa propre grossesse.
La jeune fille du Rendez-vous et de
Rien de grave a grandi. Louise est témoin du cancer qui ronge sa mère Alice quand elle découvre qu'elle est elle-même enceinte. Terrible concours de circonstances, un être qui est en train de mourir et l'autre qui va naître.
Louise est chamboulée, oscille entre des sentiments contradictoires, peine à assumer ses rôles de fille et de future mère.
Elle se sent coupable d'être enceinte et de ne pas avoir la tête tout à sa mère dans ces derniers moments. Elle aimerait aussi pouvoir partager l'annonce de cette grossesse avec sa mère mais il est peut-être trop tard.
Il s'agit de faire face à l'issue inéluctable de la maladie, et l'agonie est saisissante.
Et puis cette grossesse... A t-elle vraiment envie de cet enfant ? Saura-t-elle être une bonne mère ?
Il faut dire que l'héritage maternel est lourd à porter. En effet, Alice a été une très belle femme, une très forte personnalité, mais a aussi mené une vie fantasque, parfois extrême, et été une mère inconséquente, ce qui bien sûr pèse dans les questionnements de Louise.
Justine Levy analyse avec acuité les émotions de la narratrice et raconte son cheminement pour se réconcilier avec le souvenir de sa mère et devenir mère à son tour.
Mauvaise fille est un roman profond et émouvant, à mes yeux réussi bien que parfois inégal (Quelques règlements de compte et un portrait très flatteur du père m'ont semblé manquer de nuance ; certaines énumérations m'ont fatiguée)
J'ai aimé le style : Phrases lapidaires, mots jetés sur le papier au rythme des pensées de la narratrice, style oral donc, presque viscéral dans les instants de détresse.
J'ai surtout aimé l'honnêteté et la sensibilité avec lesquelles Louise/Justine se met à nu.