Quelques années après la narration de son épopée initiatique avec sa compagne Ghyslaine, Bernard éprouve le besoin d'en compléter le récit en revenant sur les épisodes marquants, et surtout en élargissant le focus de son analyse à l'avant et à d'autres instants qu'il juge suffisamment importants pour tenter d'en faire partager l'essence au lecteur au prix de longues digressions auxquelles il est souvent difficile d'attribuer un sens.
Son goût affiché, pour la littérature, la musique et la peinture l'a sans doute conduit à vouloir ériger l'écriture en art au même titre que les deux autres et proposer au lecteur une avalanche désordonnée de mots se succédant dans des phrases interminables. le procédé, en soi serait admissible, si il permettait après une lecture en apnée de délivrer un message accessible au lecteur, pourtant apte et prêt à jouer le jeu avec le baptême qu'il a eu avec la lecture de
Proust ; cela fonctionne parfois, mais pas assez souvent pour en être satisfait !
Ce style est-il une tentative d'impressionnisme littéraire ?
Moréna et Anne, sans doute d'anciennes amies sont très souvent invitées à la table des considérations existentielles et constituent une énigme, qui sont-elles ?
L'insertion de quelques lettres de Ghyslaine à sa famille offrent des respirations salutaires, par leur normalité saine et franche dans un texte éprouvant pour le lecteur, mais une suspicion de condescendance vis à vis de sa compagne émerge, quant au contraste saisissant de la cohabitation des deux productions scripturales de niveau très différent.
De l'ensemble, on retiendra un fort sentiment de désillusion, de quête inachevée, de rêve évanoui, le pèlerinage à Bénarès leur a échappé, leur aspiration à un monde meilleur sur le modèle des communautés de l'arche de Lanza del Vasto ne s'est pas encore concrétisé.