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3,95

sur 614 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La « couleur du lait », c'est celle des cheveux de Mary. En 1830, elle est une petite paysanne boiteuse, qui n'a pas la langue dans sa poche. Elle vit dans une ferme, avec ses trois soeurs, sa mère usée par le travail, son père violent et frustre, et son grand-père invalide qu'elle aime tant. Lorsqu'elle a presque quinze ans, son père la loue au pasteur de la paroisse, pour qu'elle s'occupe de sa femme malade. Après la mort de celle-ci, il la garde à son service et lui apprend à lire et à écrire. Mais tout a un prix, surtout à son faible niveau social…
En 1831, Mary décide d'écrire son histoire. Avec ses mots simples, son vocabulaire limité, elle raconte sa courte existence, et ce qui l'a conduite là où elle est.
L'histoire est simple, courte, et prévisible. L'auteure nous décrit une existence rude, des conditions de vie rudes, et un asservissement total des femmes.
Le langage est simple, sans fioriture ni majuscule, de la façon dont le conçoit Mary. Elle écrit comme elle parle, de façon abrupte, et le style renforce la véracité de l'histoire.
Premier roman de cette auteure traduit en français.
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Un petit livre d'une auteure anglaise inconnue pour moi, acheté au détour d'une brocante locale, attirée que j'ai été par la photo de couverture (qui n'est pas celle affichée ici, car d'une autre édition), le titre, et bien sûr le résumé. Sensible aux histoires de vies, à l'histoire, à la condition féminine, à la lecture et à l'écriture, mais aussi à tout ce qui relève de l'inceste, du viol et autres "joyeusetés" imposées aux femmes, je ne pouvais que m'arrêter sur ce petit roman de 175 pages (dont j'ai pensé un temps qu'il s'agissait d'un témoignage vécu), un roman sans prétention stylistique mais qui touche énormément.

En effet, dès le départ, j'ai été déroutée par la mise en page graphique, avec notamment l'absence des tirets de dialogue (on a du mal alors à comprendre qui parle) et la quasi absence de ponctuation. J'ai pensé "c'est un livre mal imprimé" ?, "c'est une forme particulière de poésie" ? Non, il s'agit bien d'un roman... Mais le texte lu est censé avoir été écrit par une petite paysanne analphabète et handicapée de 15 ans, non informée des règles de présentation d'un livre (on verra à la fin les conditions réelles d'écriture de l'intéressée). Il n'y a pas non plus de majuscules au début des phrases, la syntaxe est plus qu'approximative (mais c'est voulu, car c'est la traduction littérale d'un parler paysan anglais du XIXe siècle) et les temps de conjugaison ne sont pas toujours respectés.

Le récit, puisqu'il s'agit bien d'un récit écrit à la première personne, s'échelonne sur un an, au rythme des saisons. On y découvre le destin difficile de Mary et de sa famille pauvre et laborieuse. Les parents n'ont pas eu de fils alors, bon an, mal an, les quatre filles sont amenées à les remplacer dans un dur quotidien rythmé, du lever au coucher du soleil, par les corvées. Jusqu'au jour où le père de Mary l'informe qu'elle doit quitter sa maison et aller vivre chez le pasteur Graham à qui il l'a louée contre monnaie sonnante et trébuchante, afin qu'elle aide à la tenue du logis et qu'elle s'occupe de sa femme malade.

Certes, Mary se retrouve habillée de propre, nourrie et logée dans de meilleures conditions que celles qu'elle connaissait jusqu'alors... mais, malgré l'avantage évident tiré de sa nouvelle condition, elle vit difficilement cet arrachement de ses racines et de ses proches et n'aura de cesse de retourner à la ferme, au grand dam de son père qui l'obligera à respecter sa parole donnée.

Difficile de trop en dire sans dévoiler l'intrigue. Peu à peu, Mary trouvera ses marques dans cette nouvelle maison grâce notamment à un semblant d'intérêt et d'affection prodigué par la femme du pasteur dont elle s'occupe. Jusqu'à un moment de bascule, quand celle-ci viendra à décéder.

Ce n'est donc pas le style de l'écriture qui nous intéressera ici (hormis peut-être que l'auteure a quand même dû vraiment travailler la forme pour parvenir à restituer un parler tronqué). Ce qui m'a semblé très percutant, c'est la façon dont la personnalité du personnage principal, Mary, a été dessinée. Avant-gardiste avant l'heure, Mary fait preuve d'un bon sens et d'un sens de la répartie qui en étonnent plus d'un. Certes, elle ne sait ni lire, ni écrire. N'a reçu aucune forme d'affection de la part de ses parents, trop occupés à trimer (à part peut-être de la part de son grand-père grabataire qui vit avec eux), n'est pas informée des us et coutumes des gens dits "civilisés", mais elle connaît néanmoins la marche de la vie, au travers des rythmes de la nature, des animaux dont elle s'occupe, grâce à son sens de l'observation et à son intelligence naturelle sensible.

La chute du roman est remarquable et implacable. A l'image de la condition féminine des femmes et jeunes filles défavorisées de l'Angleterre du XIXe siècle. Bref, un petit livre intéressant et percutant au plan émotionnel.
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J'avais déjà lu de nombreuses critiques (bonnes et mauvaises de ce roman), tous déploraient les "problèmes" de syntaxe, de vocabulaire, de majuscules...
Je partais donc sceptique mais j'avais envie de me faire ma propre opinion.
Alors oui c'est très déconcertant, le 1er chapitre semble long parce qu'il faut s'adapter au style d'écriture. Mais au final, le style c'est l'héroïne, Mary, fille issue d'une famille nombreuse sans le sou, sans éducation, au XIXe. Comme on dit en Belgique "elle parle comme sa bouche est faite".

Passé ce temps d'adaptation, on s'attache vite à cette gamine et on ne veut pas lâcher le roman.

Comme pour tout roman historique, (comme pour tout ce qui concerne l'histoire et c'est d'actualité en ce moment), il faut se rattacher au contexte dans lequel le roman est empreint.
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Emprunté totalement par hasard à la médiathèque - c'est son épaisseur qui me l'a fait choisir !  - je suis tombée totalement sous le charme de ce court roman qui m'a fait penser aux romans de Thomas Hardy ... 

Mary, dernière enfant d'une famille pauvre de paysans du Dorset, écrit l'histoire de sa vie - et plus précisément de l'année 1831, en 4 chapitres correspondant à chaque saison ...

La vie à la ferme sous la coupe d'un père brutal qui rêvait de garçons et qui n'a eu que des bras de filles pour abattre une trop lourde besogne ...

Le placement chez le pasteur où elle tient compagnie à son épouse tout en trimant en cuisine et au ménage ...

La chute annoncée et la conclusion qui démontre qu'elle aura toujours su rester libre !

Un roman très court, très bien écrit ...

Un auteur à suivre :)  
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Comme beaucoup, je pense, j'ai été au début assez désarçonnée par le style d'écriture choisi par Nell Leyshon. On sent que Mary, la jeune narratrice, en est au début de son apprentissage de la lecture et de l'écriture, ce qui nous donne un style très oral, avec peu de ponctuation et des fautes régulières de syntaxe et de grammaire. Il faut dire que Mary, dernière d'une fratrie de quatre filles, n'a guère reçu d'éducation, son père préférant la voir travailler aux champs.

Mary a donc grandi dans la ferme familiale, entre un père violent et une mère insensible. Ses relations avec ses soeurs ne sont guère plus chaleureuses, et Mary ne sent bien qu'en présence de son grand-père.
Seulement voilà, un été, le pasteur Graham propose au père de prendre l'une de ses filles chez lui afin qu'elle tienne compagnie à son épouse, femme fragile au coeur malade. Puisque Mary a "une patte folle" et qu'elle ne peut accomplir tout le travail qu'on attend d'elle, c'est elle qui est choisie.
Au début désoeuvrée, Mary peine à prendre ses marques, avant de finalement s'attacher à la femme du pasteur.

Le récit se divise en quatre parties, une pour chaque saison de cette funeste année que va vivre Mary. Au début, elle évoque la vie à la ferme, les corvées dont elle doit se charger, ses échanges avec son grand-père, la violence de son père (horreur que d'avoir quatre filles, aucune ne pouvant abattre la même quantité de travail qu'un homme) et la rudesse de sa mère.

Et pourtant, Mary s'est attachée à cette vie, elle qui n'a jamais rien connu d'autre, aussi c'est un véritable déchirement pour elle que de partir vivre chez le pasteur. C'est cependant une aubaine pour son père: il se débarrasse de Mary, la plus fragile du fait de son infirmité, une bouche de moins à nourrir et en plus le pasteur lui donne de l'argent en échange!

Seulement, Mary n'a pas sa langue dans sa poche! Manquant d'éducation, elle n'a pas les manières requises pour travailler en maison, elle dit toujours ce qu'elle pense, sans aucune arrière-pensée, ce qui pourrait la faire passer pour insolente et lui causer des ennuis.
Au début, Mary est un peu perdue, elle essaie d'aider mais c'est un peu mal perçu par la gouvernante qui craint qu'elle ne veuille lui prendre sa place. La charge de travail n'étant pas la même qu'à la ferme, Mary se sent parfois un peu désoeuvrée, elle n'a pas l'habitude de rester sans rien faire à juste tenir compagnie à une malade.

Tout cela fait que j'ai beaucoup apprécié ce roman. Mary est une jeune fille attachante, simple, franche et vraie, quant à la femme du pasteur, elle m'a fait pitié, et sa douceur est un vrai plus dans ce livre somme toute assez sombre. Par contre, son fils est un vrai coureur de jupons qui ne se soucie pas des conséquences de ses actes (bon, les filles séduites non plus, me direz-vous), j'ai donc eu plus de mal avec lui.

Quant à ce qui se passe avec le pasteur, je l'avais déjà plus ou moins deviné en lisant le résumé de quatrième. du coup, je pensais que ce récit m'amènerait juste à comprendre comment tout cela s'était passé, sauf que Nell Leyshon va plus loin que cela, car cet acte va avoir de lourdes conséquences.
Et ce sont justement de ces conséquences que l'on parle, sans pathos ni rien de larmoyant, juste des faits terribles que Mary nous raconte sans fard, nous les exposant à la terrible lueur du jour.

C'est fort, dérangeant, percutant, et c'est la raison pour laquelle je vous recommande ce livre, petit par son nombre de pages mais grand de par son sujet et la façon dont il est traité.
Lien : http://pinklychee-millepages..
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Nell Leyshon s'est fait connaître pour ses pièces de théâtre.
La Couleur du lait est un roman et a remporté un gros succès en 2012 : ce livre raconte le destin de la jeune Mary qui quitte la ferme paternelle pour aller travailler chez le pasteur. Elle est assez simple d'esprit et elle nous livre ses pensées dans ce récit construit selon les saisons, dans lequel on devine dès le début qu'un drame s'est produit.
La vie à la ferme est terrible, le père est cruel, la mère n'est pas tendre, et Mary partage sa chambre avec ses soeurs. Elle a dû mal à s'accommoder de sa nouvelle vie chez des riches, mais son père l'oblige à rester. Ses patrons sont bons pour elle : la femme, malade, s'est prise d'affection pour Mary mais elle meurt. le pasteur se retrouve seul et garde Mary à son service. Il va lui apprendre à lire et à écrire, mais sa bonté va malheureusement dépasser les bornes...

Le livre est écrit dans le langage simple et fautif de Mary, c'est son journal écrit en 1830. Pourtant, l'ambiance rurale renvoie presque à des atmosphères médiévales. La fin donne toute sa force au roman.
Lien : http://edencash.forumactif.o..
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La couleur du lait est un livre qui mérite d'être connu, reconnu, lu.
Loin de Signol ou de Pagnol dont les mots de leurs ouvrages sont chantants,
Ce roman est en quatre temps et suit Dame nature qui nous enchante de part ses saisons, comme Vivaldi, le ton est donné et la musique change au rythme des saisons qui passent.
Mary sera lire et écrire mais à quel prix?
Celui, un jour de se révolter et de tuer le pasteur, sont bienfaiteur.
Nul n'a le droit de vie ou de mort sur l'autre et nul n'a le droit d'obliger ou pas l'autre à subir ce que Dieu dit être un péché.
Mary aux cheveux couleur du lait, le sait et retrace son histoire qui nous bouscule au fond de nous et nous dit que la femme au statut non reconnue à cette époque et sans droit que celui d'obéir aux pulsions bestiales des hommes, a en fait un droit celui d'être condamner à mort pour ne plus vouloir subir ce que les hommes qualifient de normal, pour certains.
Ce livre fait écho avec notre société qui en marge de la reconnaissance des droits de la femme qui subit des violences ou des viols, même entre époux, est en train de se remettre un peu en question.
Mary a eu le courage de ne plus vouloir.
Mary a eu le courage de se défendre.
Mary a eu le courage d'assumer son acte.
Mary est un exemple de la rudesse du monde et des Hommes.
Mais Mary va le payer de sa vie et l'écrit.
Elle ne sera pas la victime muette de ce qu'elle ne voulait pas et prendra son destin en main..
Un très bel ouvrage pittoresque au parlé franc et dont Mary "l'auteur" raconte avec ses mots et écrit comme son parlé, son histoire et jusqu'au bout ne laissera point la plume, l'encrier, le papier et le buvard pour raconter le prix de sa liberté gagné et l'emmenant tout droit vers le "couloir de la mort" de l'époque.
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J'ai beaucoup aimé ce roman, au fil de la lecture, nous découvrons des paysans très rudes, un grand-père attachant, et une héroïne naïve au parlé brut sans mensonges sans fioritures.
l'écriture est sensible, poétique, et la forme très convaincante puisque nous sommes au 19 ème siècle.
L'écrivaine réussit a nous transporter, vers la joie, la colère, la pitié....je me suis même surprise a avoir une petite larme a la fin du livre...
Une oeuvre a lire absolument
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Au commencement, j'ai d'abord cru rencontrer une petite bonne campagnarde, naïve et rusee, tout droit sortie d'un roman De Maupassant.
Puis le personnage évolue avec les saisons, l'écriture devient de plus en plus recherchée en parallèle de son éducation et de son histoire.
J'ai bien aimé ce roman d'une année, suivre l'évolution de Mary jusqu'à la dernière page, l'exercice de style intéressant, les thèmes abordés. A méditer
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Mary est une jeune fille de 15 ans vivant dans un milieu rural plutôt défavorisé. Son père la fait travailler durement, ainsi que ses soeurs d'ailleurs. Mary passe donc la plupart de ses journées aux champs, mais essaie aussi de toujours trouver un instant pour retrouver son grand-père qui vit avec eux. Un jour, sa vie bascule lorsque son père l'envoie travailler chez le pasteur Graham. Là-bas, Mary tient compagnie à son épouse, fait office aussi un peu de "bonne à tout faire", mais mange à sa faim et dort dans un lit qu'elle ne partage plus. Mais son quotidien n'est plus simple qu'à la ferme, elle apprend à obéir, mais aussi l'humiliation. Grâce au pasteur Graham, elle apprend à écrire et à lire, ce qui lui permet d'ailleurs de se confier dans cette histoire...

C'est son titre et sa couverture qui ont fait que je m'intéresse à ce roman et que je le sorte enfin de ma monstrueuse PAL.

Rencontrer Mary, c'est découvrir une jeune fille qui n'est pas très heureuse, elle aime sa famille, mais on ressent quand même qu'elle manque de quelque chose. Son père la considère comme une main d'oeuvre (à défaut d'avoir eu des fils, il doit faire avec ses filles), chacune des filles essaie d'attirer l'attention sur elle et seul son grand-père lui prête une véritable attention. On s'attache à Mary quand elle travaille durement, on s'attache d'autant plus à elle quand elle doit partir vivre et travailler chez le pasteur Graham et on s'attache encore et toujours plus à mesure qu'elle partage son histoire avec nous.

La couleur du lait de Nell Leyshon est incontestablement un livre qui ne ressemble à aucun autre. Ecrit un peu à la façon d'une confession, la première chose qui "choque" et marque est la façon dont l'histoire nous est contée. Pas de majuscule, un langage rural, les dialogues qui se fondent dans l'histoire, cela a de quoi surprendre lors des premières pages, cela nous déstabilise même un peu. Mais rapidement, tout cela permet d'entrer plus profondément dans l'histoire de Mary, Mary qui se livre totalement au fil des pages avec les mots qui lui viennent tels quels.

La couleur du lait nous offre une histoire intense, presque même bouleversante. J'avouerais avoir dû reposer le livre à une ou deux reprises lors de la lecture, tellement je bouillais presque intérieurement. Nell Leyshon à travers la confession de Mary, nous offre un récit qui vous marquera forcément. Rapidement, on ne referme plus le livre, on partage vraiment le quotidien de notre jeune héroïne, on aimerait presque pouvoir la secourir de tout cela. Et surtout, on ne s'attend pas à cette fin... cette fin qui marque, choque presque, qui laisse bouche bée, qui nous donne même envie de hurler !

Clairement, vous vous devez de découvrir La couleur du lait de Nell Leyshon si ce n'est pas encore fait. le livre est disponible aux Editions 10/18.
Lien : http://ladoryquilit.blogspot..
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