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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dans les bayous du Texas de l'est, il y les blancs, les afro-américains, la musique, la haine et l'amour. Des petits villages frappés d'omerta parce que les convenances, l'histoire, les traditions, la peur dictent les façons de vivre, de survivre, d'aimer et d'haïr.
Dans un de ces petits villages, non disons plutôt un hameau, Lark, se rend un Ranger Texas -la force policière la plus respectée au pays- Darren Matthews, afin d'enquêter sur la mort d'un noir de Chicago retrouvé dans le bayou. Et dans la même semaine, on retrouve également le corps d'une fille blanche de Lark. Notre Ranger, Darren, spécialiste des crimes de haine et qui tente de pourchasser les Fraternités Aryennes, se fait presque imposer cette enquête par un de ses amis du FBI. Lui qui a déjà des soucis administratifs, lui qui a déjà des soucis matrimoniaux, lui qui a déjà des soucis d'alcool, devra tenter de résoudre ces meurtres . Une enquête qui ébranlera ses convictions. En se disant que la réalité n'est pas toujours celle que l'on croit , bien sûr. En faisant admettre que ces meurtres sont des crimes raciaux, ce que personne ne veut avouer mais qu'aussi , au Texas, le rôle déterminant de la race créait des liens familiaux imprévus. Que l'amour et la haine sont liés, toujours.
L'écriture d'Attica Locke nous fait sentir tout le long de cette lecture l'infinie violence de la question raciale. Bluebird, bluebird, c'est plusieurs histoires d'amour, certaines belles et lumineuses d'autres poisseuses, puantes vécues dans une ambiance lourde , étouffante, d'autant plus effroyable que contemporaine. Les Texans d'Attica Locke sont indéniablement, tristement empoisonnés par leur passé et cela nous donne un récit triste, mais brillant, élevé et prenant comme un air de blues...comme John Lee Hooker et son Bluebird.
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Dans l'échelle du respect voire de la vénération des Texans, le Ranger est au plus haut. Il s'impose aux équipes des shérifs locaux. Il est mieux accueilli que n'importe quel Fed exogène, dans un État où l'identité n'est pas un concept d'intello mais une mémoire transmise de génération en génération.

Mais au Texas, et encore plus à Lark, 178 habitants dans le comté de Shelby, cette identité texane s'arrête à la couleur de la peau, et les suprémacistes blancs qui composent les troupes de la Fraternité Aryenne du Texas n'ont pas l'intention de partager la leur avec leurs voisins noirs.

Alors dans ce bourg à deux vitesses, quand un noir et une blanche sont retrouvés morts dans le bayou et que Darren, Ranger noir débarque pour enquêter, la tension monte immédiatement d'un cran : les portes se ferment, les bouches se taisent, les couteaux et les battes sortent de leurs étuis… Et le passé refait peu à peu surface.

Bluebird, bluebird, de Attica Locke – traduit par Anne Rabinovitch – est un polar efficace et sans temps mort, construit sur une intrigue classique mais solide, qui prend toute sa force dans le travail des personnages, particulièrement réussis. de Darren le Ranger à Geneva la patronne de bar, de Wally le potentat blanc local à Randie la jolie veuve éplorée, sans oublier le shérif van Horn ou Faith la jeune serveuse, c'est toute la richesse et la complexité de la culture texane que Locke parvient à transmettre dans ces portraits creusés.

Et dans un ensemble dont j'ai parfois trouvé le style un peu lourd, ce fut bien vite oublié à chaque fois que la plume de Locke s'attardait à décrire l'atmosphère et les fabuleux paysages de cet état décidément à part. On ferme les yeux, et on y est : un bar en bord de route, un bourbon devant soi, et une Gibson Les Paul qui accompagne le blues de John Lee Hooker. Bluebird, bluebird, please, do this for me…
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Bluebird est un roman poisseux, de ceux qui collent aux doigts. Pas poisseux de sucre, mais poisseux de sang, de haine, de racisme.

Au Texas, dans la petite ville de Lark, il y a une frontière entre les Blancs et les Noirs, une ligne de démarcation qu'il vaut mieux éviter de franchir, surtout si vous êtes Noir et que vous décidez d'aller dans le bar des Blancs à tendances nazies.

Y'en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes…

Dans le bayou, on vient de retrouver successivement deux cadavres : celui d'un homme Noir en premier et ensuite celui d'une femme Blanche. le Ranger Darren Mathews trouve cela bizarre aussi, d'habitude, c'est le contraire.

Voilà un roman fort sombre qu'il vaut mieux commencer en ayant du temps devant soi, car il ne se lit pas d'une seule traite. L'ambiance est pesante, lourde, sombre et donne l'impression que l'on suffoque.

Nageant en eaux plus que troubles, Darren Mathews va avoir bien du mal à rassembler les indices (déjà qu'il ne sait pas vraiment s'il est viré dans Rangers ou pas) car les habitants ne se bousculeront pas au portillon pour l'aider dans son enquête et que personne ne semble sympathique, tout le monde dissimulant quelque chose.

Darren Mathews est un Ranger tenace, sorte de pitt-bull qui ne lâche pas sa piste, même s'il a trouvé un os qui semble prometteur. Englués dans les ennuis administratifs avec son boulot, pataugeant dans les soucis matrimoniaux, tenté de téter à la bouteille afin d'oublier ses emmerdes, il devra faire face avec de l'animosité des deux côtés et le fait que personne ne veuille entendre prononcer le fait que ce sont des crimes raciaux.

Il devra aussi se débrouiller pour ne pas se faire péter la gueule (ou pire) par les nazis nostalgiques de la Fraternité Aryenne du Texas, faire face à un shérif qui semble vouloir ménager plus la chèvre nazie plus que les choux afro-américains et faire péter les secrets que tout le monde tait.

Roman noir poisseux, il se lit lentement afin de bien s'imprégner des lieux, des histoires de chacun, de la peur qui règne à Lark, des secrets enfouis, de la ségrégation qui a toujours cours et des non-dits qui va falloir déterrer.

Une intrigue qui semble classique, mais qui ne l'est pas, un scénario qui semble banal au départ qui va se révéler bien plus riche qu'on ne le pense, des personnages bien campés, réalistes, profonds, qui se dévoileront au fur et à mesure de la lecture.

Des atmosphères pesantes, qui ne donnent pas envie de s'arrêter boire un verre de bourbon dans la ville de Lark, 178 habitants (comté de Shelby) tant la tension est à couper au couteau.

Le final est d'une grande subtilité, même s'il est vache, il est à applaudir tant il est retors et machiavélique.

Il ne m'aura manqué que l'attachement aux personnages et les émotions fortes que j'aurais aimé ressentir. Ce sera mon seul bémol.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Bayou Attoyac, comté de Shelby, racisme ordinaire et quotidien le long de la rivière. le ranger noir Darren Mathews, qui à enlevé son insigne pour enquêter discrètement sur un double meurtre, se rend très bien compte qu' il n' est pas le bienvenu dans ce coin du Texas.
Dans ce repère de suprémacistes, une enquête pour crime de haine est très mal vue.
Michael Wright, un avocat noir de Chicago et une serveuse blanche d'un bar très très blanc ont été retrouvés noyés dans le bayou.
L'accident est peu probable car la FAT, la Fraternité Aryenne du Texas, est très active dans ce village reculé.
Non , Michael Wright, il ne fallait pas rentrer dans le Jeff's Juice House au bord de la route 59 et Missy Dale la serveuse n' aurait jamais dû t' adresser la parole.
Les meilleurs bayous de la Louisiane | Vacances Fabuleuses
Il y a des choses à ne pas oublier lorsque l' on franchit la ligne Mason-Dixon cette démarcation formelle entre le Nord et le Sud du pays.
Oui, Michael Wright, en rapportant la guitare mythique "Gibson Les Paul" 1955 dans le petit village de Lark, tu as réveillé bien des souvenirs.
"Bluebird, " la complainte triste de John Lee Hooker sera ton requiem.Pour ce tout premier polar sorti en 2021, on a affaire à un vrai polar d' atmosphère qui nous plonge dans l'Amérique d' aujourd'hui.

Attica Locke écrit moite et passionné. La romancière décrit très précisemment un pays partagé en deux, une Amérique d' un apartheid qui ne dit pas son nom dans des États difficiles à gérer.
Son roman est un brûlot coup de poing qui parle d' amour et de haine dans l' Amérique qui a élu Donald Trump il y a quatre ans.
Une Amérique dangereuse si l' on ne s' en occupe pas.
Un constat implacable, assurément un grand polar !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le titre "Bluebird, Bluebird" donne sa tonalité musicale à ce polar de Attica Locke : il se réfère au morceau "Bluebird" de John Lee Hooker, guitariste et chanteur de blues américain, dans son album de 1952.

C'est tout le talent d'Attica Locke (accessoirement scénariste, notamment sur un projet de la chaîne HBO, sur le mouvement des droits civiques) de nous entraîner dans un Texas que l'on croirait encore engoncé dans les années 1950-60. Et pourtant, l'action se joue bien de nos jours, à l'est du Texas, dans le comté de Shelby.
Darren Mathews, Texas Ranger autant dans l'uniforme que dans l'âme, traverse une période difficile, professionnellement mais aussi dans sa vie privée. Car Darren est un homme de couleur. Et au Texas, malgré la très respectée étoile de sheriff épinglée à son uniforme, la couleur peut très vite s'avérer être un problème.
Par loyauté, Darren est intervenu, en dehors de son cadre professionnel, dans un conflit opposant un vieil ami, lui aussi de couleur, et un homme blanc ne faisant pas mystère de sa haine des Noirs. Ce dernier étant ultérieurement retrouvé mort, le doute plane sur le témoignage de Darren, dont la probité sera examinée par ses supérieurs et qui joue donc son avenir au sein des Texas Ranger. Son épouse, qui réprouve le choix de cette profession bien trop dangereuse, voit là l'occasion de ramener Darren à une vie de famille plus sereine.
C'est sans compter sur sa fibre de justicier texan quand se présente l'occasion d'élucider officieusement un double meurtre dans la petite ville de Lark. À quelques jours d'intervalle seront découverts les corps d'une femme blanche et d'un homme noir. Si les autorités locales sont pressées d'enterrer autant les corps que l'affaire, quitte à évoquer un motif fallacieux, Darren voit immédiatement un lien entre ces deux homicides.
Ce faisant, il va "souffler le feu" sur des braises qui couvent toujours dans le Texas profond. Personne ne veut entendre parler de crime de race, au risque d'exciter une haine ancestrale, dans une région où le Klux Klux Klan a cédé sa place à la non moins raciste FAT: Fraternité Aryenne du Texas. D'autant plus par un homme détenteur de l'autorité qui n'est pas un local, et de surcroît noir !
Attica Locke nous fait plonger en apnée dans le bayou Attoyac, dans ses eaux putrides, qui rendront le corps d'une des victimes, Mickaël. Elle pousse pour nous la porte du café "Geneva Sweet", où la patronne noire, femme courage et taiseuse, fait office de pilier pour sa communauté en offrant un lieu où se restaurer dans une société où il ne fait pas bon se mélanger.
Tout y est, la canette de Dr Pepper, le poisson chat frit, les tubes de blues. On se croirait dans Twin Peaks, version Etats du Sud.
L'auteur nous pousse aussi à l'arrière des cafés prisés des suprématistes, leurs tatouages, l'arme à la ceinture et le trafic de Cristal méth...
A travers ces deux établissements, elle souligne d'autant plus deux mondes qui semblent n'avoir plus rien en commun, tellement irréconciliables que même la loi est impuissante. Attica Locke pointe la haine aveuglée, l'endoctrinement, la violence, un environnement où vous n'êtes jamais en sécurité, où la couleur de votre peau peut vous coûter la vie.
Si Bluebird Bluebird est un polar poisseux, à mon sens très réussi, par l'atmosphère qu'il instille, j'ai tout de même eu quelques difficultés à rentrer dans l'histoire, à m'approprier les personnages, trop seulement ébauchés pour certains. Quand il y a trop de monde sur scène, on ne sait plus où porter le regard. Et si la description de ce Texas moite, étouffant, avec ses nuits d'encre et ses titres de blues m'ont séduite, j'ai buté sur un style parfois lourd, manquant de fluidité (la traduction peut-être ?) qui ont rendu ma lecture pénible. le rythme se "décoince" un peu et s'accélère dans le dernier tiers du récit, compensant ce commencement difficile. J'aurai aimé m'attacher plus au Ranger Mathews, mais il manque à tous les personnages ce "petit supplément d'âme" qui, lorsque vous fermez votre roman, vous donne l'impression de quitter un ami. C'est donc pour moi un roman noir à l'atmosphère moite et sombre mais pas assez abouti. Il a tout de même le mérite d'exhumer cette ligne Mason- Dixon, ligne historique de démarcation entre les États abolitionnistes du Nord et les États esclavagistes du Sud, que l'on aurait pu croire passée d'actualité...
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Le Sud et son racisme systémique ou le meurtre de plusieurs noirs peut rester un léger souci tandis qu'une seule blanche déclenche une enquête.
Loin d'une histoire extraordinaire, c'est bien le quotidien d'une petite ville Texane qui est au coeur de cette affaire.
Un assassinat en entraînant un autre dans un silence opaque du côté de la famille de la victime et de l'intimidation du côté des blancs.
Mais, c'est plus que ça qui se joue, entre ces familles mêlées depuis la fin de l'esclavage, il y a des enfants illégitimes, des métis dont on tait l'origine et des ressentiments qui sont des histoires d'amour qui se nourrissent de la haine ancestrale.
C'est dans ces zones grises que l'autrice puise sa substance narrative.
Ce Sud qu'il ou il faut avoir poussé ses premiers cris pour le comprendre et vouloir y retourner ... pour parfois y mourir.
Une autrice que je vais suivre de très près.
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16.07.2022 #66ème

Dans le cadre du Bureau des Lecteurs Folio Policier RTL 2022, deuxième lecture avec Attica LOCKE qui nous emmène au Texas début du XXIeme, c'est hier, où les clivages raciaux, le passé des plantations, les difficultés quotidiennes pour une personne de couleur sont encore bien ancrés….

Au décès de son très jeune père, Darren Mathews, a été recueilli par ses oncles jumeaux Clayton, professeur de Droit, et William, un des premiers Rangers noirs. Il a suivi quelques temps des études de droit, y a rencontré celle qui allait devenir son épouse Lisa, même si aujourd'hui leur couple bat de l'aile, mais suite à l'affaire « Jasper »s'est finalement orienté vers le métier de Ranger.

Momentanément «mis de côté » étant lié à une affaire criminelle où il avait apporté son aide à l'accusé quelques jours plus tôt, Darren est envoyé, non officiellement, à Lark petit hameau perdu dans le bayou. On vient d'y trouver successivement le corps apparement noyé d'un homme noir venant de Chicago puis le corps d'une jeune habitante du coin, blanche.

Que venait faire Michael Wright dans ce minuscule bar au bord de cette nationale, tenu depuis des décennies par Geneva ? Quel mystère entoure la mort de Missy, cette jeune maman serveuse d'un bar situé à 10km, où les fantômes du KKK règnent encore ?

« Bluebird bluebird » c'est aussi une histoire de musique, de groupes de musiciens et d'amour.

La tension est présente de bout en bout, entre ce que la loi autorise aujourd'hui et les us et coutumes, les amours, les jalousies et les mensonges, les non dits… Pas facile d'enquêter quand plusieurs histoires se mêlent, que les locaux n'ont pas confiance envers un Ranger étranger mais qui oeuvre pour trouver la(les) vérité(s), et, pour notre satisfaction, ira jusqu'aux dénouements….
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Je réagis facilement aux atmosphères. Attica Locke nous séduit avec rigueur et précision dans ce roman aux accents bluesy. Elle nous donne rendez-vous avec Darren Mathews, Rangers du Texas à la peau noire. Il s'agit du premier opus de cette série policière qui donne la parole à une frange de la population marginalisée. L'auteure ouvre le roman dans un décor de cimetière. Une vieille femme noire de soixante-neuf ans qui répond au prénom de Geneva se tient devant les tombes de son mari et son fils morts assassinés. Geneva est méfiante mais généreuse. Elle est fière, solide, rustique. Elle tient le Geneva Sweet's Sweets, un café-restaurant à l'entrée de Lark, bourgade de 178 habitants dans le comté de Shelby, où un jukebox diffuse du blues. Derrière, longe la forêt et le bayou Attoyac où sont découverts à quelques jours d'intervalles les corps sans vie de Michael Wright homme noir et de Missy Dale femme blanche. Darren Mathews est suspendu de l'unité des Rangers pour avoir fauté. Il est contacté par un ami du FBI suite à la découverte de deux cadavres retrouvés dans le bayou. C'est suspect.
Darren a été élevé par ses oncles paternels. Ses relations avec sa mère sont essentiellement d'ordre pécuniaire. Elle appelle lorsqu'elle est à sec. Son mariage est à l'agonie. Il saute donc sur l'occasion pour s'échapper de la tourmente et file sur la route 59 qui traverse le Texas. Son attirance pour les affaires d'homicides à caractère raciste le motive plus profondément depuis le meurtre de son oncle William en service. A Lark, il rencontre la faune locale, un enchevêtrement de liens familiaux entre noir et blanc. Il y a de la rancoeur entre les deux clans, des secrets et des squelettes dans le placard. Ses investigations le mènent jusqu'au café blanc à l'autre bout du village où il décampe à coups de fusil.
Il y a aussi Randie, la femme de Michaël Wright et qui ne laisse pas indifférent notre limier ; Keith Dale, le mari violent de Missy la seconde victime ; le shérif dont le comportement est pour le moins ambigu ; et en toile de fond la Fraternité Aryenne du Texas, un groupuscule raciste genre Ku Klux Klan.
C'est un polar bien ficelé où la psychologie des protagonistes est approfondie. le macrocosme et le microcosme sont intimement liés en un savant dosage. On éprouve de la sympathie. On sent la sueur et le graillon au rythme de la guitare bluesy.
J'ai a-do-ré.
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A l'occasion d'une flânerie à la recherche des prochains titres à découvrir je suis tombé sur ce roman d'Attica Locke.
J'avais envie de changer d'atmosphère et pour le coup je n'ai pas été déçu pour ça. Texas de l'est, la Louisiane est à quelques encablures, les bayous, les chemins de terre, les pick up et l'ambiance des états confédérés du sud.
L'air est poisseux, humide et oppressant à souhait, on sentirait presque les moustiques vous bourdonner près des oreilles.
Entre passés, histoires de familles et du terroir complexes. Conventions d'acceptation de non cohabitation entre noirs et blancs.. Des suprémacistes blancs en toile de fond.
Notre héro, un ranger du Texas aura bien du mal à mener à son terme son enquête ou comment assoir son autorité quand on est noir dans cette partie des Etats-Unis. Un récit qui tristement met en lumière des situations figées dans le temps et la complexe cohabitation encore de nos jours entre blancs et noirs. Ce roman bien que présentant quelques petites longueurs au milieu de l'histoire n'en est pas moins intéressant à lire et ne tombe pas dans les stéréotypes auxquels on pourrait s'attendre.
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Darren Mathews, la petite quarantaine, est en bien mauvaise posture. Il est sur le point d'être destitué pour faute grave de son poste au sein de le prestigieuse « Texas Ranger Division ». Lorsqu'un ami du FBI le contacte pour enquêter sur un double meurtre commis à Lark dans le Texas du Sud, il fait fi de la sanction attendue et se rend sur place où deux cadavres l'attendent : Michael Wright de passage dans la région et Missy Dale, une fille du coin. Ils ont été assassinés. Dans ce bled paumé, deux bars, allégorie du séparatisme entre Noirs et Blancs, se mesurent : le Geneva's tenu une sexagénaire taiseuse et détentrice de secrets et le Jeff's Juice House, repaire de membres de la Fraternité Aryenne du Texas qui propose à ses futures recrues une réjouissante initiation consistant à « écorcher » un Noir....
Au-delà de l'intrigue policière, « Bluebird, bluebird » vaut surtout pour l'art de l'auteur de nous faire vivre l'ambiance des bars poisseux, des villes au milieu de nulle part, des paysages poussiéreux et de nous faire saisir les rancoeurs entre blancs et noirs, entre riches et pauvres. Avec, en écho, une bande-son où se mélangent la country des rednecks et le blues des anciens esclaves. le titre du roman fait par ailleurs référence à une chanson de John Lee Hooker.
Au milieu du chaos, le Ranger Darren Mathews symbolise toutes les contradictions qui agitent les Etats-Unis, particulièrement dans sa partie sud. Noir, il a été élevé par la famille de son père enrichie par l'exploitation de terres léguées par un ancien propriétaire d'esclaves. Il a fréquenté l'université mais a voulu s'engager chez les patrouilleurs comme William, son oncle préféré abattu lors d'une intervention. Parce qu'il pense qu'il est investi d'une mission et qu'il est obsédé par les crimes de haine racistes, qu'il ne faut jamais évoquer pour ne pas mettre le feu aux poudres, et par la quête de la vérité quelle qu'elle soit. Quitte à négliger le couple qu'il forme avec son épouse et à recourir à l'alcool pour surmonter les épreuves.
Tout en nuances, « Bluebird, bluebird » est le portrait réussi d'une Amérique toujours hantée par son histoire violente.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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