Extrait de ma chronique :
"Dit autrement : chez Ligotti, dont le maître mot pourrait être "contamination" (ou vampirisme, voire "L'art perdu du crépuscule"), le langage, éventuellement réduit à sa plus simple expression, le son (voir les bruits de pas de "Mrs Plarr", lointaine cousine de la gouvernante du Tour d'écrou d'
Henry James) est un virus, comme chez Burroughs (Révolution électronique), voire une vibration, comme chez
Poe ("
Puissance de la parole") – un courant d'air, pour reprendre un phénomène présent dans 5 des 11 nouvelles du recueil (pages 31, 36, 112, 158, 166, 189) où il signale toujours un envahissement d'un espace (donc d'un esprit, voir plus bas) par un autre.
De fait, tous les protagonistes des s
ombres histoires de Ligotti se retrouveront, à un moment ou un autre, dans la même situation que ce "patient qui hésite à se faire retirer un organe malade afin que la maladie ne se propage pas" (page 172) – ou que Renfield, l'annonciateur de Dracula, une figure qui court en filigrane dans le recueil (le Marble de "L'
Ombre au fond du monde" ou l'épisode de la page 193, dans "Conversations dans une langue morte").
Cette équivalence, qui n'a rien de lovecraftien, entre les mots et les choses, aussi bien qu'entre les esprits et les espaces (voir "Dr Voke et Mr Veech", splendide relecture du
Dr Jekyll et Mr Hyde de
Stevenson, où les "basses pulsions" viendraient demander un oracle à la raison) ou entre le concret et l'abstrait ; ce continuum entre matière et pensée n'est rendu possible que parce que l'oeuvre de
Thomas Ligotti est, fondamentalement, moniste."
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