Ce tome regroupe les épisodes 316 à 318 d'Uncanny X-Men (scénario de
Scott Lobdell, dessins de
Joe Madureira pour 316 & 317,
Roger Cruz pour 318, encrage de
Terry Austin,
Dan Green et Tim Townsend), les épisodes 36 et 37 de X-Men (scénario de
Fabian Nicieza, dessins d'
Andy Kubert, encrage de Matt Ryan) et les épisodes 1 à 4 de Generation X, ainsi que le numéro Ashcan (scénario de
Scott Lobdell, dessins de
Chris Bachalo, encrage de
Mark Buckingham), parus en 1994.
Uncanny X-Men 316 à 318 & X-Men 36 et 37 "Phalanx Covenant - Generation Next" - Sur une route menant à Monaco, la limousine transportant Monet saint Croix est attaquée par Harvest, un être humain ayant accepté d'être infecté par le virus transmodal de l'entité techno-organique appelée Phalanx (le résultat d'une infestation d'un organisme par le techno-virus de la Technarchy, la race dont est issu Warlock, l'un des membres des New Mutants, apparu pour la première fois dans The New Mutants Classic 3). Ce Phalanx a décidé d'enlever plusieurs mutants issus d'une nouvelle génération pour comprendre pourquoi il n'arrive pas à l'assimiler. À l'école pour surdoués, Sean Cassidy (Banshee) découvre qu'il ne reste que Jubilee (Jubilation Lee), Emma Frost (White Queen) et Sabretooth comme X-Men. C'est à eux qu'il revient de retrouver la piste de Harvest et de secourir les jeunes mutants capturés par ce Phalanx.
Avec les rééditions portant l'estampille "Classic", l'éditeur Marvel souhaite présenter des recueils les plus complets possibles quant aux personnages concernés. C'est la raison pour laquelle ces 5 épisodes sont inclus puisqu'ils comprennent la première apparition de plusieurs membres de la future équipe Generation X, ainsi que les circonstances de sa création, et sa prise en charge par Sean Cassidy et Emma Frost. La saga Phalanx comprenait 2 autres histoires ("Lifesigns" et "Final sanction") dans lesquelles X-Men classiques se battaient contre cette infestation.
Dans cette partie,
Lobdell et Nicieza profitent de la place qui leur est allouée pour familiariser le lecteur avec 3 membres de Generation X, ainsi qu'avec Blink (Clarice Ferguson) pour un rapide passage, et dont c'est également la première apparition. Les 2 autres tiers du récit sont consacrés aux actions de cette étrange équipe de X-Men : Cassidy, Frost, Lee et Sabretooth. D'un coté il vaut mieux que le lecteur soit familiarisé avec l'histoire personnelle de ces personnages pour comprendre les enjeux des uns et des autres, le comportement inhabituel de Sabretooth, et l'état émotionnel déstabilisé d'Emma Frost. de l'autre une connaissance superficielle du contexte permet d'apprécier cette aventure comme une étape très lisible des X-Men de cette époque. Dans la mesure où il ne s'agit pas de l'affrontement principal contre Phalanx, le lecteur peut rester un peu sur sa faim quant aux apparitions de Cameron Hodge et Steven Lang, ou avoir l'impression que le mode de fonctionnement d'un Phalanx est particulièrement flou (à dessein même, pour que les scénaristes disposent de plus de latitude pour l'utiliser comme bon leur semble).
Par contre,
Lobdell et Nicieza savent faire en sorte que les personnages provoquent une forme directe d'empathie et qu'ils fassent montre d'une personnalité suffisante. En fonction des goûts, il est possible de plus ou moins apprécier les illustrations.
Joe Madureira est dans une phase où le style comics américain prédomine encore sur les influences manga. L'encrage de
Dan Green met mieux en valeur son style particulier, que celui de
Terry Austin trop sec.
Andy Kubert encré par Matt Ryan aboutit à un style dérivatif de celui de Jim Lee à cette époque, avec des séquences pleines de mouvements et de détails qui masquent avec une dextérité impressionnante l'absence de décors. C'est très agréable à lire, plein de bruit et de fureur. L'épisode dessiné par
Roger Cruz présente des visuels plus quelconques, mais il s'agit également d'un numéro sans combat ni action, entièrement dédié aux interactions entre les personnages.
Lobdell se révèle beaucoup plus nuancé que dans mon souvenir, un excellent successeur à
Chris Claremont, avec un peu de fraîcheur, et moins de naïveté. 3 étoiles.
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Generation X 1 à 4 - Les jeunes mutants se sont installés dans une académie située dans le Massachussetts, sous la responsabilité de Sean Cassidy et Emma Frost. Dans un premier temps, ils doivent aller accueillir un nouveau venu à l'aéroport. Puis ils récupèrent une nouvelle recrue (Penance) téléportée sur leur pelouse par Gateway (un aborigène). Ils interviennent pour mettre fin à une prise d'otages dans une école.
Régulièrement, l'éditeur
Marvel Comics introduit une nouvelle génération de mutants parmi les X-Men afin de renouveler le cheptel et d'apporter un sang neuf. Ce fut le cas en 1982 avec les New Mutants, en 1994 avec ces représentants de la génération X, en 2004 avec les New X-Men, en 2011 avec les Lumières de Generation Hope (et j'en oublie sûrement). Ici il confie cette mission à
Scott Lobdell et
Chris Bachalo.
Autant les épisodes précédents constituent une aventure agréable des X-Men destinée à des lecteurs ayant une prise solide sur la continuité de cette époque (sinon cela constitue une lecture fastidieuse), autant ces 4 premiers épisodes de la série peuvent se lire pour eux-mêmes.
Lobdell complète l'équipe avec l'arrivée de nouveaux un par un. Il respecte le principe de base qui est d'avoir des individus d'origines sociales diverses, tout en limitant leur provenance géographique. À terme sous sa houlette, l'équipe sera composée de Jubilee (Jubilation Lee, en provenance de Beverly Hills en Californie), Husk (Paige Guthrie, campagnarde originaire du Kentucky), Chamber (Jonothon Starsmore, citoyen britannique), Skin (Angelo Espinosa, ex-loubard des quartiers chauds de Los Angeles), M (Monet Yvette Clarisse Maria Therese St. Croix, algérienne habitant à Monaco), Synch (Everett Thomas, né à Saint Louis dans le Missouri), Penance (yougoslave), et Mondo (des Îles Samoa). Aux élèves il faut encore ajouter l'irlandais qu'est Sean Cassidy et Emma Frost issue de la haute bourgeoisie de Boston.
Lobdell raconte une histoire comportant action, surprise, émotion, bonne humeur, et une touche d'humour légère très agréable. Tous les personnages ne sont pas développés au même niveau en 4 épisodes faute de place. Par contre
Lobdell arrive à insuffler un niveau de personnalité différente à chaque jeune avec une aisance impressionnante. En fonction des affinités du lecteur, il aura une préférence pour l'un ou l'autre, avec Monet saint Croix qui vole la vedette dans chaque scène où elle apparaît.
Les dessins de
Chris Bachalo encrés par Buckingham sont tout aussi séduisants et comportent la même touche d'humour discret. Il s'agit de la période de transition de Bachalo entre son style plutôt réaliste, et le recours à des aplats de noir conceptuels. Il représente avec la même facilité et la même conviction les scènes de la vie de tous les jours, et les monstruosités difformes de ces mutants pas comme les autres. Dès la première séquence, cette série dispose de son identité propre qui la démarque du reste de la production des séries estampillées X (pour mutant, pas pour autre chose). Bachalo arrive à faire croire aux pouvoirs les plus délirants oui, je pense à la peau surdéveloppée de Skin, ou à la mâchoire manquante de Chamber. Il a une manière bien à lui d'égayer ses planches grâce aux feuilles automnales, ou au fond de page de type papier cadeau de Noël pour le quatrième épisode. Et Steve Buccellato réalise une mise en couleurs qui sait fortifier chaque ambiance, soit en noirceur, soit en gaité en fonction des besoins.
Scott Lobdell et
Chris Bachalo présentent une nouvelle génération de mutants pleine de personnalité et fort différente de la précédente, dans un mélange harmonieux d'aventures, d'affrontements, de superpouvoirs bizarres et dérangeants, pour une belle interprétation de l'adolescence non dénuée d'humour. 5 étoiles. La suite de cette série se trouve dans Generation X Classic 2 (épisodes 5 à 11, épisode annuel de 1995, et "Generation X San Diego Preview").