Zoune n’avait que les os et la peau. En guise de mouchoir de tête, elle portait un torchon qui probablement servait aussi de “troquette”. Son caraco ? Pouvait-on appeler ça un caraco ? Son caraco n’était qu’une lamentable guenille, maculée de fientes qui attiraient une légion de mouches bourdonnantes. Quant à ses cheveux, ils étaient si embroussaillés et empesés, et d’une teinte si spéciale, qu’ils présentaient exactement à l’esprit l’image d’une touffe de poux de bois au tronc d’un grêle papayer.
La plante de ses pieds était une curiosité ; plus solide, plus résistante que le meilleur cuir de bœuf, elle écrasait les piquants d’acacia et de bayahonde dont les pointes dangereuses n’osaient jamais le piquer jusqu’au vif. Aussi allait-il sans sapates dans les « crabinages » et les halliers.