Où que tu en sois, quel que soit ton âge, tes meilleures années sont devant toi. Ne l’oublie jamais.
(Points, p. 116)
- Avec ou sans Bogart, je n'aime pas beaucoup le cinéma.
- Comment c'est possible, de pas aimer le cinoche?
- Les films nous distraient de la vraie vie, ils ne nous en consolent pas.
Qu’ils me fassent donc un procès, eux, pour avoir révélé un secret d’État. Cela me donnera l’occasion de raconter ce qui s’est passé dans l’Hindou Kouch... Vous vouliez savoir d’où vient ma colère. Elle vient des tripes.
La rumeur m'a dit qu'il vous arrivait d'accepter d'être payé au résultat...
- Et la rumeur vous a dit quoi d'autre ?
- Que vous aviez l'air jeune, mais parliez comme un vieux. Que vous aviez été un brillant enquêteur de la brigade criminelle du New Jersey, avant que la CIA ne vous persuade de devenir une sorte d'espion. Que vous ne vous répandez jamais là-dessus. Que vous avez été viré sans indemnité à la suite d'un incident en Afghanistan qui a été promptement étouffé. Que vous avez porté le chapeau pour avoir suivi des ordres sans pouvoir prouver qu'ils vous avaient été donnés. Que vous étiez un fouteur de merde dans une guerre déjà assez merdique sans vous. Que vous êtes venu dans l'Ouest pour travailler comme détective, afin de découvrir la manière de vivre à laquelle vous vouliez vous habituer. Que vous êtes un malin, un dur à cuire, que vous avez de la chance et ne vous découragez pas facilement. Que ce que vous faites, vous le faites bien, et que ce que vous faites mal, vous ne le faites pas. En d'autres termes, vous êtes contre l'idée que si une chose se doit d'être faite, elle se doit d'être mal faite. (...)
— Juste par curiosité, vous voulez bien identifier la rumeur ?
Elle m'adressa un autre de ces demi-sourires contrits. "Euh, il vaut mieux pas. Si je vous le disais, vous risqueriez de m'envoyer promener. C'est ce qu'a affirmé la rumeur. Elle a dit que vous lui en vouliez d'être trop disponible. Que, psychologiquement parlant, vous portiez des cols empesés et que vous aimiez les femmes qui aimaient les hommes qui leur tenaient la porte. Elle a dit que vous étiez né dans le mauvais siècle."
Ils avaient un écran de télé géant. Enfin moi, ce que j'en dis, on a tous un écran de télé géant quand on s'assied assez près, mais passons.
…déclara-t-il sur ce ton paresseux qui est propre aux habitants du Nouveau-Mexique et trahit une vision du monde particulière, à savoir que les gens pressés meurent plus tôt.
(Points, p. 42)
Cette nuit-là, je disposai quelques coussins sur le toit de la caravane et, allongé là-haut, tentai de percevoir ce que Kubra appelait la musique des sphères, issue de l'étendue infinie de l'univers au-dessus de nos têtes.
Tout ce que j'entendis, ce fut le silence assourdissant de ma vie.
- Tu sais faire ça ? demanda-t-elle dans un souffle. Tu sais te débrouiller face à quelqu’un comme… quelqu’un comme Gava ?
- Tu allais dire Emilio ?
- Tu ne réponds pas à ma question. Tu sais comment attaquer Emilio ?
- J’ai été formé pour.
- Qui t’a formé ?
- Des assassins très compétents, employés par le gouvernement des Etats-Unis.
Il est plus facile d’enchanter une femme que de la désenchanter. Quand on la désenchante, on finit par se voir à travers ses yeux. Pour familière qu’elle soit, l’image n’est guère plaisante.
Nous sommes tous dans le pétrin, tout le temps, on est juste trop idiots pour s'en rendre compte. On devrait prendre exemple sur les dealers d'Hoboken qui, à vingts ans, vont aux pompes funèbres du coin et paient d'avance leur enterrement parce qu'ils n'ont aucun espoir d'atteindre la trentaine.