Comme un corbeau blanc,
L'amour est rare...
Comme un corbeau blanc
L'amour m'est chère....
Chanson (1973) jaunie à l'idée qu'on l'oublie...
au commencement, après le serpent
c'est le corbeau que l'on espère revenant...
une destinée pourtant couchée noir sur blanc
puisse- t'elle un soir, papier buvard
être allongée sous un révérend...bavard.
moralité : pauvre destinée minuscule à ceux qui persistent à vivre sans Majuscule...
est-ce que tu sais la différence entre un corbeau, une corneille et un choucas ?
oui. ils ont pas les mêmes noms.
P115
qu'est-ce que tu peux être rosse quand tu t'y mets. P79
Commenter  J’apprécie         1121
Mary, une jeune anglaise, vit à la ferme sous l'autorité d'une mère indifférente et d'un père qui l'a maltraite, encore plus qu'il ne le fait avec ses trois soeurs et son grand-père infirme.
Pour Mary, jeune fille franche et sans détour que l'on dit simplette, probablement à cause de sa boiterie, une vie difficile donc, mais qu'elle apprécie malgré tout. Car elle est proche de la nature et des animaux qu'elle soigne. Elle aime partager des rêves avec ses soeurs et des discussions avec son grand-père - un fainéant aux yeux du père - relégué comme un animal dans la réserve aux pommes.
Bien ou mal, pourtant un jour elle doit quitter cette vie, son père l'a louée pour une période indéterminée au presbytère. Un lieu où Mary va découvrir avec le couple de pasteurs, la bienveillance, le plaisir de lire et d'écrire, mais aussi malheureusement y faire l'apprentissage de l'humiliation et de l'avilissement.
Une histoire racontée avec ses mots par une Cendrillon anglaise du XIXe siècle, qui n'avait rien pour me plaire. Seulement le talent de Nell Leyshon a balayé mes a priori. J'ai été amusée par le culot et la ruse de cette jeune paysanne, remuée par sa confession, émue par son sort.
« mes cheveux ont la couleur du lait
je m'appelle Mary
m.a.r.y.
j'ai décidé de commencer au commencement et de finir à la fin. »
Commenter  J’apprécie         814
"ceci est mon livre, et je l'écris de ma propre main"
En l'an de grâce mille huit cent trente, Mary a 15 ans et quitte la ferme familiale, ses trois soeurs et un père, seigneur en son misérable royaume, pour devenir petite bonne au presbytère.
C'est une Bécassine d'un autre temps, esprit simple et frondeur, pipelette à la langue bien pendue, et sa nouvelle vie de domestique lui pèse autant qu'elle l'étonne. Son intelligence est vive en dépit de son peu d'instruction et son humanité à fleur de peau. Cette place sera le "commencement" d'une nouvelle vie, à l'image du premier mot qu'elle apprendra à lire et écrire.
Il faudra aussi en payer le prix...
J'ai beaucoup aimé ce petit livre insolite. C'est une petite pépite d'humour et de fantaisie, saupoudré d'une pincée de Dickens. C'est aussi une peinture sociale intense et dérangeante, et un personnage féminin entre soumission et révolte.
En décrivant son quotidien, la petite paysanne a le langage rural de son époque, la maladresse des apprentissages et la répartie bien affûtée. L'auteur a très bien su rendre l'écriture de la jeune illettrée d'hier, besognant sur sa page blanche: une phrase par retour à la ligne, aucune majuscule, erreur de syntaxe, répétitions.
Un texte spontané, un thème touchant, une destinée glaçante.
"Dieu me pardonne, j'suis la bonn' du curé"
Commenter  J’apprécie         660
Voici un texte écrit sous forme de " confession" avec une " apparente" maladresse : en fait, une oeuvre " intense" qui contourne avec habileté la saga populaire et le mélodrame pour se situer d'une façon atypique du côté de la fiction sociale rigoureuse,brute et désarmante : le quotidien des paysans du Royaume Uni au 19°siécle.Mary, la narratrice âgée de quinze ans, n'espère rien de mieux qu'une vie de paysanne dure au mal. Nous sommes dans la campagne Anglaise en mille huit cent trente et un, l'héroïne, cette " fille de ferme",vit dans le comté pauvre du Dorset avec trois soeurs ainées,une mére apeurée et soumise, un pére fruste et brutal. Mais elle ignore tout du mensonge, elle a un sacré caractére ....ne mâche pas ses mots, ne s'en laisse pas conter , tient tête aux menteurs, affublée qu'elle est d'une jambe folle.Elle n'est pas présentée comme une victime à sauver de l'ignorance: elle est sincére, détachée et surtout , ne s'humilie jamais. La tendresse de son grand- pére devenu impotent à la suite d'une chute, l'odeur forte de la vache qu'il faut traire avant les premières lueurs de l'aube, la promiscuité familiale qui tient chaud.... La jeune fille y tient. Envoyée chez le pasteur Graham, elle va apprendre la tendresse et la bienveillance d'une patronne à la santé fragile, un peu de confort et de douceur de vivre en compagnie des livres......dans ce roman singulier, à l'écriture puissante, directe et maladroite , oú les phrases sont courtes, dépourvues de majuscules, on ressent pourtant charme et poésie, intensément! Nelly Leyshon nous enchaîne avec conviction à son personnage à la fois ordinaire et exceptionnel et nous glisse dans les mots fraîchement appris qui constituent son seul trésor : "ceci est mon livre et je l'écris de ma propre main", l'humble récit confession de Mary, cette jeune servante désarmante de franchise et d'obstination dont la pureté et la générosité n'ont d'égal que la souffrance et l'obéissance...En s'ouvrant à la lecture et à l'écriture Mary ne trouve pas le bonheur mais l'humiliation, l'avilissement et la perte.....
Sa parole est fière, brute, intarissable, franche : " ma langue va comme celle du chat qui lape le lait dans le seau".
Un ouvrage qui invente une voix qui ne s'est jamais fait entendre.... Un texte sombre, nu, spontané, rude ,sec, percutant, vibrant de poésie et d'émotion paradoxalement...Une parole poignante qui m'a profondément émue et bouleversée....dans sa nudité ....Mary, la soumise et fière....
À lire.....
Commenter  J’apprécie         582
Le fait qu'il n'y ait pas de majuscules ou encore que le style soit très maladroit ne facilite pas la lecture au départ mais lorsque l'on comprend pourquoi il en est ainsi, la lecture se fait plus aisément !
Je n'ai pas adhéré tout de suite à l'histoire de Mary mais au fur et à mesure des pages, je me suis rapprochée de cette jeune fille et ai été plus sensible à sa vie. Sa personnalité, son regard sur la vie et sa rhétorique font d'elle un personnage attachant.
La quatrième de couverture est une fois de plus trop bavarde car on sait que sa vie auprès du pasteur Graham ne sera pas faite que de moments instructifs. On redoute alors à chaque page ce qui finalement se passera assez tardivement dans le livre.
Je ne m'attendais pas toutefois à cette fin qui donne une toute autre ampleur à ce roman.
Commenter  J’apprécie         421
Étrange petit roman que celui-ci.
Cent-soixante-dix pages.
Une narratrice, Mary, à la plume frustre et poétique à la fois.
Un récit cru, cruel.
La vie à la campagne en l'an 1800 quand on est la dernière des quatre filles d'un couple de paysans, que la seule affection du foyer est celle prodiguée par le grand-père impotent, et que votre « patte folle » vous disqualifie au moins autant que votre sexe.
Quand on vous place en vous arrachant à la seule vie que vous connaissez, quand le pire fini par arriver.
Pas très joyeux tout ça.
Et pourtant, la lumière jaillit parfois. Des mots choisis, des rencontres avec le grand-père, de cet aplomb si déconcertant que Mary arbore comme seule armure.
Étrange petit roman, sombre et lumineux, tendre et cruel…
Commenter  J’apprécie         380