Mr
Doppler est un garçon - un homme - appliqué, norvégien, bosseur, père de famille, époux, qui vit à Oslo et fait du vélo.
Voilà pas qu'il tombe, de vélo, et se cogne la tête. Après quelques soins, c'est un homme nouveau qui apparait. Un homme qui ne voit plus trop l'utilité d'être appliqué, norvégien, bosseur, père de famille et époux. Ni un homme des villes. La forêt l'appelle. Il y plante sa tente, l'hiver approche, et alors, il y vivra avec sa bitésoncoutô.
En se faisant au passage un ami : un petit élan dont il a à regret tué la géante moman, parce qu'il fallait qu'il mange de la viande, affamé qu'il était.
Voilà notre
Doppler narrant ses aventures dans la forêt avec son petit élan. Non, ce n'est pas le même auteur que le Lièvre de Vatannen, un petit élan n'est pas un lapinou et l'auteur du lièvre est finlandais. Mais il y a comme une connivence, chez ces auteurs des pays du froid. Outre cet attachement à un animal, il y a cet humour nonchalant, cette pensée en délire qui pourtant file droit, des raisonnements qui finissent par se tenir, à croire que c'est le monde qui déconne et eux qui ont raison. Ce même abandon, aussi, à la nature autour d'eux, qui donne ce qu'elle a à donner sans faire de chichi - ni de cadeau.
On navigue dans cette fluctuation de pensée avec un plaisir tout aussi nonchalant. C'est assez enivrant, plutôt paisible, un rien agaçant mais pour rire. le petit élan est craquant, et puis les gens autour, leurs histoires, de loin, de près. C'est chouette les gens, finalement. Après, on en fait ce qu'on veut, on les côtoie ou pas, ou un peu, avant de se lasser, jusqu'à la prochaine fois. Idem pour la forêt, on la côtoie en appréciant ses charmes, en se foutant de ses pièges, elle est cash la forêt.
Il m'a bien plu, l'homme des bois et son monologue saoulant mais richement achalandé. Moi qui adore les constructions de cabanes en forêt, ces videos que je pourrais regarder à l'infini, j'étais un peu déçue qu'il se cantonne à sa pauvre tente, sans chercher à agrémenter son quotidien, ah la la, si l'auteur m'avait passé un coup de fil avant… Mais à part ce détail, je l'aime bien, la petite vie que Monsieur
Doppler se bâtit au fil des jours, et ses rencontres à la con. Un peu court, j'en prendrais bien une saison II, qu'il devienne le Don Quichotte de la Scandinavie ou le Marco Polo du Septentrion. Avec son petit élan.
Bonne route les garçons.